Tortuga's bank

Blanc, André

ISBN 10 : 2914704992 ISBN 13 : 9782914704991

Editeur : Jigal, 2013

Synopsis

On est en juillet, c'est la canicule et dans le salon d'un appartement bourgeois du centre-ville de Lyon, les mouches s'en donnent à cœur joie... Le commandant Farel, chef de groupe de la BRB, ruisselant de sueur, se penche sur le cadavre de l'ancien préfet, assassiné quelques jours plus tôt. Des bibles rares et hors de prix ont été dérobées tandis que les bras en croix, le corps semble disposé pour un rituel religieux... Au fil de l'enquête, un monde souterrain sort de l'ombre : magouilles politiques, détournement de fonds, mafia, blanchiment et banques exotiques... La ville semble être tenue par un certain Vauclin, un curieux personnage, proche du pouvoir, ancien communiste devenu affairiste sans scrupule. Matignon s'inquiète, des réseaux parallèles entrent en action... Un contrat est lancé, un flic est abattu, un autre dans le coma... Touché au coeur, Farel, ex-commando indestructible, va alors s'affranchir de la loi et réactiver son propre réseau pour se jeter dans la bataille...

A propos du livre

Extrait :

Je suis arrivé à Mayence l'année du premier homme dans l'espace et du mur de Berlin. Il pleuvait ce jour-là, l'air sentait la terre mouillée et un vent glacial soufflait sur la ville.
Certains de mes amis, plus cyniques que jamais, y avaient vu un signe du ciel. Le destin de Stéphane Vauclin, mon destin, disaient-ils, se lisait dans les étoiles d'une année qui resterait à jamais dans la mémoire des hommes. Bien des années plus tard, en y repensant, il s'avéra que le signe céleste était évident pour Gagarine mais néfaste pour moi si je me référais au Mur...

J'avais appris la mort de mon père quelques mois auparavant. Je venais d'avoir vingt ans, je buvais un café, attablé dans la cuisine, obnubilé par les événements de la veille : Elisabeth m'avait quitté, lassée de ma dialectique politique et, surtout, de mon cynisme.
Le téléphone avait sonné longtemps. Je ne voulais pas répondre, j'avais un pressentiment. On n'appelle pas un dimanche à sept heures du matin pour annoncer une bonne nouvelle.

La vie de mon père s'était arrêtée, sans préavis, dans le silence et la solitude de sa cellule, sa vieille bible posée sur son coeur. Le directeur de la prison m'avait assuré qu'il serait là en personne en début d'après-midi pour m'accompagner. Il se chargerait lui-même des démarches, de faire prévenir ma mère, d'obtenir son bon de sortie pour les obsèques, à moi d'informer son avocat.
Quand j'y repense aujourd'hui, je ne m'explique pas ma réaction de l'époque. Je m'étais toujours imaginé devoir être foudroyé par le chagrin, incapable de réagir. En fait j'étais resté calme, déterminé, persuadé qu'il m'appartenait désormais de reprendre le combat, un temps abandonné.

Le train s'est enfin arrêté, je suis descendu sur le quai, traînant péniblement ma valise, et j'ai emprunté le souterrain pour rejoindre le hall central. Karl Ostermeier devait m'attendre devant le kiosque à journaux. Je l'ai cherché mais il n'y avait personne. M'avait-il oublié ? Sans doute. Le haut-parleur déversait ses informations dans une langue qui m'était étrangère, les voyageurs me frôlaient, indifférents à ma solitude, et le temps a passé. J'ai attendu longtemps.
Un gendarme, bottes de cheval, grand manteau de cuir noir ouvert sur un uniforme gris, a traversé l'espace du hall, s'est avancé vers moi sans dévier d'un pouce malgré la cohue, a claqué des talons, m'a salué les doigts sur la visière de son casque.
- Oberwachtmeister Ostermeier. Es-tu Stéphane Vauclin ?

À propos de cette édition

• Éditeur: Jigal
• Date d'édition: 2013
• ISBN 10: 2914704992
• ISBN 13: 9782914704991
• Reliure: Livre broché
• Nombre de pages: 248