Extrait :
Notre petite expérience personnelle
Naturellement et sans parler d'«habitat groupé», déjà en 1974, ma femme et moi partagions une maison avec des amis. Nous habitions en ville, un petit grenier agréablement aménagé, un petit nid d'amour à ce point réduit qu'il n'y avait pas une place suffisante pour notre enfant. Tout devenait trop exigu. Nous avons donc acheté une maison, qui, bien qu'individuelle, se faisait régulièrement hébergement de longue durée pour des amis de passage. Mais cela n'a pas duré bien longtemps ! Parcourant un hebdomadaire, nous sommes tombés par hasard sur un petit article rédigé sous forme d'annonce qui invitait tous les candidats bâtisseurs à une réunion d'information à propos d'un habitat groupé. Nous avons assisté à cette réunion et adhéré le soir même, un peu naïvement peut-être, mais sans autre hésitation. Se sont rapidement ensuivies de nombreuses rencontres et d'interminables réunions qui se sont succédé pendant plus d'une année avant le début de la construction. Je n'ai en ce qui me concerne que de bons souvenirs de ces réunions, chacune étant la marche menant à la suivante avec au bout la promesse d'un «vivre autrement». Une année de rêve du «tout possible», où nous nous sommes rencontrés, où les personnalités et caractères se sont dévoilés.
Quand nous avons adhéré au groupe, le terrain avait déjà été acheté. Il nous a seulement fallu choisir parmi les emplacements restants celui qui nous convenait le mieux. Comme nous n'avions pas trop de moyens, nous avions peu de choix et nous nous sommes décidés pour le plus petit, entouré de voisins avec qui nous sympathisions particulièrement. L'idée était de tout réduire et d'imaginer toutes sortes d'astuces possibles, afin de déployer un maximum d'espace dans un petit volume. Il y avait nos idées, mais il fallait les concrétiser, les intégrer ou les combiner avec les maisons voisines.
En réalité, on peut dire que nous nous sommes lancés dans ce projet sans trop savoir à quoi nous nous engagions. La seule vision partagée était celle d'une certaine forme de convivialité, sans autres détails. On allait vivre ensemble et partager un style de vie reflétant certaines valeurs fondamentales. Mais ces valeurs n'ont jamais été bien définies. Le fonctionnement de notre habitat groupé était guidé par beaucoup de souplesse ; la volonté générale était de satisfaire au mieux l'ensemble des souhaits émis par les résidents. C'est une tendance que je ne serais plus trop en mesure d'accepter aujourd'hui. Le «vouloir toujours faire plaisir envers et contre tout» n'est pas une bonne solution, elle charrie souvent des rancoeurs ou un arrière-goût témoignant d'une certaine faiblesse. Cela empêche la personne de s'assumer en adulte responsable. En étant trop dorlotée, elle finit par croire que tout lui est dû.
Les principaux conflits apparus ont pour la plupart été d'ordre financier. L'acte de base stipulait que les frais étaient partagés au prorata de parts réparties en dix millièmes établis à partir des montants du devis initial de l'entrepreneur. C'était un calcul caduc et quelque peu faussé, parce que les travaux prévus dans le devis ne correspondaient bien souvent pas à ceux qui avaient été exécutés. Un certain nombre de résistances ont empêché que l'on ajuste les devis en fonction des modifications dans les travaux prévus et en ont bien évidemment découlé de nombreux conflits. Nous étions treize unités de tailles très variables et de budgets très différents ; cela demandait donc de trouver une clef de répartition beaucoup plus équitable. Les grosses unités se sentaient exploitées et défavorisées par rapport aux petites qui payaient nettement moins étant donné la répartition en dix millièmes.
Présentation de l'éditeur :
Si la crise du logement vous concerne, si vous désirez retrouver de la convivialité et réduire votre impact sur la planète, alors il est temps d'envisager l'habitat groupé. Ce mode de vie permet de respecter chaque espace privé tout en restaurant l'esprit de coopération qui existait dans les villages autrefois. Le principe est simple : il s'agit de mettre en commun des biens, des équipements ou des compétences... afin de créer un habitat écologique et chaleureux.
Cette forme d'habitat, très répandue dans les pays du Nord, commence à apparaître sous nos latitudes et s'adapte à la ville comme à la campagne. Alors, avant de vous lancer dans l'aventure, profitez de l'expérience de Christian La Grange. Afin de vous aider dans vos démarches, il présente son parcours, émaillé de multiples témoignages. De façon très réaliste, il insiste sur les conditions du succès sans omettre les informations pratiques, juridiques ou financières.
Christian La Grange est architecte d'intérieur. Apôtre de la simplicité volontaire, il s'est spécialisé dans un habitat dépouillé et économe.
Depuis vingt-cinq ans, il vit en habitat groupé. C'est un mode de vie qu'il connaît, qu'il apprécie et qu'il souhaite faire partager.
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