Extrait :
Extrait de l'introduction
PETITE HISTOIRE DE L'ISOLATION
Le mot «isolation» vient du latin insula, «île», avec le sens de «séparé». Dans le sens technique concernant les parois de nos habitats qui nous intéresse ici, il n'apparaît qu'au milieu du XXe siècle. Car pendant des millénaires on n'a pas distingué les différentes fonctions de ces parois, conçues pour apporter une réponse intégrée et plurifonctionnelle à tous les besoins des habitants.
La stratégie traditionnelle (préindustrielle)
Bien après être devenus pour la plupart sédentaires, les hommes ont conservé pendant des milliers d'années des réflexes de nomades dans la gestion de leur équilibre thermique.
Dans les climats froids et tempérés, on se contentait jusqu'au début du siècle dernier d'une seule zone chaude dans la maison, constituée par la pièce à vivre autour du feu. On séjournait peu dans les autres pièces qui étaient seulement tempérées, et on dormait sous d'épaisses couches de couvertures ou d'édredons. Dans ces sociétés encore régies par des valeurs rurales, la fonction climatique de l'habitat était intégrée à sa fonction économique. Dans les fermes par exemple, les animaux vivaient à côté des humains et le stockage des réserves comme le foin dans les greniers était la meilleure isolation pour la saison froide. La structure familiale intégrait les grands-parents, qui se chargeaient de l'entretien permanent du feu et de la cuisine. Ce mode de chauffage rustique était adapté aux lourds murs massifs non isolés, mais qui emmagasinaient la chaleur et la restituaient progressivement. L'intelligence pragmatique de ces murs anciens, qui intégrait la présence d'espaces tampons ou encore les rythmes saisonniers, savait jouer aussi avec l'humidité, que l'on gérait en en favorisant la sortie, mais contre laquelle on ne tentait pas d'imposer un barrage : un barrage qui craque fait beaucoup plus de mal qu'une rivière qui coule. En pratique, on appliquait partout «la norme du suffisant : selon laquelle on règle le niveau de l'effort en fonction du niveau de satisfaction recherchée et vice versa le niveau de satisfaction, de l'effort auquel on consent».
Biographie de l'auteur :
Jean-Pierre Oliva, maître d'oeuvre pionnier dans le domaine de l'architecture écologique depuis les années 1980, est également auteur de plusieurs ouvrages sur ce thème. Samuel Courgey, technicien référent sur la performance énergétique et l'éco-construction, travaille pour le compte de collectivités, organismes professionnels ou associations.
Les informations fournies dans la section « A propos du livre » peuvent faire référence à une autre édition de ce titre.