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Extrait :
Les fantômes de la Liberté
On raconte que la statue de la Liberté serait hantée. Selon le témoignage de marins recueilli au début du siècle dernier, les revenants étaient si nombreux et faisaient un tel tapage dans le glorieux édifice, que les matelots restés à bord des rafiots amarrés dans le port de New York ne parvenaient pas à fermer l'oeil de la nuit. Ce tapage ne cessait qu'au petit matin, lorsque les gorges décrépites de tous ces libres défunts étaient lassées d'avoir tant gueulé. On entendait alors les derniers cliquetis de chaîne, les dernières rotules cogner contre les murs et, au terme d'une sarabande désordonnée, dans la pâleur du jour naissant, on pouvait apercevoir les silhouettes squelettiques de ces joyeux drilles passer d'étage en étage, dévaler les escaliers comme une bande de gosses pris en flagrant délit. Un ultime soubresaut, un dernier hoquet et tous s'enfonçaient dans les profondeurs de l'insondable Liberté.
Les biographes d'Abraham Lincoln nous ont rapporté que quelques jours avant son assassinat par l'esclavagiste J. W Booth, le seizième président des Etats-Unis avait fait un rêve dans lequel il avait «vu» sa propre fin. Il est vrai que le président faisait souvent des rêves prémonitoires, notamment avant chaque victoire de l'Union. Au cours des dernières années de sa vie, il était devenu un homme assez taciturne, parfois renfermé sur lui-même avec un goût très prononcé pour la méditation. Mais cette fois le rêve qu'il raconta à sa femme et aux proches qu'il avait invités au soir du 23 mars 1865 pour fêter l'abolition de l'esclavage, était différent. Comme il pénétrait dans une des pièces de la Maison Blanche, il vit un groupe de personnes qui entouraient la dépouille d'un cadavre. Il s'approcha pour demander le nom du défunt devant lequel on se recueillait et apprit qu'il s'agissait du président que l'on venait d'assassiner. Chacun essaya de le rassurer, lui rappelant que «Tout songe n'est que mensonge», mais rien n'y fit et le président resta taciturne jusqu'au drame du 14 avril. Mort assassiné, Lincoln avait toute l'envergure pour devenir rapidement le revenant attitré de la Maison Blanche, bien qu'il ne fût pas le seul spectre à circuler en ces lieux. La légende se mit rapidement en place juste après sa mort. On crut d'abord entendre des bruits de pas singuliers autour de la Maison Blanche. Puis, bientôt, quelques personnes aperçurent le président debout derrière la fenêtre de son bureau. Par la suite, ses apparitions se multiplièrent, l'une des plus célèbres concerne la visite qu'il fit à la reine Wilhelmine de Hollande lorsqu'elle fut l'hôte de la Maison Blanche. La reine s'en inquiéta, mais Roosevelt la rassura aussitôt, l'informant que la chambre dans laquelle elle avait dormi était aussi connue sous le nom de «chambre de Lincoln» et qu'ici tout le monde était habitué à voir rôder le défunt président.
Ce fut aussi l'époque où l'Amérique commença à être fascinée par le spiritisme. La mode relevait à la fois de la passion et de la folie - mais d'une douce folie qui appelait plus les rires que les lamentations. Rire énorme, barbaresque ou dantesque, peut-être même solennel, provoqué par la vision de mortels bien vivants contemplant la Vérité servie sur un guéridon. Tout à coup, l'Au-delà devint une réalité palpable. Les tables tournaient un peu partout sur le vaste continent et les esprits étaient sommés d'apparaître, qu'ils en eussent ou non le désir. Certains ont affirmé que des séances de spiritisme eurent lieu dans l'enceinte de la Maison Blanche mais personne ne l'a jamais réellement prouvé. Le coup d'envoi fut donné avec les soeurs Fox, qui fraudaient sans doute, mais dont les mésaventures firent prendre conscience d'un phénomène nouveau. On n'eut guère plus de chance avec l'affaire du pasteur Phelps, vers 1850, à Stratford, dans le Connecticut. En fait, on était plutôt devant un cas de coups frappés empêchaient tout le monde de dormir. On réussit à faire parler l'esprit que l'on supposait être à l'origine de toutes ces manifestations, mais il se révéla fort blasphémateur, au grand désarroi du pasteur. On ne parvint pas à analyser ce dernier cas comme il aurait fallu - le reliant au spiritisme alors qu'il relevait tout au plus de la parapsychologie -, mais ce sont néanmoins des affaires de ce type, pas toujours très brillantes, qui engendrèrent le spiritisme à l'américaine. Il y avait déjà eu quelques précédents.
À côté de des grandes affaires de fantômes, le plus souvent en rapport avec le spiritisme qui a fait énormément d'adeptes aux États-Unis - et parmi les plus notoires l'affaire Belle et l'affaire Hawthorne -, les Américains connaissaient, comme les Européens, de nombreuses histoires de revenants assez concises. Ainsi, on raconte que le spectre d'un soldat dont la tête fut emportée par un boulet lors de la guerre de l'Indépendance, chevauche encore sur le champ de bataille à la recherche son chef, monté sur un cheval fantôme. En Caroline du nord, un spectre lumineux, lui aussi sans tête, apparaît parfois sur un pont. On dit qu'il s'agit du fantôme d'un mécanicien qui fut décapité par un train2. Dans le Maryland, le spectre d'un avare se déplace sous la forme d'une boule de lumière pendant les nuits de la pleine lune.
Toujours aux USA, le fameux cimetière de Silver Cliff serait hanté par toute une colonie de fantômes. Ils se manifestent sous la forme de lumières bleues qui dansent entre les tombes. D'autres fantômes et revenants hantent le sol américain. À Chicago, le cimetière de la Résurrection, sur Archer Avenue, est hanté par la présence d'une jeune défunte qui fut souvent aperçue dans les années soixante-dix. Elle était vêtue d'une robe blanche à la mode du début du siècle. Il lui arrive de quitter l'enceinte du cimetière pour aller sur la route. Une fois dehors elle arrête une automobile et se fait voiturer quelques instants avant de revenir au cimetière en passant à travers les grilles. On dit que cette revenante, connue sous le nom de Mary de Résurrection, serait une jeune polonaise morte dans un accident de voiture en 1931, au retour d'un bal. Elle fut enterrée avec sa robe et avec ses chaussures de soirée.Poltergeist1. Les meubles volaient dans les pièces, les ustensiles de cuisine flottaient librement dans l'air et des
Présentation de l'éditeur :
On raconte que la statue de la Liberté serait hantée. Selon le témoignage de marins recueilli au début du siècle dernier, les revenants étaient si nombreux et faisaient un tel tapage dans le glorieux édifice, que les matelots restés à bord des rafiots amarrés dans le port de New York ne parvenaient pas à fermer l'oeil de la nuit. Ce tapage ne cessait qu'au petit matin, lorsque les gorges décrépites de tous ces libres défunts étaient lassées d'avoir tant gueulé. On entendait alors les derniers cliquetis de chaîne, les dernières rotules cogner contre les murs et, au terme d'une sarabande désordonnée, dans la pâleur du jour naissant, on pouvait apercevoir les silhouettes squelettiques de ces joyeux drilles passer d'étage en étage, dévaler les escaliers comme une bande de gosses pris en flagrant délit. Un ultime soubresaut, un dernier hoquet et tous s'enfonçaient dans les profondeurs de l'insondable Liberté.
Les biographes d'Abraham Lincoln nous ont rapporté que quelques jours avant son assassinat par l'esclavagiste J. W Booth, le seizième président des Etats-Unis avait fait un rêve dans lequel il avait «vu» sa propre fin. Il est vrai que le président faisait souvent des rêves prémonitoires, notamment avant chaque victoire de l'Union. Au cours des dernières années de sa vie, il était devenu un homme assez taciturne, parfois renfermé sur lui-même avec un goût très prononcé pour la méditation. Mais cette fois le rêve qu'il raconta à sa femme et aux proches qu'il avait invités au soir du 23 mars 1865 pour fêter l'abolition de l'esclavage, était différent. Comme il pénétrait dans une des pièces de la Maison Blanche, il vit un groupe de personnes qui entouraient la dépouille d'un cadavre. Il s'approcha pour demander le nom du défunt devant lequel on se recueillait et apprit qu'il s'agissait du président que l'on venait d'assassiner. Chacun essaya de le rassurer, lui rappelant que «Tout songe n'est que mensonge», mais rien n'y fit et le président resta taciturne jusqu'au drame du 14 avril. Mort assassiné, Lincoln avait toute l'envergure pour devenir rapidement le revenant attitré de la Maison Blanche, bien qu'il ne fût pas le seul spectre à circuler en ces lieux. La légende se mit rapidement en place juste après sa mort. On crut d'abord entendre des bruits de pas singuliers autour de la Maison Blanche. Puis, bientôt, quelques personnes aperçurent le président debout derrière la fenêtre de son bureau. Par la suite, ses apparitions se multiplièrent, l'une des plus célèbres concerne la visite qu'il fit à la reine Wilhelmine de Hollande lorsqu'elle fut l'hôte de la Maison Blanche. La reine s'en inquiéta, mais Roosevelt la rassura aussitôt, l'informant que la chambre dans laquelle elle avait dormi était aussi connue sous le nom de «chambre de Lincoln» et qu'ici tout le monde était habitué à voir rôder le défunt président.
Ce fut aussi l'époque où l'Amérique commença à être fascinée par le spiritisme. La mode relevait à la fois de la passion et de la folie - mais d'une douce folie qui appelait plus les rires que les lamentations. Rire énorme, barbaresque ou dantesque, peut-être même solennel, provoqué par la vision de mortels bien vivants contemplant la Vérité servie sur un guéridon. Tout à coup, l'Au-delà devint une réalité palpable. Les tables tournaient un peu partout sur le vaste continent et les esprits étaient sommés d'apparaître, qu'ils en eussent ou non le désir. Certains ont affirmé que des séances de spiritisme eurent lieu dans l'enceinte de la Maison Blanche mais personne ne l'a jamais réellement prouvé. Le coup d'envoi fut donné avec les soeurs Fox, qui fraudaient sans doute, mais dont les mésaventures firent prendre conscience d'un phénomène nouveau. On n'eut guère plus de chance avec l'affaire du pasteur Phelps, vers 1850, à Stratford, dans le Connecticut. En fait, on était plutôt devant un cas de coups frappés empêchaient tout le monde de dormir. On réussit à faire parler l'esprit que l'on supposait être à l'origine de toutes ces manifestations, mais il se révéla fort blasphémateur, au grand désarroi du pasteur. On ne parvint pas à analyser ce dernier cas comme il aurait fallu - le reliant au spiritisme alors qu'il relevait tout au plus de la parapsychologie -, mais ce sont néanmoins des affaires de ce type, pas toujours très brillantes, qui engendrèrent le spiritisme à l'américaine. Il y avait déjà eu quelques précédents.
À côté de des grandes affaires de fantômes, le plus souvent en rapport avec le spiritisme qui a fait énormément d'adeptes aux États-Unis - et parmi les plus notoires l'affaire Belle et l'affaire Hawthorne -, les Américains connaissaient, comme les Européens, de nombreuses histoires de revenants assez concises. Ainsi, on raconte que le spectre d'un soldat dont la tête fut emportée par un boulet lors de la guerre de l'Indépendance, chevauche encore sur le champ de bataille à la recherche son chef, monté sur un cheval fantôme. En Caroline du nord, un spectre lumineux, lui aussi sans tête, apparaît parfois sur un pont. On dit qu'il s'agit du fantôme d'un mécanicien qui fut décapité par un train2. Dans le Maryland, le spectre d'un avare se déplace sous la forme d'une boule de lumière pendant les nuits de la pleine lune.
Toujours aux USA, le fameux cimetière de Silver Cliff serait hanté par toute une colonie de fantômes. Ils se manifestent sous la forme de lumières bleues qui dansent entre les tombes. D'autres fantômes et revenants hantent le sol américain. À Chicago, le cimetière de la Résurrection, sur Archer Avenue, est hanté par la présence d'une jeune défunte qui fut souvent aperçue dans les années soixante-dix. Elle était vêtue d'une robe blanche à la mode du début du siècle. Il lui arrive de quitter l'enceinte du cimetière pour aller sur la route. Une fois dehors elle arrête une automobile et se fait voiturer quelques instants avant de revenir au cimetière en passant à travers les grilles. On dit que cette revenante, connue sous le nom de Mary de Résurrection, serait une jeune polonaise morte dans un accident de voiture en 1931, au retour d'un bal. Elle fut enterrée avec sa robe et avec ses chaussures de soirée.Poltergeist1. Les meubles volaient dans les pièces, les ustensiles de cuisine flottaient librement dans l'air et des
Cette histoire des revenants se veut complète, tant sur le plan historique qu'analytique.
Après avoir étudié dans le premier volume les revenants dans la Préhistoire, les sociétés primitives et nous avoir fait remonter jusqu'au Moyen Âge, nous abordons dans cette seconde partie l'histoire des revenants telle qu'elle a été perçue depuis la Renaissance jusqu'à l'époque moderne. Les histoires de châteaux hantés et de dames blanches se succèdent, sans oublier les mystérieuses autostoppeuses fantômes qui constituent à elles seules un véritable folklore moderne.
Rien n'échappe à l'auteur qui signe là une véritable encyclopédie destinée à servir de référence auprès des chercheurs et des curieux. Il insiste particulièrement, en explorant les croyances propres aux régions de France, sur le folklore des revenants. Aussi retrouve-t-on les histoires des «belles» suicidées, des fantômes errants, d'enfants morts sans baptêmes, celles des femmes mortes en couches et des lavandières nocturnes.
Toute une partie traite du revenant contemporain qui, adapté aux exigences de la technique, n'hésite pas à apparaître sur les écrans de téléviseurs ou à se manifester au téléphone...
Contrairement à la coutume, ce récit présente une image sympathique du revenant. Le fantôme agressif et hideux que nous proposent les récits romanesques et le cinéma n'ayant, dans ce contexte, aucune valeur historique.
Après avoir étudié dans le premier volume les revenants dans la Préhistoire, les sociétés primitives et nous avoir fait remonter jusqu'au Moyen Âge, nous abordons dans cette seconde partie l'histoire des revenants telle qu'elle a été perçue depuis la Renaissance jusqu'à l'époque moderne. Les histoires de châteaux hantés et de dames blanches se succèdent, sans oublier les mystérieuses autostoppeuses fantômes qui constituent à elles seules un véritable folklore moderne.
Rien n'échappe à l'auteur qui signe là une véritable encyclopédie destinée à servir de référence auprès des chercheurs et des curieux. Il insiste particulièrement, en explorant les croyances propres aux régions de France, sur le folklore des revenants. Aussi retrouve-t-on les histoires des «belles» suicidées, des fantômes errants, d'enfants morts sans baptêmes, celles des femmes mortes en couches et des lavandières nocturnes.
Toute une partie traite du revenant contemporain qui, adapté aux exigences de la technique, n'hésite pas à apparaître sur les écrans de téléviseurs ou à se manifester au téléphone...
Contrairement à la coutume, ce récit présente une image sympathique du revenant. Le fantôme agressif et hideux que nous proposent les récits romanesques et le cinéma n'ayant, dans ce contexte, aucune valeur historique.
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- ÉditeurJMG
- Date d'édition2007
- ISBN 10 291516486X
- ISBN 13 9782915164862
- ReliureBroché
- Nombre de pages398
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Histoire de revenants Tome 2 - Les Temps Modernes
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Histoire des revenants : Tome 2, Les temps modernes
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