Un coup d'�tat nietzsch�en - Couverture souple

Bey, Hakim

3,6

5 �valuations de Goodreads

9782915694710: Un coup d'�tat nietzsch�en

Couverture souple

ISBN 10 : 2915694710 ISBN 13 : 9782915694710

Editeur : L'Insomniaque, 2014

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Extrait :

Extrait de l'introduction

Regardons-nous en face. Nous sommes des Hyperbor�ens - nous savons assez combien nous vivons � l'�cart. �Ni par terre, ni par mer tu ne trouveras le chemin qui conduit chez les Hyperbor�ens�, disait d�j� Pindare � notre sujet. Par-del� le nord, les glaces et la mort - notre vie, notre bonheur -, nous avons d�couvert le bonheur, nous en savons le chemin, nous avons trouv� l'issue � travers des milliers d'ann�es de labyrinthe. Qui donc d'autre l'aurait trouv� ?

L'Ant�christ

LE XIXe SI�CLE a r�sist� � son ach�vement. Il avait d�marr� tardivement, vers 1830, avec la r�volution industrielle et il s'accrocha (avec un d�sespoir croissant) bien au-del� de 1900. La Premi�re Guerre mondiale commen�a en tant que derni�re guerre du XIXe si�cle - une affaire de monarques et de diplomates - mais elle d�g�n�ra en une h�catombe technique, un sacrifice de masse, un potlatch de guerre moderne... puis, bien s�r, en une r�volution. Le XXe si�cle commen�a vraiment en 1917, derri�re le front, en Russie. Environ un an plus tard, malgr� la r�apparition des diplomates avec leurs hauts-de-forme et leurs ordres flamboyants, le XXe si�cle avait atteint l'Europe et l'Am�rique. Et malgr� les d�clarations de paix �ternelle, ce sera un si�cle de pure violence.
En 1830, le monde naissant du Capital semblait destin� � un triomphe universel. Qui aurait pu s'opposer � pareil �progr�s� ? Certainement pas ces terres orientales arri�r�es et �puis�es que l'on annexa une par une comme des joyaux aux diff�rentes couronnes d'Europe. Et tr�s certainement pas notre propre �classe ouvri�re�, si path�tique. Ces �indig�nes� ext�rieurs ou int�rieurs pourraient se montrer agit�s, mais ce probl�me allait �tre r�gl� au moyen d'une force sup�rieure. Le Capital �tait une id�e dont l'heure avait sonn�, et on ne pouvait s'y opposer que par une id�e d'une force �gale. Et o� aurait-on pu trouver pareille id�e en 1830 ? Dans les r�ves loufoques des �socialistes utopiques� ? Mais le Capital n'�tait pas un simple syst�me qui pouvait �tre d�mantel� par des bricoleurs r�formistes. Le Capital, c'�tait l'Histoire en marche, un destin universel, une loi naturelle...
Et pourtant, d�s 1871, fait inqui�tant, quelque chose avait mal tourn� dans la strat�gie du Capital. Pour mater la r�volte de Paris, il n'avait pas suffi d'une poign�e de policiers - en fait, il avait fallu r�unir les arm�es de deux nations et massacrer des milliers de gens. N�anmoins, le fl�au continua de se r�pandre : le mouvement du Social, r�ponse dialectique au mouvement du Capital, notion oppos�e. La Premi�re Guerre mondiale (qui d�buta en 1914 par l'incident typiquement XIXe si�cle de l'assassinat d'un grand-duc) correspondit � une vaste manoeuvre tactique visant � faire d�railler le Social. Il fallut faire appel au patriotisme pour occuper l'esprit des ouvriers, puis � la guerre pour les discipliner.
Pourtant, quand le XIXe si�cle s'acheva avec le spectacle de d�vastation des tranch�es, quelque chose tourna mal une fois de plus dans la strat�gie du Capital : il perdit le contr�le de la Russie. L'id�e que la guerre �tait peut-�tre une erreur semblait tout � coup envisageable. Des �soviets� d'ouvriers et de soldats furent proclam�s ici et l� dans les endroits les plus insolites, et 1918 commen�a comme l'ann�e de la r�volution mondiale - au moins dans l'imagination enfi�vr�e de certains rebelles, et de certains r�actionnaires.

Pr�sentation de l'�diteur :

L� O� FINIT L'�TAT, L� SEULEMENT COMMENCE L'�TRE HUMAIN QUI N'EST PAS SUPERFLU :

�Une force conduite par Mavrocordato attaqua le palais, avec l'intention de capturer le colonel von Hartsheim avant le petit-d�jeuner... Une force plus importante, conduite par Elias, �tait charg�e de prendre d'assaut le quartier g�n�ral de la police... Cette troupe disposait des meilleures armes que les Scythes avaient pu trouver, dont une mitrailleuse � tr�pied achet�e en contrebande... Deux hommes arm�s de revolvers (l'un d'eux �tait Schlamminger, le philologue allemand) furent envoy�s pour s'emparer du bureau de poste... Quelque part au fond des marais, � l'aube, un petit d�tachement de Coumans, command�s par le khan en personne, coupa les fils t�l�graphiques qui reliaient Coumantza au reste du monde... Cette action sauva ind�niablement le coup d'�tat qui, par ailleurs, se d�roula assez mal.�

En novembre 1918, Georghiu Mavrocordato, hospodar h�r�ditaire de Coumantza, bourgade roumaine sur la mer Noire, et ses amis du Club scythe (h�t�rog�ne association d'aventuriers et d'�rudits, d'autochtones semi-barbares et de contrebandiers) d�cident de chasser par les armes la petite garnison allemande qui occupe la ville depuis la d�route roumaine de 1916. Leur putsch, pl�biscit� par une population bigarr�e, instaure alors une mini-r�publique des conseils, dont la Constitution est tout enti�re un floril�ge de citations de Nietzsche et dont les finances proviennent du vol d'un tr�sor antique. Si cet utopique apologue est d'abord pr�texte � souligner la dimension subversive des �crits de Nietzsche, l'auteur y esquisse les pr�cieuses convergences que l'autonomie, f�t-elle temporaire, d'une zone se d�tachant de la m�gamachine peut faire na�tre entre destins individuels et aspirations communautaires.

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