Extrait :
Pourquoi ce livre ?
Pour faire savoir ce qui s'est réellement passé
La seule littérature disponible sur la catastrophe AZF est celle qui cherche à innocenter Total. L'exclusivité du marché du livre AZF n'est que théorie du complot, spéculations new âge, recherche à tout prix d'un kamikaze musulman. Il y a concurrence sur ces créneaux aussi hors sujet que nauséabonds, et tous ont en commun de refuser la culpabilité de Total. Profitant de toutes les complaisances, Total a programmé la pollution des esprits et il a gagné provisoirement la bataille de l'opinion.
Il y a certes le jugement du tribunal pour le procès en appel. C'est un document parfaitement argumenté, mais peu accessible et rédigé dans un vocabulaire très technique. À ce jour, aucun journaliste digne de ce nom n'a choisi de travailler sur les faits, modestement, sérieusement, ce qui constitue d'ailleurs une preuve indirecte, s'il en est encore besoin, de la toute puissance du groupe Total.
L'émission Affaires sensibles du 27 août 2014 sur France Inter, où j'étais invité en ma qualité de président de l'Association des sinistrés du 21 septembre, est pleinement significative à cet égard. Fabrice Drouelle a préparé son émission sans lire le jugement. Il a affirmé notamment que jamais l'explosion n'a pu être reproduite en laboratoire. Mensonge, puisque au contraire les trois laboratoires mandatés par Total ont constaté la grande capacité à exploser du mélange incriminé.
L'innocente question «Mais saura-t-on un jour la vérité sur les causes de l'explosion ?», a ponctué l'émission. Ce questionnement est d'ailleurs la seule ligne de défense de Total. Non seulement la vérité a été clairement établie, mais ceux qui jouent à en douter, les dirigeants de Total en premier lieu, ne suggèrent aucun autre scénario que celui démontré par l'enquête judiciaire.
Fabrice Drouelle a commencé l'interview en me demandant comment j'expliquais que des contre-enquêtes faites par des journalistes sérieux et des scientifiques reconnus tentent encore de remettre en cause l'accident chimique. Il a insisté en me demandant : «Que cherchent-ils ?» J'ai alors répondu : «Peut-être l'argent, tout simplement». Car ces prétendues contre-enquêtes s'expliquent simplement par la puissance du groupe Total.
Même si les arguments rationnels ne semblent pas convaincre, il faut revenir aux faits. Eux seuls résisteront au temps.
Pour ajouter notre petite pierre à la compréhension du drame
La catastrophe AZF, c'est l'usine qui a explosé, provoquant des dégâts matériels et humains qui ne sont pas encore tous résorbés.
L'enquête judiciaire avec ses aspects scientifiques et ses aspects juridiques a démontré une grave faute industrielle, rendue possible par une carence de prévention et de surveillance. Cette enquête vaut par ce qu'elle démontre mais aussi par sa propre histoire, puisqu'elle a été le lieu de toutes les pressions et de tous les coups bas. Qu'une condamnation ait pu en sortir est déjà une sorte de miracle.
Et puis il faut comprendre comment les autorités ont réagi, comment les sinistrés ont fait front, pourquoi les sinistrés salariés du pôle chimique et les habitants riverains se sont opposés, alors qu'ils étaient victimes de la même catastrophe ?
Cette explosion a durablement bouleversé la vie d'au moins cinquante mille personnes. Cela doit être raconté. Et, histoire dans l'histoire, il y a celle des sinistrés qui se sont battus pour leurs droits. Précisément notre histoire.
La catastrophe AZF, comme toutes les crises, a également été un révélateur de notre organisation sociale et, à ce titre, a posé de multiples questions.
Pourquoi une telle catastrophe a-t-elle pu survenir ? Quel a été le rôle de l'État ? Cet État qui prétend protéger les plus faibles. Combien pèse l'intérêt général face à la recherche du profit ?
(...)
Présentation de l'éditeur :
Le 21 septembre 2001, l'usine AZF explosait : 31 morts, 20 000 blessés, un quartier dévasté et au moins cinquante mille sinistrés. À ce jour, la seule littérature disponible sur la catastrophe AZF est celle qui cherche à innocenter Total, quitte à reprendre des mensonges grossiers. Mais pourtant les faits sont là, qui montrent à l'évidence la responsabilité du trust pétrolier. Cet ouvrage revient sur les faits, sur ce qu'ont vécu les sinistrés et les ouvriers de l'usine détruite. Et les faits sont si évidents, si clairs, qu'eux seuls résisteront au temps. L'enquête judiciaire a pour sa part démontré une grave faute industrielle, rendue possible par une carence de prévention et de surveillance, d'économies en fait qui se sont révélées criminelles. Si le procès s'est conclu par une condamnation de Total, c'est aussi grâce aux multiples témoignages et actions de sinistrés et d'ouvriers qui refusaient de lier leur sort à celui de leur patron. Et qu'après coup ce procès ait été cassé n'est qu'une confirmation de la puissance du système Total, contre laquelle certains se mobilisent toujours. L'auteur a vécu tout cela en première ligne, en essayant de faire face avec ses voisins de la cité du Parc. A quelques dizaines, sinistrés et salariés, ils avaient la conviction que les seuls combats que l'on est sûrs de perdre sont ceux auxquels on renonce. Ils n'ont pas renoncé. Refusant les mensonges patronaux et les couardises des autorités, ils se sont battus. Ce livre est leur histoire.
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