ABECEDAIRE DU BIEN COMMUN - Couverture souple

MONTEIL, PIERRE

Couverture souple

ISBN 10 : 2917088192 ISBN 13 : 9782917088197

Editeur : ILOTS, 2012

A propos du livre

Extrait :

ALTERNANCE

Il ne semble pas exagéré d'affirmer que la Cinquième République a véritablement réussi son examen de bien commun en accomplissant l'alternance politique de 1981. Non que le régime ait eu spécialement à fournir un brevet de vertu démocratique, mais que la preuve était administrée, enfin, grandeur nature, que ce régime était effectivement l'affaire de tous. La proposition réciproque est également vraie : parvenue au pouvoir, l'ancienne opposition se trouva confrontée à l'exercice qui consiste à tenir ensemble les convictions qui l'avaient fait élire et le souci bien compris de l'intérêt général. Le président élu devait être celui de tous les Français. Quant à l'ancienne majorité, elle fut contrainte à se faire une raison : il existait plusieurs manières de gouverner le pays avec l'aval de la même nation.

L'alternance est ainsi l'apprentissage d'une conception élargie du pouvoir, marquée du sceau du pluralisme. Elle requiert de chacun que le regard qu'on porte sur la politique soit assez vaste pour admettre d'autres conceptions aussi légitimes que la sienne. La pratique qu'elle appelle est une préparation au compromis, c'est-à-dire à la visée du bien commun conçu comme lui-même pluriel.
(VOIR BIEN COMMUN ; VOIR COMPROMIS)

Pour autant, la vertu qui consiste à intégrer à son propre point de vue la possibilité de celui d'un autre tout aussi légitime a donné lieu, depuis trente ans, à une dérive qui suscite le soupçon d'un évitement. Car, au lieu de se maintenir ouvert, l'écart entre visions rivales a bientôt semblé se rétrécir. Les apparences ont accrédité l'impression de plus en plus largement partagée d'une sorte de convergence, voire de conformisme, peut-être même de connivence, parmi ceux qui prétendaient à gouverner.
Peu à peu, s'est insinué un véritable doute : élection après élection, n'étions-nous pas en train de pratiquer des alternances sans alternatives ? Bref, l'alternance s'était banalisée, mais, à chaque mouvement de balancier, l'amplitude n'était-elle pas, du même coup, un peu trop courte ?

Au coeur de cette évolution, on peut relever l'essor concomitant d'une rhétorique politique qui oscille entre l'impuissance et les coups de menton volontaristes. Voilà plus d'un quart de siècle que, tous gouvernements confondus, on se réclame de la contrainte pour, à chaque fois, imposer aux citoyens l'adaptation à marche forcée à des réalités toujours extérieures aux décideurs. Pour interrompre cette litanie de la contrainte - tour à tour économique, européenne, financière, budgétaire ou autres - on se prendrait à interpeller nos élus pour les interroger une bonne fois : «En l'absence de contrainte, votre idéal, ce serait quoi ?». On devine l'embarras. Car, à tant se justifier au nom de ce qu'elle tient pour objectivement nécessaire, la pensée politique du moment semble avoir perdu le sens subjectif de la visée, de l'ouvert, du possible. Pour l'heure, nous assistons donc à un débat où les convictions s'expriment sous des expressions si ternes et si craintives que la flamme authentique paraît s'être exilée aux extrêmes.
(VOIR POLITIQUE)

Présentation de l'éditeur :

Que partageons nous en commun ?
Beaucoup de choses, à l'évidence, tant la cohabitation des hommes n'a jamais semblé aussi étroite : l'eau, l'espace, la ville, certes, mais plus profondément le désir de voir notre société s'épanouir, au bénéfice de tous, comme la promesse d'un plaisir, d'une chance...
Pourtant notre idéal se révolte : dégradation des civilités, lieux publics maltraités, équilibres sociaux ou politiques saccagés... Le vivre-ensemble semble menacé par l'ignorance, la bêtise ou la cupidité; le trouble que fait naître le spectacle d'une société en prise à l'injustice et au désarroi nous émeut. Le sentiment d'un monde déboussolé pose une question prégnante : que nous est-il donc arrivé ?
Pour tenter d'apporter des éléments de réponse, pour affronter la complexité d'un monde qui effraie et rebute, il y a peu d'outils : la philosophie en est un, qui permet de mettre en perspective les concepts épars qui tissent notre compréhension de ce vaste sujet.
Dans cette perspective, Pierre-Olivier Monteil a choisi la formule de l'abécédaire, qui sous des apparences fragmentaires, relie par une discrète architecture les tenants essentiels du bien commun. À travers 42 concepts fondamentaux qui peuvent constituer les contours de cet espace informel (d'Amitié à Violence, en passant par Planète, Tolérance ou Liberté...), ce petit traité de philosophie entreprend une visite rafraîchissante des lieux-dits essentiels de notre vie partagée.

Pierre-Olivier Monteil est philosophe. Après de nombreuses années consacrées à la communication au sein de la direction générale d'un groupe bancaire et d'un groupe d'assurance, il a choisi d'orienter sa vie vers la philosophie, en finalisant aujourd'hui son doctorat à l'EHESS.

À propos de cette édition

• Éditeur: ILOTS
• Date d'édition: 2012
• ISBN 10: 2917088192
• ISBN 13: 9782917088197
• Reliure: Broché
• Nombre de pages: 175