Extrait :
Avertissement
Je vous dois la vérité, a dit Cézanne en 1905, avant que de fouler, un an plus tard, le sol poussiéreux du royaume d'Hadès. Il parlait de sa peinture et voulait signifier que ses oeuvres ne se réduisaient nullement aux tableaux peints, que derrière chacune d'elles il fallait chercher le secret, le non-dit. Chers lecteurs et lectrices, je vous dois mêmement la vérité, mais n'ai point l'intention de fréquenter ensuite les enfers. Je prétends donc qu'il en est de mes lignes comme de la toile de Cézanne. Foin de la modestie ! J'y reviendrai.
Un jour, j'en ai la souvenance, j'ai décroché mon téléphone, après avoir composé sur le cadran le 3131, comme je le faisais souventes fois pour connaître le dernier correspondant qui avait sans succès tenté de me joindre pendant mon absence. Au bout du fil, en admettant qu'il ait un bout ce fil, une voix féminine me répondit sèchement : vous n'êtes pas autorisé à composer ce numéro ! Immense fut mon étonnement, déterminée fut ma colère ! Un autre jour, alors que je vaquais tranquillement sur un trottoir de la ville, une bannette à la main, prenant garde de ne pas salir mes pompes aux écoeurantes déjections canines, je tombai nez à nez, façon de parler, avec un panneau sur lequel était inscrite la mention suivante, en lettres écarlates : vous n'êtes pas autorisé à vous trouver là, changez de trottoir. Comment, me dis-je, voilà un pays, soi-disant des droits de l'homme, soi-disant de la liberté, égalité, fraternité, on me l'a appris jadis à l'école, on l'entend tous les jours à la télé, à la radio, et dans ce pays où palpitèrent de multiples révolutions, où des arbres de la liberté furent souventes fois plantés, dans ce pays, disais-je, un pékin ordinaire, moi en l'occurrence, se voit interdire des gestes simples, comme composer un numéro, fut-il le 3131, sur un cadran de téléphone, ou marcher en rêvant sur un trottoir bitumé, fut-il encombré par des outils de construction d'un immeuble ainsi qu'une grue haute comme la tour Eiffel.
Ce double déclic dans ma tête eut comme conséquence immédiate que je cogitai, en enrageant, en fulminant. Ensuite, saisi d'une soudaine inspiration, j'ouvris mon PC portable, tapai nerveusement sur le clavier AZERTY, et j'imaginai ce roman grandement loufoque, pour exprimer mon étonnement face aux absurdités, comme celles que je viens d'évoquer, face au conditionnement, au formatage, à l'abrutissement, aux tentatives d'uniformisation de nos comportements, aux manipulations, aux multiples interdits dont nous sommes les pauvres victimes, de la part des médias, de la publicité, de l'administration, de nos dirigeants, politiques et autres, face aux règles imposées par les religions, les sectes, les groupements de ceci ou de cela, les partis, les comités, les syndicats, les associations, les machins, les trucs et les choses. J'en oublie sûrement. J'évoquai Pavlov, ce savant russe qui fit saliver les chiens aux coups de sifflet et définit de la sorte les réflexes conditionnels. Oui, nous sommes tous des chiens de Pavlov, je l'affirme haut et fort, car nous réagissons de façon instinctive aux multiples stimuli engendrés par les organismes cités plus haut, à tout moment et dans tous les compartiments de notre vie d'homo erectus.
(...)
Présentation de l'éditeur :
Bébert, Rouletabille, Totor, Galurin et Mounir sont les héros loufoques et sympathiques de ce roman déjanté et totalement hilarant !
La société de consommation y est poussée à l'extrême, conditionnant l'être humain, comme les chiens dans l'expérience de Pavlov, qui variait les stimuli avant la présentation des aliments et découvrit ainsi les lois fondamentales des réflexes conditionnels.
De plus, des outils de mesure et de contrôle les plus farfelus et les plus grotesques ont été mis en place par l'État pour surveiller la bonne conduite des citoyens dociles et obéissants.
Des situations délirantes, basées sur des faits divers réels, donnent à l'auteur toute l'amplitude nécessaire pour exercer une plume acide, cynique, désopilante, et ce, pour notre plus grande joie !
Les chiens de Pavlov est le quatrième roman de José Herbert, instituteur passionné d'histoire et amoureux de la langue française, celle de Rabelais ! L'auteur nous invite à regarder une société qui n'offre qu'une illusion de liberté, tant sont puissants les conditionnements de toutes sortes, et insidieux, sournois, hypocrites les efforts des pouvoirs publics visant à faire de nous des moutons bêlant la même chanson.
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