Extrait :
Extrait de la préface d'Yvan Quintin
Quand les Publications Orientalistes de France (POF) ont voulu s'ouvrir vers l'Orient grec, il m'a été demandé d'y contribuer par un travail de traduction du grec ancien. C'est ainsi que j'ai choisi d'y publier d'abord un choix d'épigrammes appartenant au livre XII de l'Anthologie grecque. Devait suivre une traduction d'autres épigrammes appartenant aux livres I, V, VI, VII et XI. De malheureuses circonstances ont empêché cette suite.
Comme ma propre publication, sous le titre Amours grecques, n'était qu'un florilège d'épigrammes garçonnières, j'ai appris avec satisfaction qu'un autre helléniste, avec plus de compétence peut-être, en prenait le relais et préparait la traduction non seulement de celles de la presque totalité du livre XII, mais aussi d'autres pièces concernant encore l'amour des garçons et dispersées dans différents livres de l'Anthologie. C'est donc bien volontiers que j'ai accepté de préfacer son travail et de l'aider de mon mieux, quitte à lui accorder de reprendre par ci par là ma propre traduction.
L'amour des garçons qui inspire aux poètes de l'époque hellénistique et de l'Empire gréco-romain ces petites pièces charmantes, n'est plus cette pédérastie initiatique ou pédagogique sur laquelle la tradition universitaire a préféré insister, faute de pouvoir de l'éviter, pour sauver les apparences de la morale. Ce ne sont plus (ou faut-il seulement dire «ce ne sont pas» ?) des considérations intellectuelles, philosophiques ou spirituelles qui justifient l'intérêt alors porté aux garçons en principe âgés de douze à dix-huit ans, mais bien leur charme, leurs attraits, voire leurs attributs physiques. Ces poètes célèbrent le teint, les yeux, la peau, le torse de leurs aimés, la cuisse de l'un aussi, ou les fesses de l'autre. Certains comme Straton n'hésitent pas à évoquer la verge d'un garçon émergeant de l'eau ou celle d'un adolescent, devenue avec l'âge, de doigt qu'elle était, un vrai bras tout rose. Le même Straton ne va-t-il pas jusqu'à comparer le plaisir, qu'il juge supérieur, donné par un garçon à celui que donne une femme ou une fille pour la raison que le corps du garçon présente à un endroit précis l'obstacle où viennent buter les caresses vagabondes de son amant et un anneau qui serre mieux que celui de la fille ?
La beauté garçonnière et le charme des jeunes mâles, pourtant, ne produit d'effets que pendant peu de temps. Conventionnellement, comme on l'a dit, de douze à dix-huit ans. Vient l'âge de la pilosité qui en principe met fin au «statut» d'éromène et devrait chez l'amant susciter le dégoût. Ce n'est pas toujours vrai. Jeune adulte, un garçon peut encore inspirer le désir et la passion. Méléagre, lui, laisse aux chevriers le plaisir de pénétrer les «étaux velus» car il préfère les chairs plus délicates, féminines ou non. Mais Straton pour sa part - ou pour le commanditaire de certaines de ses épigrammes - même s'il presse les garçons de le laisser profiter de leur peau encore glabre, avoue ne pas vouloir quitter son aimé dont lui plaît la beauté «même avec barbe et poils».
Présentation de l'éditeur :
Dans de nombreuses épigrammes, ces courts poèmes ingénieux, émouvants ou coquins, que nous a léguées l'Anthologie grecque et ici proposées dans une traduction nouvelle, le lecteur découvrira que l'amour des garçons, dans la Grèce antique, n'était pas que pédérastie initiatique et pédagogique.
Il était aussi et surtout désir, goût de la beauté, jeu, séduction, tendresse, fervent hommage au bel Eros.
Clément Marie enseigne les langues anciennes en France et au Canada. Ce recueil est le fruit de sa longue fréquentation de la poésie érotique grecque et latine.
Hannes Steinert vit et travaille à Stuttgart. Depuis 1982, il a participé à de nombreuses expositions en Allemagne et à l'étranger. Après Plaisir d'amour qu'il a publié chez Männerschwarm Verlag, Hambourg, en 2008, il a illustré Mythologie gayment racontée d'Yvan Quintin paru chez EO en 2009.
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