Extrait :
«Ne pas parler du racisme anti-blanc : un déni de réalité»
Article publié sur Terre d'avenir, le site internet de la communauté d'agglomération la Plaine Commune, en partenariat avec le Bondy Blog, le mercredi 3 novembre 2010.
Des Français dits de souche, en particulier des collégiens, dénoncent des violences racistes à leur encontre. Exemple à Pierrefitte-sur-Seine.
«Au collège, il y a beaucoup de violence. Mais si tu es Français de souche, alors cette violence est plus souvent dirigée contre toi.» Guillaume est élève dans un collège ZEP de Pierrefitte-sur-Seine. Il se plaint de l'intolérance de certains de ses camarades qui, dit-il, manifestent une agressivité envers lui en raison de son appartenance à «l'ethnie française». Maintenant qu'il est en troisième, il dit être moins victime de violence verbale que dans les classes précédentes : «Je n'ai pas tellement vécu ce racisme lorsque j'étais en primaire même si c'est déjà arrivé. Mais dès mon entrée en sixième, j'y ai tout de suite été confronté, presque quotidiennement !»
En parlant de racisme, il désigne donc, par analogie avec le sens premier du terme, une hostilité contre le groupe qu'il représente. Ce groupe est celui des «Français de souche», des «Blancs».
Il se sent exclu et marginalisé au collège. Bastien, désormais en seconde, va dans son sens : «Mes années collège ont été les pires de ma vie ! Depuis la rentrée et mon passage au lycée, ça va quand même bien mieux parce que c'est plus mélangé, même s'il y a encore des réflexions me renvoyant à mes origines françaises.»
Lui aussi affirme subir une forme de racisme. Il dit souffrir du fait de ne pas pouvoir l'exprimer aussi facilement que s'il s'agissait d'un racisme dirigé envers des individus issus de l'immigration.
Sa mère, Anne, explique : «Il est arrivé qu'il soit le seul "Gaulois" de sa classe. On parle souvent de diversité, mais justement, la diversité c'est aussi le fait de ne pas avoir que des gens issus de l'immigration en banlieue.» Elle déplore la situation, mais elle veut se battre pour rester à Pierrefitte : «Bien des familles ont déménagé. Mes parents et mes grands-parents vivaient déjà ici. Je ne veux pas habiter autre part même si on s'est déjà posé la question.» Elle aimerait que le problème soit pris au sérieux et en a déjà discuté avec certains enseignants du collège de son fils.
Présentation de l'éditeur :
Témoignages sur le racisme anti-blanc dans les banlieues défavorisées d'Île-de-France.
«Suite à la rédaction d'un article sur le racisme anti-blanc publié sur le site internet Terre d'avenir et repris sur le Bondy Blog, j'ai décidé de prolonger mon initiative devant les nombreuses réactions qu'il a suscitées.
J'ai entamé la rédaction de ce petit livre dans l'optique de faire entendre ceux qui pensent qu 'il y a deux poids et deux mesures dans le traitement du racisme en France.
A travers neuf entretiens représentatifs des nombreux témoignages reçus, j'ai essayé de mettre en lumière les difficultés auxquelles sont confrontées les victimes de ce racisme à l'école et dans les quartiers défavorisées d'Île-de-France.»
L'auteur :
Né en 1985, habitant la banlieue parisienne qu'il connaît bien, Tarik Yildiz est diplômé de Sciences Po Paris depuis juillet 2009. Il rédige actuellement une thèse de sociologie politique relative à l'intégration sociale des populations musulmanes en France.
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