L'homme qui inventa Manhattan - Couverture souple

Loriga, Ray

Couverture souple

ISBN 10 : 2922868486 ISBN 13 : 9782922868487

Editeur : EVERGREEN, 2006

Synopsis

187 pages - couverture contrepliée. Bon état Couv. convenable Intérieur frais In-12 Carré Broché Traduit de l'espagnol par Flouriot Marie

A propos du livre

Extrait

L'homme qui inventa Manhattan se faisait appeler Charlie, même si son vrai nom était Gérald Ulsrak, il était marié et avait deux filles. Peut-être une seule. On disait que l'aînée était la fille d'un autre, sans doute à cause de la façon dont Charlie la regardait, ou, plus exactement, dont il ne la regardait pas. Gérald Ulsrak était né dans un petit village des montagnes de Roumanie et depuis toujours rêvait d'un endroit meilleur, Manhattan, et d'un autre nom, Charlie.
Charlie avait un ami, que tout le monde appelait Chad et qui était ce genre de personne qu'on ne peut appeler par son prénom tout seul, de sorte que Chad devenait toujours «ce brave Chad», ou «ce vieux Chad», ou «ce sacré Chad». Évidemment Chad ne s'appelait pas Chad, ni rien de semblable, il s'appelait Pedja Ruseski, mais comme je vous le dis, tout le monde l'appelait Chad.
Pour Charlie, Chad était le type le plus drôle qu'il eût jamais connu, même si la majorité des gens pensait justement le contraire.
Charlie racontait toujours que Chad était arrivé avant lui à New York et que, pour cette raison, l'invention lui revenait en partie, mais Chad rejetait ces accusations d'un léger mouvement de l'index et levait sa pinte de bière pour porter un toast à Charlie en criant : «À LA SANTÉ DE L'HOMME QUI A INVENTE MANHATTAN.» Si bien qu'on n'avait plus qu'à se taire.
C'est vrai que Chad disait toujours non d'un geste du doigt, mais par contre il disait oui d'un mouvement de tête frénétique, qui ressemblait plus à un non qu'à un oui. Ce qui justifiait l'affirmation préférée de Charlie : «N'essaie surtout pas de comprendre un Roumain.»
De l'avis de Pedja Ruseski, que tout le monde appelait Chad, l'homme qui avait inventé Manhattan était sans l'ombre d'un doute Gérald Ulsrak, que tout le monde appelait Charlie.
Les deux Roumains ne se voyaient pas souvent, parce que la vie tire d'un bord et l'amitié de l'autre, mais quand ils se rencontraient, ils allaient boire un coup ensemble, et quand ils buvaient un coup, ils essayaient de se souvenir, et il leur arrivait souvent de se souvenir dans le moindre détail de choses qui n'étaient jamais arrivées. Ce n'était pas grave. Ils étaient depuis si longtemps à New York que certains souvenirs avaient fini par se cacher dans cet endroit de la mémoire qui conserve de la même façon les événements réels que les imaginaires.

Présentation de l'éditeur

Au pied des tours déjà condamnées, tout un monde - imaginaire ? - où circulent des gangsters des années trente, un écrivain beat, des familles huppées, deux manucures coréennes, un acteur de cinéma, des filles très à la mode, mais surtout n'ont pas dit leur dernier mot, un vendeur de pianos, et tant d'autres, mais surtout Charlie et son ami Chad, deux Roumains exilés dans l'île qu'ils ont rêvée. En esquissant la géographie humaine de Manhattan, Ray Loriga nous révèle avec humour un paysage urbain à la fois serein et chaotique, tendre et désespéré.

À propos de cette édition

• Éditeur: EVERGREEN
• Date d'édition: 2006
• ISBN 10: 2922868486
• ISBN 13: 9782922868487
• Reliure: Broché
• Nombre de pages: 187