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Extrait :
Un rêve qui éclot
Un rêve dort dans son cocon
Un jour, il s'envole
Emporté par les vents
Capricieux et imprévus.
Nous étions douze À table, venant d'autant de pays, serrés les uns contre les autres dans cette petite pièce unique de ce qui avait été une modeste maison de paysans crétois.
Maria, la patronne, une fière quinquagénaire aux yeux encore brillants, faisait circuler des bols d'une soupe aux lentilles consistante et épicée. Nous l'arrosions généreusement d'huile d'olive et de citron. La grosse miche de pain et le litre de rouge circulaient de main en main. Dans la jeune vingtaine, comme tous mes compagnons, je savourais bien sûr cette nourriture simple. Mais je prenais surtout plaisir au fait d'être assis avec des gens venant de pays différents, et de partager des valeurs et une culture nouvelle et sans frontière. Nos discussions étaient vives et le son de nos voix et de nos rires résonnait au loin dans ce petit village oublié par la modernité.
Trois décennies se sont écoulées depuis ce voyage en Crète, mais ce souvenir, comme plusieurs autres, est resté vivant dans ma mémoire. Les panoramas de mer et de montagnes qu'offraient les routes sinueuses et presque désertes de la Crète des années soixante-dix sont restés gravés dans mon esprit.
J'avais parcouru ces routes dans des autobus d'une autre époque, des véhicules verts aux formes arrondies, où l'on grimpait par une porte située à l'arrière. Les vieilles Grecques, toutes de noir vêtues, faisaient frénétiquement le signe de croix avant d'y monter, ce qui n'était pas très rassurant.
À l'intérieur, nous étions accueillis par un vieil homme corpulent et bien assis derrière son minuscule bureau. Une fois le passage réglé, il criait «figue» pour annoncer au chauffeur, à l'autre bout du véhicule, qu'il pouvait enclencher sa première vitesse. Après un roucoulement, le véhicule se mettait péniblement en marche. Comme s'il appréhendait déjà la dure épreuve que lui réservait le relief de l'île.
Trente ans plus tard, j'eus l'idée de retourner sur l'île et de m'attaquer à ces mêmes routes, cette fois à vélo. Je fis quelques recherches sur le web pour voir les possibilités de circuits. Tout ce que je trouvai, c'est que faire du vélo en Crète n'est pas une bonne idée. D'après mes informations, la circulation est trop dense sur les routes du nord de l'île, tandis que le relief, sur la côte sud, présente un défi insurmontable.
Ma Crète à moi, c'est la côte sud : c'est là que Kazantzakis a planté le décor de son roman Zorba le Grec. C'est une terre rude, abrupte et sauvage où le héros, un Crétois exilé, vient fouiller les entrailles de la Terre à la recherche de ses racines. Son chef de mine, Zorba, est à l'image de ce paysage : viril, robuste, omniprésent et indomptable. Il est à l'opposé du héros, l'écrivain tourné vers la vie intérieure et la réflexion.
Un peu comme l'auteur, à l'époque de mes voyages de jeunesse, j'étais en recherche, mais sans vraiment savoir de quoi. Mes séjours en Crète ont marqué un passage important pour l'homme en devenir que j'étais. C'était une ouverture sur le monde. Un monde plus primitif que celui dont j'étais issu, mais aussi un monde où circulaient des voyageurs de plusieurs pays occidentaux. Ce qui était très exotique pour un jeune vivant dans son petit coin d'Amérique francophone replié sur lui-même. A l'époque, je vivais au fond d'un rang du Bas-Saint-Laurent dans un comté francophone à quatre-vingt-dix-neuf et demi pour cent !
Présentation de l'éditeur :
Un rêve dort dans son cocon
Un jour, il s'envole
Emporté par les vents
Capricieux et imprévus.
Nous étions douze À table, venant d'autant de pays, serrés les uns contre les autres dans cette petite pièce unique de ce qui avait été une modeste maison de paysans crétois.
Maria, la patronne, une fière quinquagénaire aux yeux encore brillants, faisait circuler des bols d'une soupe aux lentilles consistante et épicée. Nous l'arrosions généreusement d'huile d'olive et de citron. La grosse miche de pain et le litre de rouge circulaient de main en main. Dans la jeune vingtaine, comme tous mes compagnons, je savourais bien sûr cette nourriture simple. Mais je prenais surtout plaisir au fait d'être assis avec des gens venant de pays différents, et de partager des valeurs et une culture nouvelle et sans frontière. Nos discussions étaient vives et le son de nos voix et de nos rires résonnait au loin dans ce petit village oublié par la modernité.
Trois décennies se sont écoulées depuis ce voyage en Crète, mais ce souvenir, comme plusieurs autres, est resté vivant dans ma mémoire. Les panoramas de mer et de montagnes qu'offraient les routes sinueuses et presque désertes de la Crète des années soixante-dix sont restés gravés dans mon esprit.
J'avais parcouru ces routes dans des autobus d'une autre époque, des véhicules verts aux formes arrondies, où l'on grimpait par une porte située à l'arrière. Les vieilles Grecques, toutes de noir vêtues, faisaient frénétiquement le signe de croix avant d'y monter, ce qui n'était pas très rassurant.
À l'intérieur, nous étions accueillis par un vieil homme corpulent et bien assis derrière son minuscule bureau. Une fois le passage réglé, il criait «figue» pour annoncer au chauffeur, à l'autre bout du véhicule, qu'il pouvait enclencher sa première vitesse. Après un roucoulement, le véhicule se mettait péniblement en marche. Comme s'il appréhendait déjà la dure épreuve que lui réservait le relief de l'île.
Trente ans plus tard, j'eus l'idée de retourner sur l'île et de m'attaquer à ces mêmes routes, cette fois à vélo. Je fis quelques recherches sur le web pour voir les possibilités de circuits. Tout ce que je trouvai, c'est que faire du vélo en Crète n'est pas une bonne idée. D'après mes informations, la circulation est trop dense sur les routes du nord de l'île, tandis que le relief, sur la côte sud, présente un défi insurmontable.
Ma Crète à moi, c'est la côte sud : c'est là que Kazantzakis a planté le décor de son roman Zorba le Grec. C'est une terre rude, abrupte et sauvage où le héros, un Crétois exilé, vient fouiller les entrailles de la Terre à la recherche de ses racines. Son chef de mine, Zorba, est à l'image de ce paysage : viril, robuste, omniprésent et indomptable. Il est à l'opposé du héros, l'écrivain tourné vers la vie intérieure et la réflexion.
Un peu comme l'auteur, à l'époque de mes voyages de jeunesse, j'étais en recherche, mais sans vraiment savoir de quoi. Mes séjours en Crète ont marqué un passage important pour l'homme en devenir que j'étais. C'était une ouverture sur le monde. Un monde plus primitif que celui dont j'étais issu, mais aussi un monde où circulaient des voyageurs de plusieurs pays occidentaux. Ce qui était très exotique pour un jeune vivant dans son petit coin d'Amérique francophone replié sur lui-même. A l'époque, je vivais au fond d'un rang du Bas-Saint-Laurent dans un comté francophone à quatre-vingt-dix-neuf et demi pour cent !
À la fin des années soixante-dix, l île de Crète, située au sud de la péninsule grecque, est très prisée d une jeunesse en mal de liberté et de plaisir. Des milliers de jeunes, venus d Europe du Nord, mais aussi du Québec, s y retrouvent pour partager leur vision idéalisée du monde... et faire la fête. Daniel Berthiaume est un de ceux-là. Il passera deux hivers sur cette île, berceau de la civilisation minoenne. Trente ans plus tard, assagi, Daniel décide de retourner en Crète, mais cette fois-ci pour y faire du cyclotourisme... et marcher dans les traces de sa jeunesse. Dans Vélo blues, Daniel Berthiaume navigue sans cesse entre son périple sur les côtes escarpées de l île et ses souvenirs de jeunesse. Il fait partager aux lecteurs ses expériences de cyclotouriste et l évocation de cette première saison de la vie où se façonnent les chemins de l existence.
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- ÉditeurBertrand Dumont
- Date d'édition2011
- ISBN 10 2923382544
- ISBN 13 9782923382548
- ReliureBroché
- Nombre de pages134
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Vélo Blues : Cyclotourisme en Crête, Entre Mer et Montagne
Edité par
Bertrand Dumont
(2011)
ISBN 10 : 2923382544
ISBN 13 : 9782923382548
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