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Extrait :
- Esta ! Ça suffit !
L'ordre fut répété à coup de trompes, le front des cavaliers ralentit, puis s'immobilisa. Un silence inquiétant succéda au grondement des sabots, aux cris de fureur et de mort, au cliquetis des armes. Les chevaux fumaient comme au sortir d'une étuve ; fourbus, l'écume à la bouche, quelques-uns s'abattirent sur place. Pas un homme n'était indemne. Les plus valides, raidis sur leurs étriers pour ne pas tomber, tentaient d'évaluer la gravité de leurs blessures. Les autres, trop sérieusement navrés, s'écroulaient lourdement sur le sol, tels des épis soudainement fauchés. On vit même certains, le pied entravé, être traînés au grand galop par leur monture affolée ; ils rebondissaient comme des mannequins grotesques, bientôt désarticulés.
Leborgne se pencha vers Arnoul :
- J'ai cru que ça ne finirait jamais, seigneur ! Tout ce temps à batailler pour faire la peau à cette merdaille.
Le cousin du comte se retourna vers son second, et répliqua, rageur :
- Un bataillement, ça ! Certes non, une boucherie oui, plutôt une mazelerie ! Combien d'hommes avons-nous perdu, à ton avis ?
Leborgne, perplexe, repoussa son casque du pouce, essuya d'un revers de main la sueur mêlée de poussière qui engluait son oeil unique ; et après avoir tourné la tête de part et d'autre :
- Un sur deux ?... Pt' être plus...
Puis un nouveau cavalier venant de tomber :
- Et je ne donnerais pas un denier de ceux qui restent !
Les dernières silhouettes ennemies s'estompaient à l'horizon :
- Je ne pense pas qu'ils reviennent. Fais mettre pied à terre. Que tous se reposent avant de regagner le camp, sinon nous serons bien peu à revoir la Loire !
- Faudrait aussi s'occuper des chevaux ?
- Plus tard ! grogna Arnoul.
Excédé, il cherchait vainement de quoi essuyer la lame de son arme ensanglantée jusqu'à la garde. Y renonçant, il haussa les épaules et la remit telle quelle dans son fourreau.
Les hommes sitôt à terre, plantaient leur épée ou leur lance dans le sol pour entraver les montures. Ceux qui ne souffraient pas trop s'endormirent d'une pièce, ils n'avaient pas fermé l'oeil depuis deux jours et deux nuits.
Mais pour quelles raisons, tous ces guerriers étaient-ils venus s'affronter dans un combat féroce, à quelques dizaines de lieues au sud-est de l'antique cité de Metz ?
C'était la conséquence d'une guerre larvée, qui durait depuis des lustres, entre le duc des Francs, Hugues le Grand, et Louis le Quatrième, roi des Francs, celui qu'on disait «d'Outremer». Mais cette expédition était surtout une tentative désespérée de la part du duc, pour contrer une coalition, qui dressait désormais contre lui le roi de Germanie Otton, le roi des Francs, et Conrad roi de Bourgogne Transjurane. Ne pouvant faire face aux trois réunis, le duc avait donné l'ordre d'intercepter Conrad avant qu'il ne puisse rejoindre ses alliés.
En cet automne 946, l'Empire romain avait implosé depuis un demi-millénaire. De cette lointaine époque, seuls subsistaient des monuments imposants, que l'on avait accommodés selon les besoins du moment. Et que restait-il de l'empire de Charlemagne, plus proche dans le temps ? Peu de choses et beaucoup, cet immense conglomérat de peuples avait volé en éclats, dépecé par les luttes fratricides de ses descendants. Certes, l'usage de l'écriture avait repris quelque vigueur. L'art religieux comptait de nombreux chefs-d'oeuvre. Des abbayes prospères, enrichies par l'afflux constant des donations, exploitaient avec sagesse des domaines de plus en plus vastes. Ce, pendant que le savoir et la culture sommeillaient dans l'ombre des scriptoria où s'affairait une armée de copistes. Malgré le timide réveil de l'urbanisme, les cités du nord de la Gaule, efflanquées, parsemées de potagers et de friches, semblaient égarées entre les ruines de celles qui les avaient précédées. Une ville, c'était alors quelques milliers d'habitants : Aix-la-Chapelle, qui fut la glorieuse capitale de l'empereur, n'était qu'une bourgade. Paris, après s'être répandu sur les berges de la Seine, s'était frileusement replié à l'abri des murailles de son île, et Beauvais, siège d'un épiscopat, ne comptait plus que cinq cents âmes. La puissance de Rome s'était appuyée sur les cités, et depuis sa chute, elles étaient moribondes.
Revue de presse :
L'ordre fut répété à coup de trompes, le front des cavaliers ralentit, puis s'immobilisa. Un silence inquiétant succéda au grondement des sabots, aux cris de fureur et de mort, au cliquetis des armes. Les chevaux fumaient comme au sortir d'une étuve ; fourbus, l'écume à la bouche, quelques-uns s'abattirent sur place. Pas un homme n'était indemne. Les plus valides, raidis sur leurs étriers pour ne pas tomber, tentaient d'évaluer la gravité de leurs blessures. Les autres, trop sérieusement navrés, s'écroulaient lourdement sur le sol, tels des épis soudainement fauchés. On vit même certains, le pied entravé, être traînés au grand galop par leur monture affolée ; ils rebondissaient comme des mannequins grotesques, bientôt désarticulés.
Leborgne se pencha vers Arnoul :
- J'ai cru que ça ne finirait jamais, seigneur ! Tout ce temps à batailler pour faire la peau à cette merdaille.
Le cousin du comte se retourna vers son second, et répliqua, rageur :
- Un bataillement, ça ! Certes non, une boucherie oui, plutôt une mazelerie ! Combien d'hommes avons-nous perdu, à ton avis ?
Leborgne, perplexe, repoussa son casque du pouce, essuya d'un revers de main la sueur mêlée de poussière qui engluait son oeil unique ; et après avoir tourné la tête de part et d'autre :
- Un sur deux ?... Pt' être plus...
Puis un nouveau cavalier venant de tomber :
- Et je ne donnerais pas un denier de ceux qui restent !
Les dernières silhouettes ennemies s'estompaient à l'horizon :
- Je ne pense pas qu'ils reviennent. Fais mettre pied à terre. Que tous se reposent avant de regagner le camp, sinon nous serons bien peu à revoir la Loire !
- Faudrait aussi s'occuper des chevaux ?
- Plus tard ! grogna Arnoul.
Excédé, il cherchait vainement de quoi essuyer la lame de son arme ensanglantée jusqu'à la garde. Y renonçant, il haussa les épaules et la remit telle quelle dans son fourreau.
Les hommes sitôt à terre, plantaient leur épée ou leur lance dans le sol pour entraver les montures. Ceux qui ne souffraient pas trop s'endormirent d'une pièce, ils n'avaient pas fermé l'oeil depuis deux jours et deux nuits.
Mais pour quelles raisons, tous ces guerriers étaient-ils venus s'affronter dans un combat féroce, à quelques dizaines de lieues au sud-est de l'antique cité de Metz ?
C'était la conséquence d'une guerre larvée, qui durait depuis des lustres, entre le duc des Francs, Hugues le Grand, et Louis le Quatrième, roi des Francs, celui qu'on disait «d'Outremer». Mais cette expédition était surtout une tentative désespérée de la part du duc, pour contrer une coalition, qui dressait désormais contre lui le roi de Germanie Otton, le roi des Francs, et Conrad roi de Bourgogne Transjurane. Ne pouvant faire face aux trois réunis, le duc avait donné l'ordre d'intercepter Conrad avant qu'il ne puisse rejoindre ses alliés.
En cet automne 946, l'Empire romain avait implosé depuis un demi-millénaire. De cette lointaine époque, seuls subsistaient des monuments imposants, que l'on avait accommodés selon les besoins du moment. Et que restait-il de l'empire de Charlemagne, plus proche dans le temps ? Peu de choses et beaucoup, cet immense conglomérat de peuples avait volé en éclats, dépecé par les luttes fratricides de ses descendants. Certes, l'usage de l'écriture avait repris quelque vigueur. L'art religieux comptait de nombreux chefs-d'oeuvre. Des abbayes prospères, enrichies par l'afflux constant des donations, exploitaient avec sagesse des domaines de plus en plus vastes. Ce, pendant que le savoir et la culture sommeillaient dans l'ombre des scriptoria où s'affairait une armée de copistes. Malgré le timide réveil de l'urbanisme, les cités du nord de la Gaule, efflanquées, parsemées de potagers et de friches, semblaient égarées entre les ruines de celles qui les avaient précédées. Une ville, c'était alors quelques milliers d'habitants : Aix-la-Chapelle, qui fut la glorieuse capitale de l'empereur, n'était qu'une bourgade. Paris, après s'être répandu sur les berges de la Seine, s'était frileusement replié à l'abri des murailles de son île, et Beauvais, siège d'un épiscopat, ne comptait plus que cinq cents âmes. La puissance de Rome s'était appuyée sur les cités, et depuis sa chute, elles étaient moribondes.
Ce livre est bien plus qu un roman historique, c est un ouvrage de référence trépidant, palpitant et passionnant.... Quand le lecteur enfourche le destrier d un cavalier de l an mille, il traverse comme dans un rêve, un magnifique parcours découverte d histoire et il ne peut se détacher de sa lecture avant la fin de l épisode Claude Danis. Une grande épopée, une magnifique fresque Martine Cornil Tête à tête La première. Véritable petit bijou d histoire à rebondissement Brice Depasse Nostalgie. Ce n est pas le scénario d un feuilleton télévisé... mais cela pourrait bien en devenir un... tous les ingrédients pour recueillir le succès Paul Masson La dernière Heure. Exceptionnel L Événement. Un premier roman particulièrement réussi Pascal André Dimanche Express. Une vraie Saga Anne-Michèle Kremer Musique 3 Excellent ! La Libre Match. --Articles de presses
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- ÉditeurEditions du Lutrin
- Date d'édition2006
- ISBN 10 2952699402
- ISBN 13 9782952699402
- ReliureLivre broché
- Nombre de pages428
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Le secret des Forges
Edité par
Editions Du Lutrin
ISBN 10 : 2952699402
ISBN 13 : 9782952699402
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Les Cavaliers De L'an Mille. Vol. 1. Le Secret Des Forges : 946-974
Edité par
Les Ed. Du Lutrin
(2006)
ISBN 10 : 2952699402
ISBN 13 : 9782952699402
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Description du livre Etat : Bon. Merci, votre achat aide à financer des programmes de lutte contre l'illettrisme. N° de réf. du vendeur 4109202301063NAI12952699402
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