Extrait :
Le port de Rouen est né de la conjonction des eaux douces de la Seine et de la remontée du flot de la marée. Situé en fond d'estuaire, à cent kilomètres de la mer, enserré dans l'écrin des coteaux qui bornent l'horizon, c'est le plus terrien des ports de mer européens.
Dès l'origine, site naturel particulièrement favorable, d'accès relativement aisé malgré l'estuaire et mieux abrité que les ports du littoral, Rouen est un passage obligé de l'axe Rhône-Saône-Seine, qui traversée de l'isthme européen entre Méditerranée et Mer du Nord. A partir de l'époque ducale, le port participe aux échanges à l'intérieur du monde connu, comme aux découvertes des terres nouvelles. Entre le 16e et le 18e siècle, la ville, corsetée dans son enceinte, s'ouvre d'abord sur le quai qui devient un miroir du monde et le théâtre privilégié de la puissance urbaine.
Accompagnant les évolutions économiques et techniques de la navigation et du commerce, les infrastructures portuaires rouennaises ont connu une mutation importante à la fin du 19e siècle, qui a vu la création en Europe d'un paysage portuaire remodelé, industriel et technique, dont la grue et le vapeur ont été les symboles durables. Aujourd'hui, après qu'une nouvelle mutation de la logistique a fait migrer l'intense activité portuaire rouennaise en aval et a rendu à la ville les territoires du port de commerce du siècle dernier, il faut s'interroger sur la place des vestiges des activités et techniques passées. Au coeur de ces nouveaux territoires que la ville recompose aujourd'hui, bassin, quai, hangar, maison d'armateur, outil ou oeuvre d'art forment un patrimoine familier et méconnu qu'il convient de prendre en compte.
Cet ouvrage donne une large place aux documents illustrés. Avant la diffusion de la photographie au milieu du 19e siècle, dessins, peintures et gravures sont nos seules sources iconographiques. Il ne faut pas perdre de vue que leurs auteurs poursuivent des objectifs divers : portrait de ville, scène de genre, vue pittoresque, document technique, affiche publicitaire... et s'autorisent à faire oeuvre d'imagination, à idéaliser, à recomposer. On sait que le Livre des fontaines composé en 1526 présente comme achevés quelques édifices qui ne sont alors que des projets... Peint trois cents ans après, 'Avant-port de Rouen de Corot est à l'évidence localisé entre Rouen et Val-de-la-Haye. Il comporte tous les éléments caractéristiques du paysage fluvial du méandre : coteaux, île habitée, quai, petits navires fluviaux-maritimes et bateaux plats fluviaux. Mais aucun point de vue du fleuve ne présente ces différents éléments conjugués tels que Corot les figure.
Présentation de l'éditeur :
Le port de Rouen étend aujourd'hui ses terminaux jusqu'à l'estuaire. Modelé par les ingénieurs et les architectes à mesure des évolutions techniques de la navigation et du commerce, éprouvé par la guerre, plusieurs fois reconstruit, il a longtemps été situé au coeur même de la ville et son histoire a toujours été étroitement liée à celle de la cité. Ses bassins, ses quais et leurs bâtiments, maisons d'armateur, entrepôts, silos et hangars composent un paysage urbain unique.
Il a offert une source d'inspiration aux artistes, maîtres-verriers et enlumineurs anonymes du Moyen Âge ; aux peintres tels que Claude de Jongh, Louis Garneray, Camille Corot, Charles-Albert Lebourg, Camille Pissarro, Paul Signac ou Pierre Hodé ; aux photographes, Louis Chesneau ou Ellebé ou encore aux affichistes comme Bindle ou Max Camis.
Alors que la requalification des quartiers portuaires de l'agglomération rouennaise est engagée, ce livre témoigne de l'évolution de l'outil portuaire et de la perception de ses paysages.
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