Extrait :
Ce qu'en disait Ursule
(La voix d'une mère)
Sur terre, tout le monde a le droit de se plaindre. Les hommes, les femmes, les jeunes, les vieux, les animaux eux-mêmes se plaignent. De l'excès d'amour, de l'absence d'amour, de la famille, de la solitude, du travail, de l'ennui, du temps qui passe, du temps qu'il fait... Le monde râle, c'est ainsi.
Parmi toutes les espèces, il en existe une pourtant qui n'a pas le droit de se plaindre. Une seule. L'espèce des mères. À la rigueur, elles peuvent se mettre en colère. Mais pas gémir, c'est mal vu. Pourquoi ? Parce que grâce à leurs enfants, les mères baignent dans un oéan de bonheur. C'est connu.
Quelle hypocrisie ! Moi qui suis une mère, je le dis tout net : ces derniers temps, ma fille me met les nerfs en pelote. Elle me rend chèvre. Elle me fatigue.
J'ignore comment les choses se passent dans les familles normales. Elles ressemblent probablement à ce qui se passe chez nous. J'entends chez les sorcières. Sorcières : je n'aime pas le mot. Il sent le château fort et le bûcher, le bonnet pointu et le manche à balai, j'en passe et des meilleures. Tout un folklore désuet qui date du Moyen Age.
Moi, de ma vie, je n'ai jamais porté de chapeau, et encore moins de chapeau pointu. Pointu pour pointu, je préfère les escarpins à très hauts talons. Quant au balai volant, laissez-moi rire. Quand je veux voler, je prends l'avion comme tout le monde.
D'ailleurs, toute sorcière que je sois, personne ne pourrait me reconnaître, à la porte de l'école, dans le petit tas de mères qui poireautent en attendant la sortie des classes. Je ressemble à Madame N'importe Qui. Enfin, je crois... Je n'ai jamais vérifié : je n'attends pas ma fille à la sortie des classes.
Faire comme les autres, ce n'est pas mon genre. Je suis vraiment différente. Je peux vraiment faire un tas de choses dont le commun des mères n'a même pas idée. Faire pleuvoir ou faire neiger. Donner la varicelle et le coryza. Transformer un chien en tabouret. Me faire livrer par le supermarché sans passer de commande. M'abonner au câble sans payer. Et je n'évoque pas les pouvoirs très extraordinaires, tellement extraordinaires qu'il est interdit d'en parler.
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Son papa voulait la baptiser Rose. Elle aurait aussi pu s'appeler Violette. Mais sa maman est violemment anticonformiste. Normal, c'est une sorcière. Alors, exit le papa, elle a choisi de nommer sa fille, héritière de ses pouvoirs... Verte. Pas facile à porter quand on voudrait surtout être une petite fille comme les autres et ne jamais fabriquer de bouillons bizarres. Heureusement, Verte a une mamie, sorcière aussi, mais plus tolérante.
Chacun des protagonistes fait progresser l'histoire en la racontant à sa façon et de son point de vue. S'expriment ainsi successivement Ursule (la maman), Anastabotte (la grand-mère), Verte (la fille), Soufi (un garçon), puis Ursule à nouveau pour la conclusion. Sous couvert d'histoire de sorcières (bien aimées), ce livre parle du passage de l'enfance à l'adolescence, de la construction de la personnalité, des premiers émois amoureux, des rapports entre générations, du rôle des parents. Et réveille la sorcière qui sommeille en nous tous, en faisant aussi beaucoup rire. --Pascale Wester
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