Livres anciens, rares et de collection
Guide pratique du bibliophile

Types de reliures

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L’art de la reliure répond à un des besoins les plus essentiels qui est de conserver et protéger les inventions et pensées de l’esprit à travers le temps.

La reliure d’un livre décrit le matériel qui est utilisé pour produire la couverture avant et arrière d’un livre. Les livres peuvent être reliés de différentes manières avec divers matériaux comme le papier, la toile, le cuir et même parfois le métal afin de leur donner un coté plus esthétique ou d’augmenter leur longévité de conservation.

De nos jours, on a l’habitude de dire que la reliure originale d’un livre est de qualité supérieure à la plupart des reliures qui ont été apposées par la suite. La principale exception à cette règle arrive lorsque le livre a été relié à nouveau par un prestigieux relieur, dans ce cas c’est la reliure qui donne de la valeur au livre.

Toutefois, ce n’est pas toujours le cas. A l’apogée de la révolution industrielle, la plupart des propriétaires de livres pensaient que la plupart des  ouvrages de valeur devaient être à nouveau reliés, généralement avec du cuir, afin de faire partie de leurs collections personnelles. Cela signifie  que les livres de cette époque et même d’avant (quand les propriétaires étaient riches et privilégiés), ont parfois été recouverts et que leur reliure d’origine peut être d’autant plus rare.

Les relieurs célèbres

La reliure d’un livre décrit le type de matériel utilisé pour créer la couverture de ce dernier. Le rôle du relieur a un côté très fonctionnel du fait qu’il doive s’assurer que le livre soit couvert avec n’importe quel type de matériau afin de le protéger, mais pour certains d’entre eux, la reliure est effectué avec une telle créativité que les collectionneurs chercheront les livres reliés par un seul artiste relieur. Les relieurs ci-dessous figurent parmi les plus célèbres dans le monde entier.

Relieurs français

Auguste du Seuil et la reliure dite à la « du Seuil », XVIIIème siècle
La carrière de Du Seuil (1673-1746) commence lorsqu’il épouse Françoise, la fille de Philippe Padeloup, grand relieur parisien. A la mort de celle-ci en 1714, Du Seuil est désigné comme « relieur de Monseigneur et de Madame la Duchesse de Berry ». Cette dernière jouera un rôle important dans sa carrière en lui confiant un grand nombre de volumes et en intervenant pour qu’il soit reconnu. Dès lors, l’atelier Du Seuil connût un essor considérable, écoulant ses reliures aussi bien en France qu’à l’étranger.

L’artiste ne signe pas ses travaux ; c’est pourquoi il est difficile de les identifier. La reliure « à la du seuil » se caractérise par deux encadrements de filets dorés sur les plats, avec des fleurons aux angles de chacun, un dos à nerfs apparents et le cuir utilisé en général est la basane brune ou rouge. L’appellation est utilisée de façon plus courante, pour toutes les reliures anciennes comportant les mêmes caractéristiques.

Les Simier, « relieurs du roi » XIXème siècle
René Simier (1772-1843) fut, avec Thouvenin et Purgold, le grand nom de la reliure de la Restauration. Son fils Alphonse (1796-1859), prenant en 1823 la tête de l’atelier du 152, rue Saint-Honoré, perpétua le renom de la maison jusqu’en 1848. René Simier débuta comme ouvrier dans l’imprimerie mancelle de Maudet. « Monté » à Paris, il se mit à son compte, sans doute vers 1800. Son atelier acquit rapidement de la notoriété puisque Simier reçut le titre de relieur de l’Impératrice Marie-Louise puis, à la Restauration, celui de « relieur du roi d’où les signatures sur toutes ses reliures « Simier du Roi »

La maison Simier qui comptait, en 1827, 25 ouvriers, travailla, à côté de la production courante, pour des bibliophiles exigeants comme la duchesse de Berry. En qualité de relieurs du roi, les Simier honorèrent des commandes officielles comme la reliure des ouvrages placés dans la statue de Henri IV rétablie sur le Pont-Neuf en 1818, ou bien celle des livres échangés en 1834 entre les Chambres françaises et le Parlement anglais.

La production des Simier qui fut récompensée de nombreuses fois lors des expositions universelles, étaient d’une rare perfection technique. À l’aise dans tous les types de décor, les Simier jouèrent un rôle moteur dans les évolutions stylistiques et techniques du temps.

La maison Gruel-Engelmann, trois générations de relieurs XIX-XXème siècle
Trois générations de Gruel se sont succédées dans l'atelier familial situé dans le quartier de la Madeleine à Paris. Isidore Desforges est le beau-père de Paul Gruel et le fondateur de l’atelier en 1811. A sa mort, son gendre, bien que graveur de formation, lui succède. Apres le décès, en 1846, de Paul Gruel, sa veuve poursuit l'activité, participe aux expositions et notamment à celle de 1849 où elle obtient une médaille de bronze. En 1850, la veuve Gruel se remarie avec le lithographe Jean Engelmann et la maison Gruel devient, dès lors, Gruel-Engelmann. De son premier mariage avec Paul Gruel, elle eut un fils, Léon Gruel, né en 1840. De son second mariage naîtront deux fils, Edmond et Robert Engelmann. Lorsque meurt Engelmann en 1875, elle forme avec ses trois fils une des plus importantes maisons de reliure de la capitale. Cette collaboration dure jusqu'en 1891, date à laquelle Léon Gruel devient l'unique propriétaire. Il transfère son atelier rue Saint Honoré. En 1896 disparaît Madame Engelmann puis en 1901 Léon Gruel. Son fils, Paul Gruel, né en 1864, reprend l'atelier et en fait la première maison de reliure de Paris. Grand collectionneur de livres anciens, il constitue une des plus belles collections qu'il lèguera au musée Carnavalet. Lorsqu'il meurt en 1923, son fils prénommé Paul reprendra la maison pendant 50 ans…

Relieurs étrangers

Joseph Zaehnsdorf
Joseph Zaehnsdorf était un relieur du XIXème siècle originaire de Budapest et qui fonda son propre atelier de reliure à Londres. Il gagna de nombreuses récompenses et fut longuement couvert d’éloges dans toute l’Europe.

L’atelier Bayntun Riviere
Robert Riviere et George Bayntun fondèrent en Angleterre, en 1829, un atelier de reliure à l’ancienne où les livres étaient reliés à la main. Ce commerce existe toujours et appartient à la famille de Riviere. Ils continuent de perpétrer la tradition de la reliure à la main et se plaisent à dire qu’ils possèdent la plus grande collection d’outils utilisés pour la reliure manuelle.

Cedric Chivers
Cedric Chivers créa la plus grande et la plus célèbre des maisons de reliure du monde entier avec des ateliers et des employés en Angleterre mais aussi à New York à partir du début du XXème siècle. Chivers fut particulièrement connu pour son travail avec le vélin, peau de veau mort-né.

Emilio Brugalla
Brugalla créait ses reliures comme des œuvres d’art, accordant de l’attention aux moindres détails et s’appliquant à ce que la reliure ne se détériore pas au fil du temps et que l’ouverture du livre soit facile… Il est né à Barcelone en 1901, et commença  sa carrière de relieur à l’âge de 12 ans, lorsqu’il était apprenti à l’atelier Gibert Reig y Trillas. En 1931, il crée son propre atelier. Son succès le mena à donner de nombreuses conférences partout dans le monde et à écrire divers livres.

Les types de reliure

La toile originale
A partir de 1830, les éditeurs ont commencé à relier leurs livres avec de la toile comme alternative aux couvertures simples (lorsque les plats étaient nus). Ce qui était à l’origine une nouveauté et un moyen publicitaire de différenciation des livres devint très vite la norme. Les acheteurs commencèrent à considérer les reliures en toile comme des alternatives bas-de-gamme pour recouvrir leurs livres, et, de ce fait, le nombre de personnes utilisant cette technique diminua considérablement. Les termes de « toile d’origine », « toile d’éditeur » ou de « toile d’édition » font tous référence à des tirages dont la reliure originale était, et resta, en toile.

Les jaquettes
La jaquette est la couverture de papier enveloppant les bords d’un livre. Ce type de reliure commença à être utilisé à la fin du XIXème siècle alors qu’il était à l’origine destiné à être jeté ; servant à protéger le livre avant d’atteindre son point de vente. Jusqu’en 1920, on se débarrassait généralement des jaquettes. Par la suite, la collection des éditions originales modernes devint populaire, de même que les jaquettes participaient à élever l’intérêt porté à un livre.

Broché
Les plats originaux ou couverture originale sont les reliures qu’un éditeur utilisait initialement pour relier un livre. Ce type de reliure concerne les livres publiés entre 1700 et 1830 lorsqu’il était à la mode de collectionner tous les livres reliés par une librairie en particulier.

Les feuilles originales
La feuille de couverture est un plat fait de papier plutôt que d’un autre matériau plus épais (pensez aux couvertures des livres de poche). Ce genre de reliure était très utilisé au XVIIIème siècle pour les romans à épisodes, les pamphlets ou autre volumes assez fins.

Le cuir
Le cuir est la matière de prédilection en reliure pour ses qualités de résistance et de solidité mais aussi d’esthétique. Afin d'être utilisable en reliure, les peaux allaient au-delà d'un processus long et complexe qui consistait notamment à les nettoyer, épiler, égaliser, tanner (transformer en cuir), teinter... Elles pouvaient ainsi adopter un aspect différent comme par exemple, le veau granité qui a de petites taches noires... Il était aussi possible d'y apposer des estampes ; résultats de l'impression d'une gravure sur bois.

Les différents types de cuir et leurs décorations

Le vélin
Le vélin est fabriqué à partir de la peau de veau (ou de mouton ou de chèvre par la suite) mort-né, très fine et douce, recherchée pour sa blancheur. C’est le cuir le plus remarquable qui soit utilisé en reliure d’où son coût conséquent.
Le veau
Le veau est l’un des cuirs les plus usuels en reliure. Ces reliures ont une surface lisse, sans grain. La couleur naturelle du veau est le brun clair mais il peut aussi être traité afin d’obtenir les effets suivants.

Un dessin fait de carrés ou de diamants peut être incrusté dans le cuir.
Le cuir est taché avec un acide dilué afin de produire un effet tourbillonnant d’inspiration minérale.
C'est un type de marbrure. La surface a été parsemée de fines taches coloriées afin d'imiter la roche porphyre.
A l'apparence du jaspe qui est une pierre colorée en brun, rouge ou vert.
On utilise la même solution acide que pour la marbrure mais les motifs sont cette fois d’inspiration végétale.
Le veau est lustré afin d’obtenir une surface lisse et brillante.
Lorsque la face intérieure de la peau de veau est tournée vers l'extérieur.
On fixe un acide rouge et vert afin d’obtenir des taches colorées sur la peau de la reliure.

Le maroquin
Les reliures en maroquin sont apparues en Europe au début du XVIème siècle. Elles sont généralement teintes dans des couleurs originales comme le vert, le bleu ou le rouge. Les reliures en maroquin sont faites en peau de chèvre et sont intéressantes pour leur propriété de longue conservation, de même que pour leur apparence agréable. Ce type de reliure est d’origine marocaine mais aujourd’hui le nom ne fait référence à aucune situation géographique quelconque.

La surface du cuir est aplatie grâce à une sorte de pressage, laminage ou repassage jusqu’à ce que tous les grains sur la peau disparaissent
C’est un style très élégant de maroquin qui a un grain très gros et est généralement poli. Le maroquin naturel est considéré comme celui de plus grande valeur.
Nommé ainsi pour ses origines de l’ouest de l’Afrique, le cuir est très élastique et a un grain très subtil et fin obtenu après frottement.
Cette technique est obtenue par humidification de la peau afin de lui donner artificiellement un grain parallèle. Ce style fut popularisé à la fin du XVIIIème siècle et au début du XIXème.

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