Extrait :
Extrait de l'avant-propos
En 1884, à Médan, Émile Zola s'est expliqué, dans une préface, sur les conditions dans lesquelles, presque vingt ans plus tôt, il avait rédigé Les Mystères de Marseille : «C'était en 1867, aux temps difficiles de mes débuts. Il n'y avait pas chez moi du pain tous les jours. Or, dans un de ces moments de misère noire, le directeur d'une petite feuille marseillaise : Le Messager de Provence, était venu me proposer une affaire, une idée à lui, sur laquelle il comptait pour lancer son journal. Il s'agissait d'écrire, sous ce titre : Les Mystères de Marseille, un roman dont il devait fournir les éléments historiques, en fouillant lui-même les greffes des tribunaux de Marseille et d'Aix, afin d'y copier les pièces des grandes affaires locales, qui avaient passionné ces villes depuis cinquante ans.» Et Zola d'ajouter : «Cette idée de journaliste n'était pas plus sotte qu'une autre, et le malheur a été sans doute qu'il ne fût pas tombé sur un fabricant de feuilleton, ayant le don des vastes machines romanesques.»
Dans cette préface, Zola est d'une grande lucidité sur les défauts d'une oeuvre dont il avait donné une première réédition en 1873 sous le pseudonyme d'Agrippa et le titre Un duel social. Engagé dans l'énorme aventure des Rougon-Macquart, peut-être exagère-t-il les insuffisances de cet ouvrage «alimentaire» écrit en marge de sa première grande production romanesque : Thérèse Raquin : «En même temps j'écrivais Thérèse Raquin, qui devait me rapporter cinq cents francs dans L'Artiste; et lorsque, le matin, j'avais mis parfois quatre heures pour trouver deux pages de ce roman, je bâclais l'après-midi, en une heure, les sept ou huit pages des Mystères de Marseille. Ma journée était gagnée, je pouvais manger le soir.»
Mais comment imaginer que le texte des Mystères de Marseille soit entièrement dépourvu des qualités propres aux grandes oeuvres de Zola ? N'avoue-t-il pas lui-même, dans cette préface, que ce travail à «deux sous la ligne» a joué un rôle décisif dans l'élaboration de sa méthode romanesque ? C'est à cette occasion qu'il aurait découvert sa technique documentaire, prélude de sa conception expérimentale : «comme je relisais les épreuves, ces jours-ci, j'ai été frappé du hasard qui, à un moment où je me cherchais encore, m'a fait écrire cette oeuvre de pur métier, et de mauvais métier sur tout un ensemble de documents exacts. Plus tard, pour mes oeuvres littéraires, je n'ai pas suivi d'autre méthode.»
Présentation de l'éditeur :
- La bibliographie de l'auteur - Les Mystères de Marseille est l’histoire des amours de « Philippe Cayol, pauvre, sans titre, et républicain pour comble de vulgarité » avec la jeune Blanche de Cazalis, la nièce de « M. de Cazalis, député, millionnaire, maître tout-puissant dans Marseille ». Le frère de Philippe, Marius, qui « avait pris la tâche pénible, dans la famille, laissant son frère obéir à ses instincts ambitieux et passionnés », va s’attacher à protéger les deux amants – et l’enfant auquel a donné naissance Blanche avant d’entrer dans un couvent – de la colère de Cazalis
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