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Extrait :
Ouvertures
En 322 avant J.-C., Démosthène, le plus célèbre orateur grec, se suicida, dit-on, en avalant du poison caché dans le roseau qui lui servait à écrire. À la mort d'Alexandre le Grand, les cités grecques se révoltèrent contre la domination de la Macédoine. La répression fut terrible. Les Macédoniens imposèrent des conditions très sévères aux Athéniens, notamment l'obligation de livrer certains de leurs orateurs. Démosthène avait ardemment combattu à l'assemblée athénienne les visées impérialistes du roi Philippe de Macédoine, puis de son fils, Alexandre. Philippe comparait Démosthène à un bataillon de soldats ennemis, tant ses discours étaient déterminants. Démosthène se suicida juste avant d'être capturé. Son collègue Hypéride eut la langue tranchée avant d'être mis à mort.
L'art du discours, une invention grecque
Ulysse et les paroles ailées
Les premiers à réfléchir au pouvoir de la parole au point de fonder une véritable science du discours furent les Grecs de l'Antiquité. Dès leurs premières épopées, Y Iliade et l'Odyssée, ils imaginèrent des héros qui n'étaient pas seulement des hommes d'action mais aussi des maîtres de la parole. De la bouche du sage Nestor, par exemple, coulent des paroles plus «douces que le miel». Les mots d'Ulysse, quant à eux, sont «pareils aux flocons de neige en hiver» et, lorsqu'il parle, plus personne ne peut rivaliser avec lui. La valeur au combat se conjugue donc à l'éloquence chez les plus grands héros. Dans les cimes éthérées de l'Olympe, les dieux eux-mêmes se transforment volontiers en orateurs. Ils se disputent, argumentent les uns contre les autres, se brouillent et parfois s'accordent. L'Illiade est d'ailleurs composée presque pour moitié de discours directs prononcés par les héros ou par les dieux. Assemblées, conseils, missions diplomatiques, débats, interrogations, négociations, supplications, célébrations, les occasions sont nombreuses où les personnages de l'épopée manifestent leur valeur par des «paroles ailées».
En Sicile, au v siècle avant J.-C.
Selon la légende grecque, l'art de persuader par le discours serait né en Sicile, au Ve siècle avant J.-C. Après la chute de la tyrannie, la population intenta des actions en justice pour récupérer les biens spoliés par le tyran. Les avocats n'existaient pas. Un certain Corax et son disciple Tisias entreprirent de publier un recueil de préceptes afin d'aider les habitants à prononcer des discours efficaces, capables de persuader les juges. Cette nouvelle science du discours, la rhétorique, se serait ensuite répandue à Athènes où les hommes politiques et les philosophes la cultivèrent à un degré inégalé. Les Grecs associent donc les débuts de la rhétorique à la fin de la tyrannie et à la justice. Ce n'est pas un hasard si la civilisation qui inventa la science du discours fut aussi celle qui inventa la démocratie.
Parole publique et démocratie
Parler avant d'agir - Dans la démocratie athénienne, à partir du Ve siècle avant J.-C., l'autorité n'appartient plus à un roi; les citoyens sont juges et décident des orientations politiques. En grec, un seul et même mot désigne la parole et la raison : logos. C'est par le débat public et l'argumentation que les choix sont présentés et que les décisions raisonnables s'imposent. Le discours joue donc un rôle très important dans la vie publique. Faire de la politique exige de savoir manier la parole. Démosthène était conscient de l'originalité d'un régime politique qui «repose sur la parole», même s'il trouvait parfois que ses concitoyens aimaient tellement discuter qu'ils en oubliaient d'agir. Périclès, le grand dirigeant grec du v siècle avant J.-C., affirmait :
«Nous ne sommes pas de ceux qui pensent que les paroles nuisent à l'action. Nous estimons plutôt qu'il est dangereux de passer aux actes, avant que la discussion nous ait éclairés sur ce qu'il y a à faire.»
Présentation de l'éditeur :
En 322 avant J.-C., Démosthène, le plus célèbre orateur grec, se suicida, dit-on, en avalant du poison caché dans le roseau qui lui servait à écrire. À la mort d'Alexandre le Grand, les cités grecques se révoltèrent contre la domination de la Macédoine. La répression fut terrible. Les Macédoniens imposèrent des conditions très sévères aux Athéniens, notamment l'obligation de livrer certains de leurs orateurs. Démosthène avait ardemment combattu à l'assemblée athénienne les visées impérialistes du roi Philippe de Macédoine, puis de son fils, Alexandre. Philippe comparait Démosthène à un bataillon de soldats ennemis, tant ses discours étaient déterminants. Démosthène se suicida juste avant d'être capturé. Son collègue Hypéride eut la langue tranchée avant d'être mis à mort.
L'art du discours, une invention grecque
Ulysse et les paroles ailées
Les premiers à réfléchir au pouvoir de la parole au point de fonder une véritable science du discours furent les Grecs de l'Antiquité. Dès leurs premières épopées, Y Iliade et l'Odyssée, ils imaginèrent des héros qui n'étaient pas seulement des hommes d'action mais aussi des maîtres de la parole. De la bouche du sage Nestor, par exemple, coulent des paroles plus «douces que le miel». Les mots d'Ulysse, quant à eux, sont «pareils aux flocons de neige en hiver» et, lorsqu'il parle, plus personne ne peut rivaliser avec lui. La valeur au combat se conjugue donc à l'éloquence chez les plus grands héros. Dans les cimes éthérées de l'Olympe, les dieux eux-mêmes se transforment volontiers en orateurs. Ils se disputent, argumentent les uns contre les autres, se brouillent et parfois s'accordent. L'Illiade est d'ailleurs composée presque pour moitié de discours directs prononcés par les héros ou par les dieux. Assemblées, conseils, missions diplomatiques, débats, interrogations, négociations, supplications, célébrations, les occasions sont nombreuses où les personnages de l'épopée manifestent leur valeur par des «paroles ailées».
En Sicile, au v siècle avant J.-C.
Selon la légende grecque, l'art de persuader par le discours serait né en Sicile, au Ve siècle avant J.-C. Après la chute de la tyrannie, la population intenta des actions en justice pour récupérer les biens spoliés par le tyran. Les avocats n'existaient pas. Un certain Corax et son disciple Tisias entreprirent de publier un recueil de préceptes afin d'aider les habitants à prononcer des discours efficaces, capables de persuader les juges. Cette nouvelle science du discours, la rhétorique, se serait ensuite répandue à Athènes où les hommes politiques et les philosophes la cultivèrent à un degré inégalé. Les Grecs associent donc les débuts de la rhétorique à la fin de la tyrannie et à la justice. Ce n'est pas un hasard si la civilisation qui inventa la science du discours fut aussi celle qui inventa la démocratie.
Parole publique et démocratie
Parler avant d'agir - Dans la démocratie athénienne, à partir du Ve siècle avant J.-C., l'autorité n'appartient plus à un roi; les citoyens sont juges et décident des orientations politiques. En grec, un seul et même mot désigne la parole et la raison : logos. C'est par le débat public et l'argumentation que les choix sont présentés et que les décisions raisonnables s'imposent. Le discours joue donc un rôle très important dans la vie publique. Faire de la politique exige de savoir manier la parole. Démosthène était conscient de l'originalité d'un régime politique qui «repose sur la parole», même s'il trouvait parfois que ses concitoyens aimaient tellement discuter qu'ils en oubliaient d'agir. Périclès, le grand dirigeant grec du v siècle avant J.-C., affirmait :
«Nous ne sommes pas de ceux qui pensent que les paroles nuisent à l'action. Nous estimons plutôt qu'il est dangereux de passer aux actes, avant que la discussion nous ait éclairés sur ce qu'il y a à faire.»
De Victor Hugo à Václav Havel, de Cicéron à Martin Luther King, d'Emile Zola à Elie Wiesel, seize orateurs prennent la parole. Débats parlementaires, allocutions télévisées, procès, commémorations, l'art du discours joue un rôle essentiel dans la vie publique. Mais comment persuader un auditoire ? Comment faire valoir ses idées ? Comment réfuter celles des autres ? Avocat, dirigeant politique ou intellectuel engagé, chaque orateur montre à sa manière que parler c'est agir et que les discours peuvent changer le monde.
L'accompagnement pédagogique propose une initiation au riche héritage de la rhétorique, s'intéresse au rôle de l'argumentation et du débat dans la vie démocratique, analyse les stratégies persuasives de discours célèbres et invite à réfléchir aux dérives démagogiques de l'art oratoire. Un texte littéraire (roman, poésie, théâtre) vient illustrer dans chaque Arrêt la pertinence des modèles rhétoriques pour la lecture des oeuvres littéraires.
Anthologie (17 textes) recommandée pour la classe de troisième.
L'accompagnement pédagogique propose une initiation au riche héritage de la rhétorique, s'intéresse au rôle de l'argumentation et du débat dans la vie démocratique, analyse les stratégies persuasives de discours célèbres et invite à réfléchir aux dérives démagogiques de l'art oratoire. Un texte littéraire (roman, poésie, théâtre) vient illustrer dans chaque Arrêt la pertinence des modèles rhétoriques pour la lecture des oeuvres littéraires.
Anthologie (17 textes) recommandée pour la classe de troisième.
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- ÉditeurGallimard Éducation
- Date d'édition2007
- ISBN 10 2070345548
- ISBN 13 9782070345540
- ReliurePoche
- Nombre de pages176
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L'Art Du Discours (French Edition) [FRENCH LANGUAGE - Soft Cover ]
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Gallimard
(2007)
ISBN 10 : 2070345548
ISBN 13 : 9782070345540
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