Extrait :
Lundi 1er janvier
C'est toujours impressionnant, un Ier janvier. On se demande de quoi sera faite l'année qui commence. Pour moi, 1855 est celle de mes quinze ans. Exactement, j'aurai quinze ans le 16 octobre. J'espère qu'à partir de ce moment-là on ne me traitera plus en petite fille.
Grand-mère Renaudier n'y parviendra sans doute qu'à moitié. Aujourd'hui, jour des étrennes, j'avais peur, pendant que nous nous rendions tous chez elle, rue Croix-des-Petits-Champs, qu'elle ait encore imaginé de m'offrir une poupée, comme l'année dernière.
Pauvre chère Grand-mère, derrière ses lunettes rondes, elle ne voit pas le temps passer !
Eh bien, non ! c'est à ma soeur qu'elle a offert la maintenant traditionnelle, l'inévitable poupée Jumeau. Tête de porcelaine, robe en satin rose, c'est joli, oui, oui, c'est joli ! Adeline a fait semblant d'être contente. Avec elle, on ne sait jamais.
Il faut dire qu'il y a déjà quatorze poupées à la maison, un peu estropiées, un peu ou beaucoup défraîchies suivant l'âge auquel elles nous ont été données, le nombre de bains qu'elles ont endurés et de fessées qu'elles ont reçues. Que voulez-vous, la poupée n'est pas seulement un jouet pour une petite fille. En lui confectionnant un trousseau, en repassant au fer tiède les collerettes et les casaquins, on apprend à devenir une bonne mère et une bonne maîtresse de maison, même si, plus tard, c'est la lingère qui repasse les collerettes et la couturière qui coud les robes et les casaquins.
Mon petit frère a eu un cheval en carton. Tant mieux ! Toute la famille redoutait le tambour et la trompette de l'année dernière.
Et moi ? Grand-mère avait choisi pour moi un plumier en bois d'ébène avec des incrustations de nacre. A croire qu'elle avait deviné que j'entreprends aujourd'hui la rédaction de mon journal secret.
Très secret.
Ce plumier, il me plaît. Vraiment !
Grand-mère avait fait préparer un goûter comme je les aime, avec des macarons de chez Bertrand, le fournisseur attitré de la princesse Mathilde, qui est la cousine de l'Empereur. Rien que ça ! ! Il y avait aussi des marrons glacés dans de jolies boîtes dorées, des bonbons-coquelicots au goût de cerise. Et puis du chocolat dans le vieux, vieux service en porcelaine anglaise, avec la recommandation de surtout, surtout ne rien casser.
Présentation de l'éditeur :
Partage le journal intime de Charlotte, et découvre avec elle la vie parisienne à l'époque de Napoléon III.
«Juillet 1855. Papa a tenu sa promesse : nous sommes ailes tous les deux à l'Exposition universelle. Il m'a fait remarquer que, sans cette mode absurde des crinolines, le double de public aurait pu entrer.
Mon journal, je ne te dirai pas tout ce que nous avons admiré. Nous avons voyagé dans le monde entier. Je ne savais où donner du regard, la tête pleine de bruits, de parfums étranges, de couleurs. Je me sentais un peu étourdie, mais j'étais avec mon papa au milieu d'une fête somptueuse que je n'aurais jamais imaginée, même clans mes rêves les plus extravagants.»
Jean-Côme Noguès est né à Castelnaudary dans l'Aude. Après une carrière d'enseignant à Paris, il a retrouvé sa terre natale. Dès qu'il a commencé à écrire, il a voulu retrouver les émotions que certains livres lui ont laissées lorsqu'il était un collégien avide de lecture. C'est pourquoi les héros enfants se sont imposés à lui. Mais il écrit pour des lecteurs de tous âges des histoires que les jeunes peuvent sentir et partager.
° La presse en parle
«L'excellente et instructive collection de romans historiques Mon Histoire conte, sous forme de journal intime, les combats de jeunes filles à l'aube de leur vie, dans une période historique troublée ou en pleine mutation.»
Pariscope
«Un récit historique aussi prenant qu'instructif.»
Libbylit (au sujet de Luern ou l'Hiver des Celtes)
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