Revue de presse :
Les rock-critics sont à la bonne ces derniers temps. Même Le Monde et le soporifique Magazine littéraire leur consacrent suppléments ou numéros spéciaux. Ça tombe bien puisque c’est aussi l’année de l’américain Greil Marcus (Rolling Stone, Creem), éminent représentant de cette race d’écrivains et d’intellos qui défroquèrent pour peindre et analyser l’histoire Rock.
Deux de ses ouvrages sont enfin traduits, Mystery Train et La République invisible. Deux manières pour celui qui dressa dans le génial Lipstick Traces le portrait de l’aventure Punk, de composer une historiographie de l’Amérique à travers ses mythes électriques, en passant de Presley à Sly Stone, Randy Newman, Bob Dylan, et autres héros, restés dans l’ombre, tel l’incroyable Harmonica Frank. Toute la saveur du travail de Greil Marcus réside dans sa capacité - éminemment subjective - à provoquer des rapprochements, des connexions, inattendues, entre les héros du rock et Melville, Twain... Si les Sex Pistols sont à ses yeux l’incarnation du situationnisme ou encore du dadaïsme, Elvis, dans un geste «lincolnien», apparaît comme le premier trait d’union, miraculeusement posé, entre le Sud fiévreux, dingue, et le Nord protestant. La démonstration est plus dure à avaler dans La République invisible, où Marcus se consacre à Dylan et l’enregistrement de son album mythique Basement Tapes - un texte obscur, plein d’excavations, presque un ouvrage de «cinéphile».
Esprit patient et tenace, Greil Marcus ne suit pas les éclats de voix et les razzias lyriques de son congénère anglais Nik Cohn, il creuse des sillons, cherchant les origines de son pays dans des aventures et des visages sans lendemain. Ses fresques, aussi savantes soient-elles, ne versent pas pour autant dans la langueur universitaire et conservent toujours un parfum d’irréalité et de fantasme, d’onirisme, comme ce fameux Mystery Train, chanté par Elvis et qui, sous la plume de Marcus, devient un symbole quasi nietzschéen : «Une métaphore du destin et du désir». --Stéphane Malterre -- Urbuz.com
Quatrième de couverture :
1967, l'Amérique est doublement en guerre. À l'extérieur avec la guerre du Vietnam, à l'intérieur avec les émeutes raciales et le « Summer of love » californien. Le pays « où tout est possible » est en train de sombrer.1967, Bob Dylan enregistre en secret, dans le sous-sol d'une maison de Woodstock nommée Big Pink, ce qui deviendra les mythiques Basement Tapes (les bandes du sous-sol). Il incarne cette Amérique déchirée. Déjà, deux ans plus tôt, au festival de Newport, le fantôme de l'électricié s'est emparé du chanteur et son public ne le supporte pas. Celui qui représentait jusqu'alors la renaissance du folk américain et de son rêve de paix devient le prophète d'une révolution en marche.Greil Marcus met en lumière la violence et la démesure de la réaction suscitée par le virage qui valut à Dylan d'être traité de « Judas ». Les Basement Tapes sont le reflet d'un pays clandestin, d'une république invisible qui cherche ses racines dans une tradition orale muant au gré des secousses du grand drame américain.
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