On accuse Socrate de corrompre, par son art du dialogue, la jeunesse athénienne. On lui reproche de détourner les jeunes gens des opinions communes et de mettre ainsi en question les pouvoirs traditionnels. Platon raconte dans son
Apologie le procès au terme duquel son maître fut condamné à mort. Il rapporte la manière dont celui-ci, refusant de recourir au service d'un professionnel de la persuasion, prit en main lui-même sa défense. En choisissant de faire de sa plaidoirie un plaidoyer pour la philosophie, Socrate savait qu'il se condamnait. Refusant de renier la pratique qui donna sens à toute son existence, il préféra mourir en accord avec lui-même. Cette attitude courageuse marqua les esprits. Elle reste aujourd'hui encore la figure fondatrice qui rappelle au philosophe le sens de sa vocation.
S'"il faut se rappeler Socrate", comme l'écrit Merleau-Ponty, c'est pour se souvenir que le choix de penser n'est pas celui, intellectuel, d'acquérir des savoirs, mais celui, éthique, de cheminer librement et d'aller jusqu'au bout d'une quête de sens. --Émilio Balturi
En 399 avant Jésus-Christ, à Athènes, Socrate comparut devant le Tribunal de la cité. Accusé de ne pas reconnaître l'existence des dieux traditionnels, de créer de nouvelles divinités et de corrompre la jeunesse, il fut condamné à mort. De son procès, il nous reste peu de témoignages, mais celui que Platon nous livre dans l'Apologie de Socrate élève au rang de mythe fondateur de la philosophie un fait qui aurait pu demeurer banal au regard de l'histoire. Face à ses juges, Socrate mène sa défense en invoquant la pratique de la philosophie qui seule fait que la vie vaut d'être vécue. Plus tard, à nouveau, dans la prison où il attend l'exécution de la sentence, il oppose a son ami Criton, qui lui propose de fuir, le verdict du philosophe : mieux vaut affronter la mort plutôt que de contrevenir aux lois de la cité et ainsi commettre l'injustice. Si l'on en croit Platon, il fallait que Socrate meure pour que vive la philosophie.