Quartier g�n�ral du bruit - Couverture souple

Bataille, Christophe

9782253120957: Quartier g�n�ral du bruit

Couverture souple

ISBN 10 : 2253120952 ISBN 13 : 9782253120957

Editeur : Le Livre de Poche, 2008

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Un mot de l'auteur :

Quartier g�n�ral du bruit est un livre que j'ai mis huit ans � �crire. Cent pages pour huit ans, c'est une mauvaise rentabilit�, mais c'est le signe d'un profond d�sir. Depuis des ann�es, je travaille aux �ditions Grasset, comme �diteur, qui est un m�tier peu connu. Et au fond, cela m'a toujours amus�, fascin�, de pouvoir raconter de l'int�rieur, du coeur de la place, du coeur du maelstrom, comment c'�tait quand on vivait dans les livres. L'�crivain, Philippe Sollers, a une tr�s belle expression qui est �la vie dans la biblioth�que�. Et au fond, c'est un peu ma situation. Dans la journ�e, je rencontre des �crivains, je m'occupe de leurs livres, je les lis, je les corrige, je leur trouve des titres, je les console, je les fouette le cas �ch�ant, et le soir, j'�cris : toute une vie destin�e � la litt�rature. Et j'ai voulu raconter �a : ce monde de passion, de haine, d'amiti�, de camaraderie. On a, un fond, une image souvent �trange du monde de l'�dition, qui est tr�s li�e aux prix litt�raires, une image un peu de �bo�te noire�, comme on le dit dans le monde de l'�conomie. Moi, j'ai voulu, � l'inverse, dire la beaut� de ce m�tier, qu'il y avait une petite troupe de personnes en France et dans les pays �trangers bien s�r, qui sont peut-�tre un peu les rois secrets de notre �poque et qui, passionn�s par les mots, veulent encore les faire conna�tre, dans un temps qui n'attend pas beaucoup des livres. Quartier g�n�ral du bruit, c'est donc l'histoire d'un homme qui s'appelle Bernard Grasset, qui fonde une maison d'�dition en 1907. Ce Bernard Grasset n'est pas grand-chose : il vient de province, il a quelques dipl�mes. Ce n'est pas un homme ais�. Ce n'est pas un fils de famille. Il partage un seul pantalon de soir�e avec son ami, et ces deux messieurs, ces deux amis vont cr�er une maison d'�dition qui fera du mouvement, du bruit, du chaos dans le Paris intellectuel des ann�es vingt, et qui va surtout publier de grands livres : Proust, Cocteau, Radiguet, Paul Morand, Kafka, Zweig, Thomas Mann. Et ce Bernard Grasset qui �tait un grand fou, un �tre �trange, malheureux, compliqu�, violent, publiera �galement, pour le meilleur mais aussi pour le pire, des auteurs comme Trotsky, Hitler ; il publiera �galement Les protocoles des sages de Sion. Ce fut donc un homme divers et controvers�. � travers sa figure, ce que je veux raconter, bien s�r, �a n'est pas tellement Monsieur Bernard Grasset ; c'est plut�t la vie d'un homme qui est hant� par la litt�rature. Il rentre chez lui, le soir, avec des manuscrits. Il les lit, il les d�vore, il dort avec, il couche avec, il prend son bain avec, et comme mang� � son tour par ce m�tier fatigant qu'est la lecture, qu'est la passion des livres, Bernard Grasset passera de longs mois, toute sa vie, chaque ann�e, en maison psychiatrique, des mois pendant lesquels il peint des gouaches devant Paris, sans lire aucun livre, sans appeler aucun �crivain. Bien s�r, cette folie sera sa perte. Mais cette figure, je la trouve magnifique, car elle conjoint � la fois la passion des mots et la passion du commerce. Bernard Grasset aimait vendre ; il voulait que ses livres soient aim�s, connus, prim�s, qu'ils aient tous les prix litt�raires, qu'ils aient toutes les passions du monde, qu'ils soient traduits � l'�tranger, qu'ils aient des affiches dans Paris. C'est donc le m�tier de cet homme des mots mais aussi de cet homme des ventes que j'ai voulu raconter, pour nous dire ce qu'�tait devenu, � sa fa�on, je l'ai dit, pour le pire mais aussi pour le meilleur, le monde de l'�dition et le monde des livres. Bonne lecture � tous.

(Propos recueillis par t�l�phone)

Revue de presse :

Ouf ! Ce n'est pas narratif mais sens dessus dessous. Voici un autoportrait d�chiquet� de Bernard Grasset. Un poss�d� ! Dandy d�viss�, pythie tr�pignant sur son tr�pied de ch�ques et de feuillets. Proph�te des temps modernes et putain. Chaman, marchand : �Vendre, vendre � en crever !� Il vitup�re rue des Saints-P�res, sa taule tarabiscot�e de bureaux biscornus, de fausses portes, de trappes, de coulisses, de circuits, synapses, m�ninges �lectriques... C'est qu'il est d�rang�, le Patron, cinoque trait� � Meudon, oui, justement, ce qui deviendra la capitale du Grand Autre, du roi C�line, ce Lear en loques. Bernard Grasset m�tamorphose le m�tier, le corrompt, le propulse entre divers s�jours � l'asile, s�ances d'�lectrochocs fa�on Artaud. On pardonne tout � l'outrance de la folie, son path�tique g�nie. [...]
Debout les mots, leur feu incorruptible, c'est le cri de Christophe Bataille qui saisit avec un rare brio pol�mique et po�tique la grande parano�a litt�raire, son m�lange envo�tant et toxique de passion et de d�pravation. (Patrick Grainville - Le Figaro du 31 ao�t 2006)

Au 61 de la rue des Saints-P�res, Christophe Bataille cohabite avec un fant�me. Le bureau de ce conseiller litt�raire et �crivain de 34 ans occupe en effet l'emplacement de la salle de bains o� Bernard Grasset, dans l'entre-deux-guerres, tramait ses plans de marketing litt�raire en faisant des bulles. Cet �trange raccourci historique nous vaut aujourd'hui, sous la plume de Bataille, un petit roman - ou une longue nouvelle - �cre comme la fum�e d'un cigarillo, cynique comme un slogan publicitaire, convulsif comme un �lectrochoc. Pour tracer le portrait de l'�diteur qui lan�a Radiguet comme une savonnette et inventa les quatre �M� (Mauriac, Montherlant, Morand, Maurois), Christophe Bataille s'est mis dans la peau d'un nomm� Kobald, qu'il imagine �tre l'�me damn�e de Bernard Grasset...
Ironie de l'histoire - ou r�compense d'un savoir-faire ind�niable : cette brillante sotie sur la corruption des moeurs �ditoriales vaut aujourd'hui � son auteur de figurer, sous la casaque de la maison Grasset, dans la course pour le prochain Goncourt. (Fran�ois Dufay - Le Point du 21 septembre 2006)

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