Extrait :
Extrait de l'introduction :
CONFUCIUS : L'HOMME ET LA LÉGENDE
Nul n'ignore le nom de Confucius qui est la version latine de Kongfuzi (maître Kong), établie au XVIe siècle par des missionnaires jésuites. Nous l'associons spontanément aux grandes figures spirituelles de l'humanité, telles Socrate, le Bouddha ou Jésus. Confucius se présente ainsi à nous comme le père de la civilisation chinoise et sa doctrine comme le cadre indépassable de son destin. Lors de la Révolution culturelle, voulant faire table rase du passé, les communistes chinois s'en prirent immédiatement à Confucius. En rejetant Confucius, ils rejetaient alors tout l'héritage moral et politique de la Chine. En l'attaquant ainsi, ils ne faisaient pourtant que confirmer son importance et entretenir sa légende.
C'est Wudi (141-87), le sixième empereur de la première dynastie impériale des Han, qui choisit de placer le nouvel empire sous le patronage de Confucius. En faisant ainsi entrer Confucius dans la légende, il associait également pour deux millénaires le confucianisme au destin politique et social de la Chine. Pourquoi avoir choisi Confucius comme autorité spirituelle ? Il existait alors de nombreux autres courants de pensée, tout aussi vénérables et même mieux représentés à l'époque, tels le taoïsme, le mohisme ou le légisme. Ce dernier courant avait notamment développé une pensée politique basée sur le seul principe de l'efficacité qui pouvait sembler plus conforme à la façon dont le Premier empire s'était imposé. Au regard des violences et des intrigues qui permirent aux Han d'établir leur hégémonie, la doctrine confucéenne qui voit dans l'humanité, la droiture et le respect des rites les seuls éléments susceptibles de légitimer la position du prince, semble incompatible. Mais ce n'est pas tant une doctrine politique que recherchait les Han qu'une vision du monde capable de légitimer leur accession au pouvoir aux yeux de la tradition. Afin d'assurer sa pérennité, la nouvelle dynastie des Han devait en effet manifester son ancrage dans la tradition des grands rois fondateurs des dynasties Xia, Yin et Zhou, dont elle se devait d'être la garante et non la meurtrière. Le choix de l'empereur Wu de se placer sous le patronage de Confucius découle directement de cette nécessité et montre qu'il reconnut dans la pensée confucéenne un enracinement dans l'esprit traditionnel dont elle était le plus fidèle dépositaire.
Présentation de l'éditeur :
Lorsque les Chinois, au début du XXe siècle voulurent mettre à bas l'héritage traditionnel de leur nation, ils s'en prirent spontanément à Confucius, confirmant par là son caractère indissociable de la civilisation chinoise. Il y eut certes en Chine de nombreux courants de pensée qui marquèrent durablement sa culture, mais seul le confucianisme en fut pour ainsi dire le cadre qui fit de l'empire du Milieu un monde si spécifique. Si l'étude de la pensée confucéenne est d'une importance capitale à celui qui veut comprendre ce monde chinois, elle offre également une méditation fondamentale sur l'homme. C'est à ce titre que Confucius figure parmi les grandes figures de l'humanité telles Socrate, Bouddha ou Jésus. Sa pensée est habitée par une vision traditionnelle du monde où l'humain trouve sa place dans un ordre naturel qu'il s'agit de respecter.Cette anthologie des grands textes confucianistes offre au lecteur un large champ au sein duquel il pourra entrer de façon approfondie dans cette pensée qui ordonna tout l'esprit d'un peuple.INÉDIT
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