Revue de presse :
Comment faire passer une toile volée d'un continent à l'autre en modifiant son format. Comment peindre un faux tableau de maître et une croûte par-dessus, de manière à ce qu'un restaurateur, en débarbouillant la première couche, croie déceler la présence d'un chef-d'oeuvre. Tels sont les petits jeux auxquels se livrent les personnages du nouveau roman de Peter Carey. Et il y en a d'autres. Et on ne les comprend pas tous. C'est encore un putain de fric-frac, pour parler comme dans le livre...
Chevauchées fantastiques, intrigues labyrinthiques, tous les romans de Carey sont de longues traversées. Celle-ci, qui concerne à la fois Butcher Bones et Peter Carey, arrache un gosse du fin fond de l'Australie pour le propulser sur le marché de l'art mondial. (Claire Devarrieux - Libération du 29 mars 2007)
Avec «Haut Vol», Peter Carey le double lauréat du Booker Prize signe son meilleur roman...
Il s'agit d'un roman à deux voix, celles de deux frères, Hugh et Michael Boone, les fils du boucher de Bacchus Marsh...
De Sydney à New York en passant par Tokyo, Haut Vol est une fantasia drolatique et touchante à travers le milieu des marchands d'art, des peintres et des experts. Michael, amoureux fou, artiste habité par la colère et la rancoeur, cherche frénétiquement à retrouver son inspiration et sa renommée. Hugh, pataud, violent, attendrissant, commente, à sa façon, les événements auxquels il comprend plus de choses que Michael ne le croit...
Mais Haut Vol n'est pas uniquement l'histoire de deux frères. C'est aussi une réflexion sur la peinture, sur la notion d'authenticité, et l'exploration passionnante d'un univers... (Christophe Mercier - Le Figaro du 29 mars 2007)
L'Australien Peter Carey partage avec l'immense J.M. Coetzee la particularité fort prestigieuse d'avoir reçu à deux reprises le Booker Prize, la plus célèbre des récompenses littéraires du monde anglo-saxon...
Haut Vol se dévore comme un thriller ironique. Plus secrètement, derrière ce récit à deux voix - celle de Hugh est parfaitement inoubliable -, s'impose une réflexion émouvante sur la fraternité, la substance complexe de cet indissoluble lien. (Nathalie Crom - Télérama du 25 avril 2007)
Extrait :
Je ne sais pas si mon histoire est de taille à être une tragédie, bien qu'il soit vraiment arrivé un tas de trucs merdiques. Il ne fait aucun doute que c'est une histoire d'amour, mais elle n'a commencé qu'au milieu des trucs merdiques et j'avais déjà perdu et mon fils de huit ans et ma maison et mon atelier à Sydney où j'avais un jour été aussi célèbre qu'un peintre peut espérer l'être sur son terrain de jeux. C'était l'année où je devais recevoir la médaille de l'Ordre de l'Australie - pourquoi pas ! - voyez à qui on la décerne. Au lieu de quoi on m'a volé mon enfant, les avocats m'ont arraché les tripes et j'ai fait de la prison pour avoir tenté de récupérer mes oeuvres les plus importantes, lesquelles avaient été déclarées Biens patrimoniaux.
À ma sortie de la prison de Long Bay, au printemps glacé de l'année 1980, j'appris qu'on devait aussitôt m'envoyer au nord de la Nouvelle-Galles-du-Sud, où, avec presque rien à dépenser pour mon propre compte, on estimait que j'aurais, à condition d'arrêter l'alcool, les moyens de peindre de petits formats et de m'occuper de Hugh, mon frère de deux cent vingt livres au cerveau abîmé.
Mes avocats, marchands, collectionneurs, s'étaient tous ligués pour me sauver. Ils étaient si bons, si généreux. Je n'allais tout de même pas avouer que j'en avais marre de m'occuper de Hugh, que je n'avais aucune envie de quitter Sydney ou d'arrêter l'alcool. N'ayant pas la force d'âme nécessaire pour dire la vérité, je me décidai à prendre la route qu'ils avaient choisie pour moi. À trois cents kilomètres au nord de Sydney, à Tarée, je commençai à cracher du sang dans un lavabo de motel. Dieu soit loué, pensai-je, maintenant ils ne pourront plus m'obliger à faire ça.
Mais ce n'était qu'une pneumonie et je ne suis pas mort, en fin de compte.
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