Extrait :
Je n'ai jamais eu l'âge de raison. Enfant, je m'enflammais pour un rien, capable de faire la grève de la faim à 8 ans, parce que mes parents m'interdisaient de les suivre le soir au cinéma. J'aimais déjà d'amour ce rêve sur pellicule, mais y joindre la fantasmagorie de la nuit en faisait pour moi le paradis des songes. Mon adolescence perpignanaise et son carcan castrateur m'offrirent un long bizutage de la vie et de ses fruits pour moi défendus. Je m'en échappais en fuyant ses codes pour me construire dans les interdits.
Plus tard, je mis la même ardeur juvénile à me préparer à l'aventure comme aux aventures. Pour mieux affronter la première, je dormais les nuits d'hiver sur mon balcon à même le sol dans un sac de couchage, afin de m'aguerrir pour mes futures échappées belles. Quant aux escapades, je parle des aventures féminines, je m'étais fixé une règle : ne jamais laisser passer une semaine sans aller au feu. L'épreuve était toujours la même : se rendre dans un lieu public et séduire la première femme entrant. Par séduire, je n'entendais pas subjuguer, je n'avais ni les charmes, ni les moyens d'un Casanova fût-il de province. Séduire se bornait à la revoir au moins une fois et donc l'aborder et obtenir un rendez-vous.
J'essuyais, vous l'imaginez bien, dix revers pour une acceptation, je connus toutes les humiliations du : «Si vous dites un mot de plus, j'appelle les flics» à l'inopinée paire de gifles. J'eus même droit un jour au coup de pied aux fesses du mari proche que, comme un imbécile, je n'avais pas décelé.
Qu'importe le jeu, car cela en était un, il eut le double mérite de me guérir de ma timidité et de m'apprendre l'art de convaincre, j'en ferai mon métier. Car l'extraverti que je suis devenu était né paralysé d'effroi à la seule obligation de dire bonjour. Tels ces enfants chéris qui se blottissent dans les jupes de leurs mères dès qu'un inconnu s'approche, je me cachais derrière moi-même. «Mon fils, me répétait ma mère avec une infinie tendresse, tu n'es pas très beau, pas très grand, pas très intelligent, mais tu as une force en toi, tu as la passion. Demain t'appartient !»
Présentation de l'éditeur :
Il y a un siècle, les Français riaient en moyenne quinze minutes par jour. Aujourd hui, nous atteignons tout juste les cinq minutes. Quel est donc ce triste pays qui ne rit plus? La France est à bout de souffle, le pouvoir n est nulle part, la politique se dépolitise, la justice se médiatise, l Église pèche, l entreprise n a plus de prise et lorsque la rue s en mêle... Elle s emmêle. Banqueroute de l État, des systèmes sociaux, des entreprises, de l emploi... Chacun désespère. Pas moi ! Je dois être anormal, j aime les temps d incertitude, du doute naît l évolution... La France est notre chance, cessons de nous apitoyer sur nos faiblesses, valorisons nos forces. Elles sont légion : une génération mutante en charge de bâtir un autre monde, une féminisation des valeurs bouleversant le sens du pouvoir, un réveil de l innovation et de la créativité, une alterconsommation de plus en plus partagée et responsable. Une nouvelle société s invente et nous donne plus de raisons d espérer que de craindre. Il suffit d ouvrir les yeux et de croire en nous. Les optimistes ont inventé l avion, les pessimistes, le parachute.
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