L'INVENTION DU GRAND ENSEMBLE.: LA CAISSE DES DEPOTS, MAITRE D'OUVRAGE.

Landauer Paul

ISBN 10 : 270840847X ISBN 13 : 9782708408470

Editeur : PICARD, 2010

A propos du livre

Extrait :

Extrait de l'introduction

Qui a inventé les grands ensembles ? Comment sont-ils nés ? Les architectes ont souvent été accusés d'être à l'origine de ces objets urbains, généralisés en France entre le début des années 1950 et le milieu des années 1970 et très vite inculpés des pires maux de la société contemporaine. Pourtant, l'histoire des courants de pensée architecturaux ne permet pas, à elle seule, d'expliquer pourquoi les barres et les tours se sont généralisées et de vaines polémiques subsistent encore pour déterminer s'il y a un rapport de cause à effet entre les doctrines des architectes modernes et l'échec, un peu trop convenu, des grands ensembles. L'augmentation de la taille des opérations, justifiée par la concentration des investissements dans les grandes entreprises et la préfabrication lourde, n'est pas non plus suffisante pour expliquer la forme des grands ensembles. Les réponses massives pour faire face à la crise du logement et l'industrialisation du bâtiment ne sont pas des nouveautés historiques dans les années 1950 : Raoul Dautry avait déjà réussi à construire 10 000 logements en 3 ans au lendemain de la Première Guerre mondiale pour les chemins de fer de la Compagnie du Nord selon un principe de cité-jardin qui ne correspond pas à celui des futurs grands ensembles ; de même, répondant à d'autres principes d'organisation, la cité-jardin de Suresnes, réalisée par l'Office public d'HBM de la Seine, comprend 2500 logements, réalisés entre 1918 et 1926 par un seul architecte, Alexandre Maisstrasse. Quant à l'industrialisation, celle-ci fut développée dès l'entre-deux-guerres, en France et dans d'autres pays, pour des programmes très divers, allant des maisons individuelles aux petits immeubles collectifs. L'hypothèse d'un choix délibéré de la puissance publique en faveur d'une architecture particulière ne résiste pas non plus à l'analyse historique. Yves Grafmeyer mettait déjà en garde, il y a près de vingt ans, contre la recherche d'une trop grande rationalité dans l'intervention du Gouvernement. Il en est de même pour les grands ensembles.

Qu'en est-il alors du rôle des commanditaires - promoteurs, organismes HLM et autres maîtres d'ouvrages ? N'ont-ils pas émergé sous une forme inédite à partir des années 1950 ? Ne sont-ils pas à la fois les symboles et les acteurs de cette nouvelle culture de masse, dont les grands ensembles sont un des produits ? La crise du logement, à la fois qualitative et quantitative, qui persiste en France tout au long du XXe siècle et qui culmine au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, n'a pas seulement motivé la mise en oeuvre de dispositifs législatifs et techniques favorables à une augmentation massive de la construction ; elle a également obligé de nombreux établissements, publics, comme privés, à faire face à de nouvelles responsabilités, encourageant une transformation sans précédent des conditions de la commande. C'est ainsi qu'à la faveur des dispositifs d'aide et de financement mis en place pour encourager l'investissement du secteur privé, apparaissent de nouveaux opérateurs. Il s'agit, par exemple, de la première coopérative de logements, l'association Baticoop créée en 1952, de l'Office central interprofessionnel de logement (OCIL), premier organisme n'associant que des employeurs, constitué le 25 décembre 1953 ou de la Société immobilière d'économie mixte du département de la Seine (SIEMDS), première société d'économie mixte départementale fondée le 1er avril 1955.

Présentation de l'éditeur :

Le milieu des années 50 marque un tournant dans les rapports de la Caisse des dépôts à la difficile question de l habitat « populaire ». Alors qu elle n était jusque-là qu une banque de prêts pour les collectivités publiques et les organismes constructeurs de logements, cet acteur majeur de la politique financière, économique et sociale du pays décide de s engager lui-même dans la réalisation d opérations d envergure. La création, le 11 juin 1954, d une première filiale technique, la Société centrale immobilière de la Caisse des dépôts (SCIC), inaugure une fonction nouvelle dans l histoire de l établissement : celle de maîtrise d ouvrage. Celle-ci s impose rapidement comme le plus important constructeur français. Le 31 décembre 1958, jour où est publié le décret des « Zones à urbaniser en priorité » (ZUP), elle aura lancé la réalisation de 76 455 logements sur plus de 400 programmes distincts. Cette performance rend compte d une véritable innovation dans la définition des problèmes de construction et d urbanisme comme dans le choix des modes opératoires pour tenter de les résoudre. La Caisse des dépôts devient ainsi l initiatrice d une nouvelle échelle d appréciation et d intervention : de l investissement direct au montage d opération, du groupe d habitation à la cité nouvelle, de la ville au territoire. Son rôle sera déterminant dans la définition de la politique urbaine des années 1960.

À propos de cette édition

• Éditeur: PICARD
• Date d'édition: 2010
• ISBN 10: 270840847X
• ISBN 13: 9782708408470
• Reliure: Livre broché
• Nombre de pages: 296