Extrait :
Extrait de la préface de Claire Paulhan
Lire en forêt
Dans la lignée de Philarète Chastes, René-Louis Doyon, Pascal Pia, Hubert Juin, Michel Décaudin et de quelques autres érudits passionnés, piliers de bibliothèques publiques, parfois batailleurs et souvent pamphlétaires, Eric Dussert s'intéresse intensément aux écrivains oubliés. Tout comme son maître en la matière, Charles Monselet, il les a d'abord nommés les «égarés», puis les a considérés, de manière plus romantique, comme des arbres étouffés, privés de lumière par la forêt domaniale des écrivains connus et reconnus au-delà du temps et des écoles. Mais, «tandis que palissent doucement les étoiles des maîtres à penser du siècle dernier, que les "grands écrivains" ne sont plus ceux qu'ils étaient, que l'on révise la portée des oeuvres et des engagements, écrit-il, des personnages cardinaux sortent de la forêt que cachaient quelques arbres».
Qui sont ces «personnages cardinaux», absents depuis toujours des manuels et des dictionnaires, ou remisés plus récemment aux oubliettes ? Qui sont ces humbles, injustement négligés, vaincus par une postérité désastreuse ? Des romanciers non réédités, certes, mais aussi des directeurs de revue et de collection, des traducteurs, des originaux un peu fous, des fantaisistes, des rentiers, des pauvres, des suicidés, des ronds-de-cuir, des savants et des incultes, des hommes et des femmes, des vieux et des jeunes... tout un monde de mendiants et d'orgueilleux, aux biographies hautes en couleurs. Et chacun d'entre eux mérite de figurer dans le paysage littéraire que redessine avec empathie Éric Dussert, un paysage démocratique et sans hiérarchie, dont il repousse l'horizon, de notice en notice.
Autrefois, dans les années 1930, il a été proposé - mais peut-être était-ce pour faire réfléchir auteurs et éditeurs à la vanité de toute chose - d'imprimer un volume annuel réunissant sur papier bible tous les textes refusés douze mois durant par les éditions de la NRF... Eric Dussert aurait certainement fait une épatante préface à ce volume. Car depuis vingt ans, il inscrit ses recherches loin de l'université, et ses travaux, publiés en revues, demeurent libres et gais, désintéressés et fouillés, vivants. Avec une belle alacrité (et beaucoup de travail), il redonne sens à ce domaine de recherches trop méprisé, l'histoire littéraire, qui participe pourtant de la vie même de la mémoire intellectuelle, celle qui ne cesse de comparer les textes imprimés avec la matière mouvante des archives : manuscrits inédits, lettres, journaux intimes, articles.
Présentation de l'éditeur :
«Qui sont ces "personnages cardinaux", absents des manuels et des dictionnaires ? Qui sont ces humbles, injustement négligés, vaincus par une postérité désastreuse ? Des romanciers non réédités, certes, mais aussi des directeurs de revue et de collection, des traducteurs, des originaux un peu fous, des fantaisistes, des rentiers, des pauvres, des suicidés, des ronds-de-cuir, des savants et des incultes, des hommes et des femmes, des vieux et des jeunes... tout un monde de mendiants et d'orgueilleux, aux biographies hautes en couleur. Et chacun d'entre eux mérite de figurer dans le paysage littéraire que redessine avec empathie Éric Dussert, un paysage démocratique et sans hiérarchie, dont il repousse l'horizon.»
Extrait de la préface de Claire Paulhan.
Une forêt cachée réunit l'intégralité des portraits qu'Éric Dussert, collaborateur «historique» du Matricule des Anges, y a publiés depuis vingt ans. Directeur de la collection «L'Alambic», il est l'auteur d'un pamphlet remarqué, Comme des enfants. L'âge pédophile du capitalisme (Anabet, 2006), ainsi que l'unique rédacteur de l'Alamblog. Il coordonne la numérisation des imprimés a la Bibliothèque nationale de France.
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