Extrait :
Les îles bienheureuses
Ile d'Aval
Un champ de chardons sous le ciel
bleu
contre
bleu
ainsi s'enrichit le regard.
Comme Aval, Canton ne se donne qu'à marée vraiment basse. Minuscule, elle est un concentré de la Grande. Elle possède le bois qu'il faut pour se cacher, le chemin qu'il faut pour se retrouver. Auparavant, vous vous êtes égarés parmi les pêcheurs de coquillages. Vous avancez vers la mer. Par instants, vous ne la voyez plus. Déjà, elle vous manque. Vous êtes dans la grève. Vous sautez de flaques d'eau en flaques de ciel. Une légère brise rase le sable. Des prénoms d'enfants se répondent de plages en îlots. Sur son dos, des touffes de bruyères au sommet de leurs mauves veillent à la proue. Au-delà, la mer - aujourd'hui d'un bleu parfaitement calme - vous offre cette promenade. Tout à l'heure, elle reviendra, et les carrières et les croix retourneront à leur solitude, comme dans n'importe quelle île qui borde la terre.
Elle ressemblerait à Ouessant, si ce n'est le manque d'arbres et le trop d'océan. Et Ouessant, comme son beau nom le chante, se situe absolument à l'extrême ouest, là où le soleil tombe dans le bleu du voyage.
Dans son premier recueil, Le Rituel breton, Xavier Grall avait écrit :
Ah quand je mourrai
Enterrez-moi à Ouessant
avec mes épagneuls
et mes goélands
ah quand je mourrai
mettez-moi en ce jardin de gravier.
Je connais une jeune fille qui a parcouru le chemin de Hambourg à Ouessant pour chercher sa tombe. Elle ne sait pas qu'il repose à Landivisiau. Elle ne sait pas que les livres des écrivains et des poètes disent une autre vérité. Et son âme qui est partout est aussi à Ouessant, plus près du Paradis, du couchant, là où les morts s'endorment et se réveillent, dans le milieu de la nuit, avec, à leur chevet, les légendes du pays de la jeunesse éternelle.
Je ne vais jamais là-bas sans écouter, la veille, La Petite Fille d'Ouessant, si hautement mise en musique et chantée par Didier Squiban et Yann Fahch Kemener. En Bretagne, nombreuses sont les îles qui ont leurs chanteurs : Groix avec Gilles Servat ; Sein avec Louis Capart ; Molène avec Manu Lannuhel ; et Bréhat avec François Budet. En Bretagne, beaucoup d'îles, aussi, ont leurs écrivains. A Sein, un héros fut recteur, à qui Pierre Fresnay donna visage et voix ; un autre, gardien de phares, du feu, et un homme follement jaloux. Pauvre petite Trégorroise qui ne comprenait pas le pauvre grand Léonard ! N'est-ce pas, Henri Queffélec et Anatole Le Braz ?
Présentation de l'éditeur :
Les îles du Ponant : toutes fascinantes mais si différentes !
«Elles flottent entre terre et ciel quand la mer se confond à celui-ci...»
De chacune se dégagent un charme subtil et une ambiance particulière.
Le poète nous raconte les lumières de ces «constellations terrestres».
L'aquarelliste fait chanter ses couleurs et recrée pour nous les émotions qu'elle a ressenties devant ces paysages marins.
Marie-Madeleine Flambard née à Vannes (Morbihan), docteur en géographie de l'Université de Haute-Bretagne, se consacre désormais entièrement au dessin et à la peinture.
Elle a publié aux Editions Ouest-France : Châteaux en Bretagne, Vannes au fil de ses couleurs. Ports et mouillages en Bretagne.
Yvon Le Men est l'auteur d'une oeuvre poétique importante ainsi que d'une trilogie en prose. Dernier titre paru Le jardin des tempêtes, choix de poèmes 1971-1996.
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