La tunique de glace - Couverture souple

Vollmann, William T.

Couverture souple

ISBN 10 : 2749121957 ISBN 13 : 9782749121956

Editeur : Cherche Midi, 2013

A propos du livre

Extrait :

L'histoire du démon Tunique-Bleue (connu en Sa terre natale sous le nom d'AMORTORTAK) est évoquée dans divers codex, révélée nulle part et partout, comme la doctrine cabalistique. L'expliquer, dès lors, représente une tâche d'une difficulté quasi céleste - hélas pour moi, qui pourrais sinon être en train de me tourner les pouces et de scruter l'allée d'un oeil admiratif à travers les barreaux de mes fenêtres. Mais je dois faire de mon mieux. - Il n'y a que dans deux sources, donc, qu'on ait jamais trouvé mention directe de ce Seigneur de notre adoration secrète : la Groenlendinga Saga, ou Saga des Groenlandais (v. 1190), et sa suite, la Saga d'Erik le Rouge (v. 1260) - et dans ces deux textes, Il apparaît sous la forme d'une immense montagne-glacier, où d'aucuns s'accordent à voir le Pic de Gunnbjørn (le plus haut sommet du Groenland, à 3 700 mètres d'altitude), tandis que d'autres pensent qu'il s'agirait plutôt de la moins imposante tour de glace d'Ingolf Fjeld, près d'Ammassalik. Aucune trace d'origine démonique n'a été relevée par l'expédition ayant réalisé la toute première ascension du Gunnbjørn en 1935 ; quant à Ingolf Fjeld, ce n'est guère plus qu'un oeil de glace coloré par le ciel, posant son morne regard sur la mer. - Où donc est Tunique-Bleue ? - Ma foi, partout et nulle part. - L'Histoire n'étant qu'une longue liste d'actions regrettables, une telle équivoque ne devrait pas nous surprendre. Mais partout où des cadavres furent enterrés en secret, l'herbe pousse drue ; laissons ce genre de signes (et il y en a toujours à foison !) à l'interprétation de ceux pour qui la vérité est plus importante que la beauté.

Mais que faire si, comme dans notre cas, c'est l'hiver, de sorte que le Soleil a disparu et que l'herbe gît profondément enfouie sous la glace ?

Eh bien, de même que par une obscure nuit sans lune, la manoeuvre la plus sensée consiste sans doute à se fondre soi-même dans l'obscurité, de même, dans le cas présent, nous pouvons apprendre à faire jaillir le Néant du néant. Nous hissant à tâtons, ainsi, le long d'une paroi de nuit gelée de mots des douzième et treizième siècles, il nous faut escalader maints tunnels ténébreux pour atteindre de plus vastes ténèbres encore ; là, les deux sagas s'embrassent; car elles forment nos jambes d'escalade, la gauche et la droite, Freydis et Gudrid, Bjarni et Leif ; c'est ainsi que fastidieusement nous gravissons les flancs de la Montagne de Glace, comme si nous ne savions pas déjà que ce sont les yeux qui se décomposent en premier, que l'arsenic n'a presque aucun goût, que les corps les plus jeunes sont ceux qui mettent le plus longtemps à se putréfier ! - Mais c'est la hache de Freydis qui doit demeurer au coeur de nos préoccupations, et quoique, étant à double tranchant, elle frappe de son éclat les deux récits, il n'y a que dans la Groenlendinga Saga qu'elle emporte la vie d'hommes blancs aussi bien que de peaux rouges. Et la Groenlendinga Saga apparaît dans ce grand cimetière d'histoires qu'est le Livre de Flatey.

Revue de presse :

Le plus sage pour attaquer La Tunique de glace est peut-être de commencer par la fin, c'est-à-dire par les annexes (chronologie, glossaires et index des noms), qui donnent une première approximation du genre d'univers où l'on va plonger. On peut aussi faire défiler les pages sous le pouce pour admirer les nombreuses cartes artisanales et les croquis qui parsèment l'ouvrage, notamment le bel autoportrait de l'auteur à la page 483. Après quoi il faut entrer dans le texte, et s'y perdre. Quelle saga ! Habitué aux travaux d'Hercule, Vollmann se propose en toute simplicité de brasser l'histoire des peuples scandinaves depuis l'an 200, avec de longs développements sur les mythologies inuits et diverses incursions chez les Peaux-Rouges. Après quoi il en vient au coeur de son affaire, c'est-à-dire à l'épopée par laquelle trois générations de Vikings ont réussi à traverser le Ginnungagap (le détroit de Davis) pour atteindre le Helluland (l'île de Baffin), le Markland (le Labrador), et finalement le Vinland, ce paradis perdu qui lui sert d'allégorie pour désigner l'Amérique originelle, avant sa colonisation par les Européens. (Bernard Quiriny - Le Magazine Littéraire, janvier 2013)

Publié pour la première fois en 1990, cet étrange récit témoigne du talent saisissant d'un auteur de 30 ans - dont l'oeuvre est depuis largement traduite et justement célébrée. (Nils C. Ahl - Le Monde du 7 février 2013)

Ici, c'est de la découverte de l'Amérique qu'il est question. Pas celle de Colomb, mais la vraie, celle des Vikings...
Une histoire foisonnante, à quoi il mêle ses propres fantasmes et quelques anachronismes, et qui devient un texte fondateur plausible. L'effet encyclopédique est renforcé par les notes, les annexes, glossaire ou chronologie, et surtout les cartes qui dessinent un espace féerique quoique exact, où l'on se perd avec délice. Lire Vollmann, c'est pousser la porte d'un monde étrange et proche, partir pour des semaines de voyage. Vous êtes embarqué. (Alain Nicolas - L'Humanité du 18 avril 2013)

À propos de cette édition

• Éditeur: Cherche Midi
• Date d'édition: 2013
• ISBN 10: 2749121957
• ISBN 13: 9782749121956
• Reliure: Broché
• Nombre de pages: 688