Extrait :
Extrait de l'introduction
Beaucoup de Français vous diront que les années 80 manquaient de panache, qu'elles les ont ennuyées, qu'elles furent interminables. D'ailleurs, quand on dit que quelque chose est «vraiment années 80» ou se pratique «comme dans les années 80», l'expression est en général péjorative.
Mais, si on fait le point, on réalise que la vraie décennie révolutionnaire, c'est celle-là. Vraiment ? Vraiment ! Un signe : prenez n'importe quel sujet, que ce soit la carte géopolitique de la planète, l'aménagement de la cuisine, le paysage musical ou les moeurs sexuelles des Français, tout a changé entre le 31 décembre 1979 et le 1er janvier 1990. Sur le coup, on parlait de réforme, de changement, de modernisation ou même de mouvement de mode. Mais il s'agissait de révolutions. Dix, cent, mille révolutions. Révolution au musée du Louvre et révolutions qui abattent les dictatures communistes, révolution néolibérale et révolution du rap, révolution du Walkman et révolution de l'actionnariat populaire, révolution dans le football professionnel et révolution du porte-containers, révolution de la console de jeu et révolution de la conscience écologique...
On n'avait pas le souvenir d'avoir senti une poussée férocement réformatrice, mais quand, quelques décennies plus tard, on évoque les années 80, on n'en finit pas de parler de révolutions. Il est vrai qu'à l'époque on n'en revient pas d'avoir connu les bouleversements des années 60 et 70, on ne s'est pas encore remis de la Beatlesmania et de Mai 68, de la pilule anticonceptionnelle et de la victoire morale du pasteur Martin Luther King sur le racisme. On pense que tout a été accompli et qu'il ne reste plus qu'à «sortir de la crise»
- puisque crise il y a : depuis 1974, la France connaît le chômage, comme la plupart des pays développés.
Alors, les contemporains traversent les années 80 sans avoir le sentiment que tout change. Comme le capitalisme a résisté à tous les marxismes, comme la «société bourgeoise» ne s'est pas écroulée après les événements de 1968, comme le «camp des opprimés» n'a pas ouvert les «cent Vietnam» promis par Che Guevara, comme la révolution politique mondiale n'est pas survenue, on tient pour acquis que les changements de société ne pourront plus qu'être cosmétiques. Et c'est le contraire qui arrive : mieux qu'une grande conflagration globale surviennent des dizaines de bouleversements, dans tous les domaines. Au bout de cette décennie, tout a changé - l'économie, l'amour, la musique, la télé, les fringues...
Évidemment, certains en sont bien conscients. Par exemple, les socialistes au pouvoir en France à partir du printemps de 1981 n'ont pas le sentiment de rien changer et prennent pour une injustice qu'un chanteur clame «Le vrai changement, c'est quand ?». Mais c'est la grande mode de cette décennie : on aime contester que tout change.
Les années 80 avaient des complexes devant ses aînées 60 et 70. Et, pourtant, elle a parcouru un chemin ahurissant. C'est ce chemin que raconte ce livre.
Présentation de l'éditeur :
Les années 80 étaient à peine achevées que l'on commençait déjà à en avoir la nostalgie. Il est vrai que, du 10 mai 1981 à la chute du Mur de Berlin, du Minitel à Thriller, des dimanches matin de Véronique et Davina aux aventures du nuage de Tchernobyl, du pull Benetton aux émissions de Michel Polac, on a vécu tant de moments forts pendant cette décennie que l'on a peine à croire qu'elle n'a duré que dix ans ! Après que le monde a rêvé de révolution pendant toutes les années 60, les années 80 ont été vraiment révolutionnaires : dans la politique comme dans la musique, dans la microinformatique comme dans l'écologie, dans les mœurs comme dans les postes de radio, ce sont les inventions, les réformes et les luttes de cette décennie-là qui ont forgé le monde d'aujourd'hui. Alors voici une plongée dans les années 80, avec ses bouleversements politiques et ses frivolités, ses tubes et ses objets-cultes, ses grandes séries télé et ses dieux du stade, ses grands hommes et ses petits bonheurs.
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