Extrait :
Biofilms en vue !
Les micro-organismes constituent la majorité de la biomasse vivante sur Terre. Bactéries, virus, champignons microscopiques, micro-algues, protozoaires... Tous sont invisibles à l'oeil nu et pourtant ils sont plus nombreux que les organismes macroscopiques. La plupart, très utiles à l'équilibre de notre planète, sont peu connus du public. Quelques-uns font néanmoins parler d'eux. En bien : les bactéries lactiques des laits fermentes sont vantées pour prendre soin de nous et de notre confort intestinal. Ou en mal : Salmonelle, Usteria, et récemment des bactéries au «presque nom de grande école», les Escherichia coli EHEC... ont toutes fait la une des médias. Ces bactéries sont dangereuses, ce sont des acteurs des crises sanitaires. Mais sait-on gue pour tous ces micro-organismes, bénéfiques ou nuisibles, le mode de vie privilégié est la vie en communauté, une vie en société si possible associée à une surface ou au moins une interface ? Alors la surface se modifie. Elle devient collante, gluante, glissante, colorée, tout dépendra de la communauté microbienne impliquée et du mucus - dit encore matrice - qu'elle sécrétera. Et sait-on gue cette vie fixée les rend plus forts, plus résistants, presque indestructibles ?
Plus de 90 % des micro-organismes vivent ainsi fixés la plus grande partie de leur vie, dans leur environnement naturel. C'est ce qu'on appelle un biofilm. Dès qu'il y a de l'humidité, des nutriments et une surface, des biofilms sont susceptibles de se former. Quelle humidité ? N'importe laquelle. De la moindre flaque d'eau aux plus grands océans, de l'eau chaude des fosses hydrothermales à celle gelée des glaciers... Quels nutriments ? Tout leur est bon. Des résidus alimentaires, un festin pour les biofilms. Du sérum humain, que demander de plus. Du pétrole, de l'essence, Pseudomonas oleovorans s'en délecte... Quelle surface ? De la planche à découper de notre cuisine aux rochers des déserts américains en passant par l'épithélium intestinal, peu importe. L'important, c'est de se fixer. Ça, le génie de Pasteur ne l'avait pas perçu. Quoique... Il avait démontré que les particules de poussière véhiculaient les germes. Mais savait-il qu'on en trouvait jusque dans les nuages ?
Une telle prédominance a forcément des impacts bénéfiques ou non sur notre vie passée, présente et à venir.
Biographie de l'auteur :
Romain Briandet, chercheur à l'Inra, est responsable de
l'équipe Bioadhésion, biofilm et hygiène des matériaux de
l'Institut Micalis. Ses recherches portent sur la connaissance et
la maîtrise des biofilms des filières alimentaires. Lise Fechner
est diplômée de l'Ecole polytechnique et de l'école des Ponts
ParisTech. Elle est chercheur à Irstea Antony, où elle étudie
l'utilisation de biofilms de rivière pour évaluer les impacts des
contaminations urbaines sur les milieux aquatiques, et cadre
scientifique et pédagogique à AgroParisTech. Murielle Naïtali
est maître de conférences à AgroParisTech en microbiologie.
Elle développe des recherches sur la physiologie et la
décontamination des bactéries pathogènes dans l'équipe
Bioadhésion, biofilm et hygiène des matériaux de l'Institut
Micalis. Catherine Dreanno, chercheur à l'Ifremer, est titulaire
d'un doctorat en physiologie de l'université de Rennes 1.
Passionnée par la biologie des organismes marins, plus
particulièrement par la reproduction des poissons et des
invertébrés, elle s'intéresse au développement des biofilms et à
leur contrôle en milieu marin.
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