Présentation de l'éditeur :
L'énergie : voilà un sujet dont on n'a jamais autant parlé. Les sources traditionnelles renouvelables ne suffiront certainement pas pour satisfaire les besoins toujours croissants de l'humanité. Les sources fossiles - charbon, pétrole et gaz - largement exploitées au cours du XXe siècle, s'épuisent. L'énergie nucléaire - qui est aussi l'énergie du XXe siècle - prendra très certainement de plus en plus le relais, mais avec les nouvelles technologies de «quatrième génération» actuellement développées ; elle a cependant aussi ses limites.
Après une introduction rappelant ce qu'est l'énergie, la première partie de cet ouvrage présente la production et la consommation actuelles, en détaillant plus spécialement le «vecteur» électricité qui est la forme d'énergie presque parfaite sauf que ce n'est pas une énergie primaire : il faut la produire à partir d'autres sources, et l'on ne sait pas la stocker à grande échelle. La deuxième partie du livre est consacrée aux principes de l'énergie nucléaire et aux technologies associées.
Cet ouvrage a été conçu pour les étudiants en génie nucléaire : il devrait leur permettre, en introduction à des cours plus spécialisés, de repérer correctement la place de l'énergie nucléaire dans l'ensemble des sources d'énergie et d'apprécier ses potentialités. Écrit en termes simples, il s'adresse aussi à toute personne recherchant une information à la fois accessible et complète sur ces problèmes.
Gilbert Naudet, ingénieur de l'École centrale des arts et manufactures, a été chef du service des études économiques du CEA après avoir été mis à disposition au ministère de l'Industrie puis d'une filiale du CEA et d'EDF chargée d'études de faisabilité de centrales nucléaires à l'étranger.
Paul Reuss a mené toute sa carrière au CEA. Polytechnicien et docteur es sciences physiques, il a consacré une grande partie de ses recherches à la conception et au calcul des coeurs des centrales nucléaires. Expert internationalement reconnu, il se consacre désormais à l'enseignement.
Extrait :
L'émergence du concept d'énergie
Si les notions de force et de mouvement - intuitives ou directement observables - sont sans doute aussi anciennes que la pensée humaine, le concept d'énergie, en revanche, ne s'est affiné que progressivement ; ce n'est qu'au XIXe siècle avec la théorie de la thermodynamique et au XXe siècle avec la théorie de la relativité, la physique quantique et le modèle standard de la physique des particules qu'a pris forme la notion d'énergie telle que l'appréhende le physicien d'aujourd'hui. Mais la formalisation du concept d'énergie n'est pas forcément indispensable pour comprendre une partie de ses applications.
Ce qui est frappant, en effet, quand on parcourt un ouvrage d'histoire des sciences et des techniques, c'est de constater que l'application précède souvent la théorie et, par conséquent, ne la nécessite pas forcément. C'est le cas de l'énergie. Dès l'Antiquité, bien avant que le concept précis d'énergie ait été façonné, l'homme a su utiliser l'énergie et construire des machines fort ingénieuses : levier, poulies et treuils ; chars, navires et cerfs-volants ; machines de guerre (arcs, catapultes, etc.) ; norias, moulins à eau, puis à vent... Les exemples sont nombreux d'une maîtrise pratique de l'énergie avant une maîtrise conceptuelle.
Toutefois, s'il est possible de faire l'économie d'une approche théorique pour ces applications assez intuitives, cela est moins vrai lorsqu'il s'agit de machines qui ne sont plus directement dérivées de l'observation quotidienne : si la machine à vapeur à piston conçue par Denis Papin (1687) ou même les améliorations apportées par James Watt, vers la fin du XVIIIe siècle, à la machine de Thomas Newcomen (1712) ont fait plus appel au sens pratique qu'à la théorie, il est clair que l'essor de ces machines, observé au XIXe siècle, et leur optimisation, n'auraient pas été tels sans les travaux de Sadi Carnot, Emile Clapeyron, Rudolf Clausius, lord Kelvin, et bien d'autres. De même, la «fée électricité» ne nous aurait pas apporté tant de «bienfaits» si elle n'avait été accompagnée dès son origine par de nombreux travaux théoriques.
L'énergie du XXe siècle, l'énergie nucléaire, ne se conçoit pas, elle, sans un préalable théorique : ce préalable a dû être élaboré à partir d'expériences cruciales, telle celle de Henri Becquerel en 1896, avant que cette énergie soit imaginée. Sans cette découverte de la radioactivité, sans la théorie de la relativité, sans la compréhension de la structure des atomes et de leurs noyaux, sans la découverte du neutron et de la fission, elle n'aurait jamais pu être imaginée.
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