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Présentation de l'éditeur :
Comment assigner une valeur à l'architecture du XXe siècle ? Comment identifier et estimer la portée culturelle des édifices du mouvement moderne ? Comment lutter contre la perte inexorable des témoignages architecturaux des mouvements modernes ? Comment le temps et la mémoire agissent-ils sur les processus de patrimonialisation ? L'architecture d'après-guerre est-elle trop récente pour être reconnue comme patrimoine ? Quels critères définir pour sélectionner, classer, organiser, lier et inventorier les édifices, sites, ensembles urbains, villes et paysages fruits d'un siècle durant lequel la modernisation des approches sociales, esthétiques et techniques a transformé la vie quotidienne ? Comment atteindre une vision commune et un ensemble de savoir-faire et de bonnes pratiques adaptés à la conservation des oeuvres du XXe siècle ? Et enfin, quels sont !es leviers efficaces pour sensibiliser le public à la sauvegarde du patrimoine moderne ?
Les auteurs de cet ouvrage se sont attachés à répondre à ces questions à travers un large spectre d'analyses approfondies sur le contexte d'émergence local et international du patrimoine architectural du XXe siècle. Les dix-huit essais qui le composent dressent un état des lieux précis des actions, programmes de recherche et d'enseignement mis en place depuis la fin des années 1980 par des institutions privées, publiques et universitaires à travers le monde autour de la question du patrimoine moderne. Dévoilant les avancées successives qui ont permis d'intégrer de nouveaux discours et dialectiques bouleversant profondément la vision canonique du patrimoine moderne, ils révèlent aussi, par ricochet, combien les enseignements nés de ces déplacements tectoniques et de l'ouverture à de nouveaux territoires patrimoniaux permettent aujourd'hui de mener une réflexion lucide et sélective sur la mise en place de processus de patrimonialisation adaptés à l'héritage du siècle passé.
Maristella Casciato est professeur à l'université de Bologne. De 2000 à 2009, elle a été présidente de Docomomo international à Paris sous les auspices du ministère de la Culture et de la Communication. Elle a été lauréate d'une bourse Fulbright, professeur invité à l'Institut national d'histoire de l'art, à Paris, et lauréate d'une bourse Mellon Senior au Centre canadien d'architecture (CCA), à Montréal. Ses ouvrages sur l'histoire de l'architecture du XXe siècle ont été traduits en plusieurs langues et ses articles publiés par des revues internationales. Depuis 2009, elle est membre de l'équipe de conservateurs du musée MAXXI à Rome.
Emilie d' Orgeix est historienne de l'architecture. Elle est maître de conférences au département d'histoire de l'art de l'université Michel de Montaigne à Bordeaux et professeur associé au département d'histoire de l'université Laval de Québec. De 2002 à 2010, elle a occupé le poste de secrétaire générale de Docomomo international et a été co-rédactrice, avec Maristella Casciato, de Docomomo Journal. Elle a co-écrit plusieurs livres dont Le Livre et l'architecte (Wavre, Mardaga, 2011), Les Villes françaises du Nouveau Monde (Paris, Somogy, 1999) et Atlas militaires européens. XVIe-XIXe siècles (Paris, ministère de la Culture et de la Communication, 2003).
Extrait :
Les auteurs de cet ouvrage se sont attachés à répondre à ces questions à travers un large spectre d'analyses approfondies sur le contexte d'émergence local et international du patrimoine architectural du XXe siècle. Les dix-huit essais qui le composent dressent un état des lieux précis des actions, programmes de recherche et d'enseignement mis en place depuis la fin des années 1980 par des institutions privées, publiques et universitaires à travers le monde autour de la question du patrimoine moderne. Dévoilant les avancées successives qui ont permis d'intégrer de nouveaux discours et dialectiques bouleversant profondément la vision canonique du patrimoine moderne, ils révèlent aussi, par ricochet, combien les enseignements nés de ces déplacements tectoniques et de l'ouverture à de nouveaux territoires patrimoniaux permettent aujourd'hui de mener une réflexion lucide et sélective sur la mise en place de processus de patrimonialisation adaptés à l'héritage du siècle passé.
Maristella Casciato est professeur à l'université de Bologne. De 2000 à 2009, elle a été présidente de Docomomo international à Paris sous les auspices du ministère de la Culture et de la Communication. Elle a été lauréate d'une bourse Fulbright, professeur invité à l'Institut national d'histoire de l'art, à Paris, et lauréate d'une bourse Mellon Senior au Centre canadien d'architecture (CCA), à Montréal. Ses ouvrages sur l'histoire de l'architecture du XXe siècle ont été traduits en plusieurs langues et ses articles publiés par des revues internationales. Depuis 2009, elle est membre de l'équipe de conservateurs du musée MAXXI à Rome.
Emilie d' Orgeix est historienne de l'architecture. Elle est maître de conférences au département d'histoire de l'art de l'université Michel de Montaigne à Bordeaux et professeur associé au département d'histoire de l'université Laval de Québec. De 2002 à 2010, elle a occupé le poste de secrétaire générale de Docomomo international et a été co-rédactrice, avec Maristella Casciato, de Docomomo Journal. Elle a co-écrit plusieurs livres dont Le Livre et l'architecte (Wavre, Mardaga, 2011), Les Villes françaises du Nouveau Monde (Paris, Somogy, 1999) et Atlas militaires européens. XVIe-XIXe siècles (Paris, ministère de la Culture et de la Communication, 2003).
Extrait de l'introduction de Maristella Casciato et Emilie d'Orgeix
L'ensemble des oeuvres bâties que les architectes et ingénieurs des «mouvements modernes» du XXe siècle a laissé à la postérité fait l'objet de nombreux débats (restauration, reconstruction, rénovation, adaptation à de nouveaux usages, pour n'en citer que quelques-uns) empreints de contradictions tant pour les architectes que pour les historiens. Le concept de «monument moderne» vient confirmer le conflit entre l'existence de l'oeuvre en soi et sa valeur patrimoniale. Son statut se retrouve au centre du processus de la reconnaissance d'une valeur intentionnelle à l'architecture moderne, plusieurs décennies après l'oeuvre séminale de Riegl Der moderne Denknmalkultus. Sein Wesen und seine Entstehung (1903), la bataille est loin d'être gagnée. Autre indice : le rejet du principe de longue durée pourtant présent dans la pensée architecturale moderne, né de son historiographie même, a généré des icônes certes, mais en les pétrifiant dans leur propre aura mythique et en les empêchant d'évoluer au fil du temps.
Du point de vue des perspectives de changements de la société contemporaine, l'avenir de l'architecture et de la ville modernes en tant que patrimoine doit être trouvé dans l'équilibre fragile entre leur nature de patrimoine et leur capacité d'évolution. La doctrine de la conservation qui doit se mettre en place implique la pleine acceptation de ces changements et l'urgence de la création de modes opératoires adaptés à leur gestion plutôt que de favoriser ceux tendant vers une conservation illusoire dans un prétendu état d'origine. Ces diverses problématiques sont au coeur du débat actuel. Les disciplines de la préservation et de la conservation sont-elles sur le point de franchir une nouvelle étape ? La conservation du patrimoine culturel du XXe siècle est-elle prête à dépasser ses paradoxes connus ? Ce nouveau seuil doit-il être envisagé comme une menace ou signale-t-il l'apparition de nouvelles perspectives ?
Dans son essai brillant et précoce sur la «démolition», Françoise Choay a démontré que c'est précisément dans cette pratique que se trouve la raison d'être de l'architecture. N'est-il pas vrai que les architectes du mouvement moderne envisageaient l'idée de démolition lorsqu'ils concevaient leurs paysages urbains, berceau d'une meilleure société ? Ils ont été les premiers à affronter le dilemme entre continuité et changement. Néanmoins, hormis quelques rares cas tels que, par exemple, les pavillons d'exposition, la question de la temporalité reste un point de vue théorique. Pourtant, l'essentiel de l'architecture moderne utilise des matériaux novateurs à très longue durée de vie et la société contemporaine est sous-tendue par un besoin de permanence et d'identité. Une réflexion sur le sujet nécessite l'implication de l'architecte restaurateur et de l'historien, car le défi du changement doit être accepté à la fois dans la conception et dans la révision historiographiques. Nous n'en sommes qu'au balbutiement d'une pratique commune, alors que le nombre de bâtiments modernes concernés - qui va bien au-delà des chefs-d'oeuvre emblématiques - ne cesse de croître.
L'ensemble des oeuvres bâties que les architectes et ingénieurs des «mouvements modernes» du XXe siècle a laissé à la postérité fait l'objet de nombreux débats (restauration, reconstruction, rénovation, adaptation à de nouveaux usages, pour n'en citer que quelques-uns) empreints de contradictions tant pour les architectes que pour les historiens. Le concept de «monument moderne» vient confirmer le conflit entre l'existence de l'oeuvre en soi et sa valeur patrimoniale. Son statut se retrouve au centre du processus de la reconnaissance d'une valeur intentionnelle à l'architecture moderne, plusieurs décennies après l'oeuvre séminale de Riegl Der moderne Denknmalkultus. Sein Wesen und seine Entstehung (1903), la bataille est loin d'être gagnée. Autre indice : le rejet du principe de longue durée pourtant présent dans la pensée architecturale moderne, né de son historiographie même, a généré des icônes certes, mais en les pétrifiant dans leur propre aura mythique et en les empêchant d'évoluer au fil du temps.
Du point de vue des perspectives de changements de la société contemporaine, l'avenir de l'architecture et de la ville modernes en tant que patrimoine doit être trouvé dans l'équilibre fragile entre leur nature de patrimoine et leur capacité d'évolution. La doctrine de la conservation qui doit se mettre en place implique la pleine acceptation de ces changements et l'urgence de la création de modes opératoires adaptés à leur gestion plutôt que de favoriser ceux tendant vers une conservation illusoire dans un prétendu état d'origine. Ces diverses problématiques sont au coeur du débat actuel. Les disciplines de la préservation et de la conservation sont-elles sur le point de franchir une nouvelle étape ? La conservation du patrimoine culturel du XXe siècle est-elle prête à dépasser ses paradoxes connus ? Ce nouveau seuil doit-il être envisagé comme une menace ou signale-t-il l'apparition de nouvelles perspectives ?
Dans son essai brillant et précoce sur la «démolition», Françoise Choay a démontré que c'est précisément dans cette pratique que se trouve la raison d'être de l'architecture. N'est-il pas vrai que les architectes du mouvement moderne envisageaient l'idée de démolition lorsqu'ils concevaient leurs paysages urbains, berceau d'une meilleure société ? Ils ont été les premiers à affronter le dilemme entre continuité et changement. Néanmoins, hormis quelques rares cas tels que, par exemple, les pavillons d'exposition, la question de la temporalité reste un point de vue théorique. Pourtant, l'essentiel de l'architecture moderne utilise des matériaux novateurs à très longue durée de vie et la société contemporaine est sous-tendue par un besoin de permanence et d'identité. Une réflexion sur le sujet nécessite l'implication de l'architecte restaurateur et de l'historien, car le défi du changement doit être accepté à la fois dans la conception et dans la révision historiographiques. Nous n'en sommes qu'au balbutiement d'une pratique commune, alors que le nombre de bâtiments modernes concernés - qui va bien au-delà des chefs-d'oeuvre emblématiques - ne cesse de croître.
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- ÉditeurMARDAGA PIERRE
- Date d'édition2012
- ISBN 10 280470100X
- ISBN 13 9782804701000
- ReliureBroché
- Nombre de pages196
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Architectures modernes: L'émergence d'un patrimoine
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(2012)
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