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Extrait :
MES ANNÉES DANS MON CUBA, LIBRE
Bellavista, Nazareno, province de La Havane, Cuba, 1945
- Allez, Fernando, monte sur la selle !
Par cette belle journée ensoleillée, le garçon grimpa lestement sur le cheval et se retrouva derrière son jeune frère Andy. Tous deux posèrent fièrement, prêts pour la photo.
Les vacances étaient toujours des sanctuaires bénis du calendrier, durant lesquelles on faisait des châteaux de sable sur la plage avant de plonger dans les eaux turquoise des Caraïbes et d'aller s'amuser au milieu des tableaux enchanteurs que peignaient les poissons multicolores. On jouait aussi à la guerre en réinventant sans cesse des conflits endiablés d'Indiens et de cow-boys, comme les enfants américains. On rampait sur le sol. On se cachait dans des grottes. Les amis devenaient des ennemis de jeux auxquels on tendait des embuscades dans les bosquets en surgissant avec des pistolets en plastique. On imitait le bruit des balles avec nos bouches. Les ennemis baissaient les armes et se rendaient. On les neutralisait. On les faisait prisonniers. On les interrogeait. On s'amusait à négocier des libérations. On les menaçait de mort. Pour rire. Et puis, soudain, le jeu était fini. On avait bien joué à la guerre, à la fausse mort. On redevenait alors amis. On les libérait avant de se précipiter tous ensemble dans la grande demeure où attendait un pantagruélique goûter destiné à calmer les estomacs des guerriers en herbe. Les murs résonnaient de rires d'enfants. Le fumet de mets exquis préparés par la cuisinière titillait les narines. Il faisait bon vivre à Cuba.
1947
Je m'appelle Fernando Pruna Bertot. Je suis né à La Havane le 19 novembre 1935. Mon père, le señor Pruna, était avocat. Il avait parmi ses clients les hommes les plus haut placés dans la société, lesquels lui confiaient la défense de leurs plus précieux intérêts financiers. Ma mère était très impliquée dans la vie sociale et essayait de venir en aide aux plus défavorisés. C'était une militante. Elle faisait tout ce qu'elle pouvait pour promouvoir l'alphabétisation. Je vivais dans une grande maison, entouré de mes parents, de mon petit frère Andy et de Velia, la gouvernante qui s'était occupée de moi depuis ma naissance. Quand nous n'étions pas dans notre maison de campagne, nous sortions à La Havane. Mon père discutait parfois avec Ernest Hemingway au bar Le Floridita. On avait un ami voisin de la maison de campagne d'Hemingway à San Francisco de Paola, et nous allions ensuite chez l'écrivain.
Enfant, j'avais mes amis, mes habitudes ici. Mais j'allais devoir les changer pour préparer mon avenir. Mes parents voulaient que je fréquente les meilleures écoles, pour que j'aie un avenir brillant et que je réussisse aussi bien que mon père. Il fallait que je parle bien anglais pour travailler avec nos amis américains. J'avais douze ans lorsque mon père m'annonça que je partais bientôt. Comme un grand, j'allais quitter le pays. Je partais en pension en Amérique, dans le plus prestigieux établissement qu'on puisse imaginer.
- Elle est où, cette école ? demanda le garçon, légèrement inquiet, et en même temps curieux, de se retrouver dans de vastes contrées inconnues qui lui semblaient si éloignées de son univers.
- Aux États-Unis, lui répondit-on. Profite de tes vacances en attendant. Le señor Pruna avait décidé d'envoyer le jeune Fernando à Eaglebrook, sans doute l'école la plus huppée des États-Unis, située à Deerfield dans le Massachusetts. Objectif : parfaire l'éducation de son fils dès le plus jeune âge. Apprendre beaucoup plus que les rudiments : culture, éducation, sport, anglais, dans un magnifique environnement naturel où il serait certainement non seulement doué en ski (car l'école possédait sa propre station de ski privée, Easton Ski Area) mais où il recevrait surtout le meilleur enseignement qu'il se devait d'acquérir, comme tout petit Cubain appartenant à l'élite de la nation. Il allait fréquenter les enfants de la haute société américaine.
À Eaglebrook, Fernando s'adonna à une de ses passions : la musique. Il adorait le jazz et créa une petite formation de musiciens qui animait les soirées organisées par l'école. Son ami Peter se mettait au piano et Fernando l'accompagnait à la trompette.
Un mot de l'auteur :
Bellavista, Nazareno, province de La Havane, Cuba, 1945
- Allez, Fernando, monte sur la selle !
Par cette belle journée ensoleillée, le garçon grimpa lestement sur le cheval et se retrouva derrière son jeune frère Andy. Tous deux posèrent fièrement, prêts pour la photo.
Les vacances étaient toujours des sanctuaires bénis du calendrier, durant lesquelles on faisait des châteaux de sable sur la plage avant de plonger dans les eaux turquoise des Caraïbes et d'aller s'amuser au milieu des tableaux enchanteurs que peignaient les poissons multicolores. On jouait aussi à la guerre en réinventant sans cesse des conflits endiablés d'Indiens et de cow-boys, comme les enfants américains. On rampait sur le sol. On se cachait dans des grottes. Les amis devenaient des ennemis de jeux auxquels on tendait des embuscades dans les bosquets en surgissant avec des pistolets en plastique. On imitait le bruit des balles avec nos bouches. Les ennemis baissaient les armes et se rendaient. On les neutralisait. On les faisait prisonniers. On les interrogeait. On s'amusait à négocier des libérations. On les menaçait de mort. Pour rire. Et puis, soudain, le jeu était fini. On avait bien joué à la guerre, à la fausse mort. On redevenait alors amis. On les libérait avant de se précipiter tous ensemble dans la grande demeure où attendait un pantagruélique goûter destiné à calmer les estomacs des guerriers en herbe. Les murs résonnaient de rires d'enfants. Le fumet de mets exquis préparés par la cuisinière titillait les narines. Il faisait bon vivre à Cuba.
1947
Je m'appelle Fernando Pruna Bertot. Je suis né à La Havane le 19 novembre 1935. Mon père, le señor Pruna, était avocat. Il avait parmi ses clients les hommes les plus haut placés dans la société, lesquels lui confiaient la défense de leurs plus précieux intérêts financiers. Ma mère était très impliquée dans la vie sociale et essayait de venir en aide aux plus défavorisés. C'était une militante. Elle faisait tout ce qu'elle pouvait pour promouvoir l'alphabétisation. Je vivais dans une grande maison, entouré de mes parents, de mon petit frère Andy et de Velia, la gouvernante qui s'était occupée de moi depuis ma naissance. Quand nous n'étions pas dans notre maison de campagne, nous sortions à La Havane. Mon père discutait parfois avec Ernest Hemingway au bar Le Floridita. On avait un ami voisin de la maison de campagne d'Hemingway à San Francisco de Paola, et nous allions ensuite chez l'écrivain.
Enfant, j'avais mes amis, mes habitudes ici. Mais j'allais devoir les changer pour préparer mon avenir. Mes parents voulaient que je fréquente les meilleures écoles, pour que j'aie un avenir brillant et que je réussisse aussi bien que mon père. Il fallait que je parle bien anglais pour travailler avec nos amis américains. J'avais douze ans lorsque mon père m'annonça que je partais bientôt. Comme un grand, j'allais quitter le pays. Je partais en pension en Amérique, dans le plus prestigieux établissement qu'on puisse imaginer.
- Elle est où, cette école ? demanda le garçon, légèrement inquiet, et en même temps curieux, de se retrouver dans de vastes contrées inconnues qui lui semblaient si éloignées de son univers.
- Aux États-Unis, lui répondit-on. Profite de tes vacances en attendant. Le señor Pruna avait décidé d'envoyer le jeune Fernando à Eaglebrook, sans doute l'école la plus huppée des États-Unis, située à Deerfield dans le Massachusetts. Objectif : parfaire l'éducation de son fils dès le plus jeune âge. Apprendre beaucoup plus que les rudiments : culture, éducation, sport, anglais, dans un magnifique environnement naturel où il serait certainement non seulement doué en ski (car l'école possédait sa propre station de ski privée, Easton Ski Area) mais où il recevrait surtout le meilleur enseignement qu'il se devait d'acquérir, comme tout petit Cubain appartenant à l'élite de la nation. Il allait fréquenter les enfants de la haute société américaine.
À Eaglebrook, Fernando s'adonna à une de ses passions : la musique. Il adorait le jazz et créa une petite formation de musiciens qui animait les soirées organisées par l'école. Son ami Peter se mettait au piano et Fernando l'accompagnait à la trompette.
Ma plume n'a pu qu'être fébrilement animée par une très forte inspiration lorsque par une coïncidence extraordinaire, deux chemins se sont croisés virtuellement sur l'océan d'internet. C'est une histoire incroyable mais véridique. Celle d'un cubain qui s'appelle Fernando Pruna. Une alchimie s'est créée entre nous à tel point qu'il m'a accordé sa confiance alors que nous ne nous sommes jamais vus. Mais je savais comment "tout fonctionnait dans sa tête" comme je le lui ai dit. Je me suis retrouvé catapulté dans un mythique New York des années cinquante, sur les traces de ce séducteur qui croise Marilyn, Jackie Kennedy et bien d'autres. Très vite tout basculera le premier janvier 1959. Le père de Fernando est l'avocat du dictateur Batista. Fernando, alors jeune homme plein d'ambitions, lancé dans la politique et les affaires, se cache à la Havane. Cette histoire m'a ensorcelé car j'y retrouve tous les mythes qui ont façonné l'Amérique des années cinquante. Cela a été bien au delà de mes espérances et j'avais l'impression de lire un livre d'aventures tout en écrivant.
A la Havane, bien des complots se trament. C'est l'incroyable histoire de Fernando contre Castro. Elle m'a littéralement obnubilé pendant ces deux enivrantes années d'écriture.
Cyriaque Griffon
A la Havane, bien des complots se trament. C'est l'incroyable histoire de Fernando contre Castro. Elle m'a littéralement obnubilé pendant ces deux enivrantes années d'écriture.
Cyriaque Griffon
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- ÉditeurMICHALON
- Date d'édition2013
- ISBN 10 2841866718
- ISBN 13 9782841866717
- ReliureBroché
- Nombre de pages430
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Havana 505
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MICHALON
(2013)
ISBN 10 : 2841866718
ISBN 13 : 9782841866717
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Description du livre Etat : New. Book is in NEW condition. N° de réf. du vendeur 2841866718-2-1
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