Extrait :
DOMPTÉS, DRESSÉS, SUBJUGUÉS
«L'homme est l'animal le plus intéressant que j'aie jamais dressé.»
Wanda Webb, Du bon usage des masochistes, 1987.
Le premier volume de cette anthologie Robert Mérodack était consacré aux femmes masochistes. Contrairement à des artistes comme Joseph Farrel ou Georges Pichard, le romancier aimait parcourir toutes les possibilités du jeu SM, démontrant une curiosité érotique aussi éclectique que celle d'un dessinateur comme Eric Stanton, équilibrant son oeuvre entre les femmes et les hommes soumis, les maîtres autoritaires et les viragos à poigne.
Comme bien d'autres écrivains érotiques, il joua de toute une batterie de pseudonymes, privilégiant son alias le plus connu - Mérodack - pour des textes de femmes contraintes et se créant d'autres identités littéraires pour des récits de domination féminine.
Il invente ainsi Bart Keister, diminutif, selon sa biographie imaginaire, de Bartholomew Keister, «un Américain exilé en Irlande, passionné par la langue française et l'argot». Pour l'éditrice Dominique Leroy, Keister confectionne une série de petites histoires lubriques qui recyclent toute une masse de dessins du très prolifique illustrateur américain Bill Ward (1919-1998), publiés dans des collections de romans SM d'Eros Goldstripe (Bizarre Books) ou d'Hilbarth (Tortura Press), et dans des albums aux titres aussi évocateurs que Teenage Sadist, dans lesquels Ward libère les appétits d'ogresses au buste impressionnant, montées sur des talons stratosphériques soutenant de longues jambes galbées de bas noirs arachnéens. Cinq albums sont conçus, Mérodack/Keister se chargeant chaque fois d'inventer l'intrigue. Pascaline, RoseMary et Bertha Chevrotine, l'aventurière Sébastienne Le Bourget, héroïne revêche du dyptique Ludovic exilé et Le Secret de Belinda, sont des transpositions parfaites des créatures wardiennes, sans limites, pin-up fatales et féroces, adeptes de redoutables tourments. Certainement inspiré par ce sadisme exubérant, Mérodack utilise le pseudo anglo-saxon de Keister, ainsi que celui de Leslie Fenton pour des «romans américains», avec des walkyries déterminées. Dans Une éducation américaine (1977), Barbara Scuttlebutt et sa fille Cindy abusent de Stew, un jeune délinquant qu'elles ont fait sortir d'une maison de redressement pour le propulser dans une cascade ininterrompue de sévices et d'humiliations : travesti, fouetté, les couilles frictionnées à la moutarde, ligoté au chevalet, vidé de son sperme à la trayeuse, l'anus électrifié, livré aux habitués d'un bar cuir... jusqu'à l'heure de la revanche. Dans L'Infernal Séjour (1978), la riche et perverse héritière Pénélope Skimmer crée un bordel sadomaso pour la clientèle huppée de San Francisco et trouve son maître. (...)
Présentation de l'éditeur :
Dans toute son œuvre, le très prolifique Robert Mérodack (1947-2001) avait fait sienne cette devise : " Le SM est un jeu érotique ; le bourreau doit faire jouir sa victime. " Et dans l'univers de Mérodack, ce sont bien souvent les femmes, icônes cruelles, devant lesquelles les victimes jouissent de s'agenouiller. Telle Dawn Carter, gouvernante impérieuse qui, dans La Loi du talon, entraîne dans une inexorable spirale de souffrance un veuf et son fils. Telles les éducatrices de l'étrange " centre de perfectionnement " de la Trilogie du garçonnet qui éduquent le jeune Séverin à l'obéissance absolue et à l'adoration des femmes. Âmes sensibles s'abstenir ! Travestissements, sodomies, coups de fouets, servitude totale sont au menu de ces romans saisissants, encadrés de deux courts récits jusqu'au-boutistes qui illustrent les plaisirs de l'urolagnie et de la coprophilie ( L'Avilissement absolu), ainsi que de la podophilie, l'adoration des pieds chère aux fétichistes ( L'Organiste). Présentation de Christophe Bier.
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