L'alternative ambiante - Couverture souple

Cl�ment, Gilles

3,73

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Couverture souple

ISBN 10 : 2845342373 ISBN 13 : 9782845342378

Editeur : Sens & Tonka, 2014

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Extrait :

I. L'av�nement de l'�cologie

Ersnt Haeckel, en 1866, eut �l'id�e et le privil�ge de donner son nom � l'ensemble organis� des connaissances relatives aux liens qui unissent les organismes vivants et leur milieu de vie, en d'autres termes l'�cologie.�
Un tel champ d'�tude - s'occuper de ce qui se situe �entre� et non seulement de ce qui est - survient dans la suite logique des constats �clairants de Lamarck et de Darwin faisant lien entre les �tres dans un processus de filiation et de transformation au cours du temps : l'�volution. Haeckel parle du lien en l'instant, il aborde la question des �changes entre les �tres et les milieux en situation d'actualit� et, sans en faire �tat nomm�ment, d�voile l'�conomie de la Nature.
La combinaison Lamarck-Darwin-Haeckel cr�e un choc que la civilisation plan�taire dominante, frapp�e de monoth�isme et de certitudes, ne parvient pas � int�grer. De toutes ses forces elle tente de rejeter dans l'ombre le spectre de l'�volution si contraire aux cosmogonies admises selon lesquelles un dieu omnipotent con�oit et r�gle l'univers. De toutes ses forces elle tente d'�carter l'humanit� souffrante d'une impulsion diabolique : se rapprocher de la Nature. Le principe de surnature, inh�rente � l'homme selon elle depuis son apparition sur Terre, traverse les textes sacr�s et, par une s�rie de performances technologiques et de convictions toujours plus tenaces, tient l'Homme � distance de son environnement. Isabelle Stengers situe la cr�ation du mot nature dans la Gr�ce antique, � une �poque o� les observateurs de l'environnement d�sireux de soustraire ce territoire au domaine des dieux et de la superstition, tentent d'y instruire et d'y d�velopper une science objective. Augustin Berque assure que cette �mise � distance� se creuse et s'accro�t avec le d�ploiement technologique - microscopes, longues vues, outils et machines - plac� entre l'Homme et son milieu comme un moyen d'intercession mais aussi comme un �cran.
Au moment o� la notion d'�cologie se r�pand et fait l'objet d'enseignement scientifique - vers le milieu du XXe si�cle - le sentiment de dominer la Nature, assurer la production vivri�re, nourrir la population et en finir avec la mis�re est � son apog�e. Au sortir de la seconde guerre mondiale un d�ploiement publicitaire de produits issus de l'industrie chimique et du machinisme agricole assure la population m�dus�e d'un avenir riant car tout, enfin, est ma�tris�.
L'�cologie naissante se trouve en opposition directe avec la pens�e dominante qui, elle, continue de voir la plan�te comme un terrain d'exploitation performant, illimit�, in�puisable. Le monde scientifique, attel� aux observations m�thodiques des �cosyst�mes, d�couvre leur fragilit� et, propose dans l'indiff�rence g�n�rale, la notion de finitude �cologique. Cette pens�e, r�volutionnaire et traumatisante, place l'humanit� au-devant d'une responsabilit� nouvelle : se porter garante de la vie sur la plan�te. L'exploitation du territoire modifie la qualit� des milieux. On sait que tout fonctionne au sein d'un syst�me clos : recyclage permanent de la biomasse, de l'eau et de tous les �l�ments agr�g�s sous des formes classiques ou nouvelles. En d�pit de ce savoir affirmant � la fois la performance et la fragilit� des �cosyst�mes, la gestion du territoire transforme qualitativement les milieux au point de les rendre st�riles, improductifs ou toxiques. L'effondrement du nombre d'esp�ces repr�sentatives de la diversit� biologique ajoute � l'inqui�tude g�n�rale. Le Jardin plan�taire, espace clos, demande en urgence � changer de jardinier. Quelques voix s'�l�vent pour argumenter sur la n�cessit� d'un tel changement. Les slogans de 68, les discours de Ren� Dumont en 1974 ne parviendront pas � infl�chir le cours d'une m�canique trop bien engag�e. Le productivisme, le consum�risme, tous deux assis sur la Bible, d�ploient un arsenal de s�duction et de propagande : il faut chasser l'�cologie des esprits infiltr�s par la science inconsciente et sectaire, la Bourse en d�pend. Et pour certains, on le sait, la Bourse signifie la vie. L� aussi il y a urgence. Qu'un concept parvienne � �branler � la fois les croyances et l'�conomie ambiante cela ne saurait se tol�rer. � consid�rer le ph�nom�ne ��cologie� avec distance on mesure combien il ne peut s'agir d'une simple production - quasi logique - de la pens�e scientifique mais bien plut�t d'une pens�e bouleversante dans l'histoire du rapport de l'Homme � la Nature, dans l'histoire humaine tout simplement. Il constitue en soi un av�nement dont les soci�t�s commencent � peine � mesurer l'importance et la profondeur.

Pr�sentation de l'�diteur :

"Pendant que l'�cologie radicale, arc-bout�e � ses pr�ceptes de rigueur, tente de r�sister, pendant que le Green business s'organise pour r�cup�rer le march� bio, une troisi�me voie, sans nom, et qu'ici j'appelle l'Alternative ambiante, na�t des rumeurs entrem�l�es - analyses contradictoires, bilans de catastrophe, pr�dictions hasardeuses - mais aussi de v�ritables constats, d'exp�riences et de recherches s�rieuses. [...] L'Alternative ambiante regarde du c�t� de la d�croissance sans y adh�rer tout � fait, se d�tourne du Green business jug� excessif et, plut�t que d'esp�rer un quelconque salut venant des �lus de la R�publique, se place dans l'expectative en interrogeant les incidences possibles de l'Effet papillon.
Oui, le jardin est plan�taire, plus personne ne peut en douter mais tous ceux dont l'esprit alert� mesure les dimensions d'une si ample question se demandent comment on devient jardinier dans ce jardin-l�. Aucune r�ponse ne parvient formul�e d'un bloc. L'humanit� incr�dule, tour � tour endormie par les m�dias et r�veill�e par la crise, tente de nouvelles pistes de vie en terrain inconnu. Tout est � inventer, tout semble nouveau."

Gilles Cl�ment, n� le 6 octobre 1943 � Argenton-sur-Creuse (Indre), est un jardinier, paysagiste, botaniste, entomologue, �cologue et �crivain fran�ais. Il a obtenu le Grand Prix du paysage en 1998. Parmi ses principales r�alisations, citons le Parc Andr�-Citro�n (Paris), le Jardin du Mus�e du quai Branly (Paris), le Jardin du ch�teau de Blois et le Jardin exp�rimental de La Vall�e.

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