Alexandre Soljenitsyne, le courage d'écrire - Couverture rigide

Nivat, Georges

Couverture rigide

ISBN 10 : 2845451644 ISBN 13 : 9782845451643

Editeur : Editions des Syrtes, 2011

A propos du livre

Extrait :

Pouvoirs de l'écriture

L'oeuvre de Martin Bodmer (1899-1971) fut de rassembler, au long d'une vie entière, les documents originaux qui ont jalonné l'histoire de l'esprit humain des origines de l'écriture à nos jours. Sa vision humaniste d'une Weltliteratur, directement inspirée par l'universalisme de Goethe, édifia une bibliothèque unique au monde constituant une somme des écrits de l'humanité. Elle s'appuyait sur cinq piliers, Homère, la Bible, Dante, Shakespeare et Goethe, elle se voulait, aux plus sombres périodes du XXe siècle, tel un «choeur mystique» (celui de «l'esprit créateur», le Genius de Goethe), le refuge et le recueil de tout ce qui avait fait l'honneur et le prix de l'humanité, dans les lettres et les arts, les sciences, les religions et les civilisations. Issu d'une famille patricienne de Zurich, héritier, encore adolescent, d'une immense fortune, à la mort de son père, le 17 janvier 1916, il s'engagea, le 6 février 1940, à titre bénévole, au service du Comité international de la Croix-Rouge, devint membre du Conseil de direction, où il siégea jusqu'en 1970, et dirigea le Département des secours intellectuels et moraux aux prisonniers de guerre, qui distribua dans les camps près d'un million et demi de livres pour créer leurs bibliothèques et dont l'action permit aux étudiants groupés dans les oflags de poursuivre des cours universitaires et de passer des examens, contrôlés par Oxford. L'idée généreuse et nouvelle pour l'époque de venir en aide aux victimes de la captivité par le secours du livre, de la culture et des objets de culte transmis aux aumôniers changea le droit international en faveur des prisonniers de guerre, des internés civils et des détenus politiques.
Il nous tenait particulièrement à coeur de marquer le quarantième anniversaire de la création de la Fondation Martin Bodmer, le 26 février 1971, en organisant une exposition consacrée à un écrivain qui fut un ancien zek, un «détenu» des camps pendant huit ans (de 1945 à 1953), après avoir été un officier décoré de l'Armée rouge pendant la guerre, un homme «d'une volonté colossale», qui conçut l'entreprise d'écrire comme un combat irréductible au nom de «tous ceux à qui la vie a manqué pour raconter ces choses», «à la mémoire de tous les suppliciés et de tous les assassinés». Cette exigence d'une écriture sans concessions le conduisit à mener durant trente-trois années (de 1958 à 1991) une lutte clandestine, puis ouverte, au nom de la Vérité restée muette, pour révéler au monde une entreprise de servitude sans précédent - l'univers concentrationnaire -, et pour préserver l'être moral, la souveraineté de la personne humaine et de la nation conçue aussi comme une personne. Elle eut, à elle seule, le pouvoir de changer le cours de l'Histoire. Dressée face à une formidable puissance totalitaire dont l'influence s'étendait de la mer de Chine jusqu'à Cuba, elle frappa au coeur une utopie qui avait créé l'enfer du bagne et détermina la chute du régime communiste. A ce titre, elle mérite d'incarner l'histoire de tout un siècle, qu'il convient d'appeler le «siècle de Soljenitsyne», comme il y eut le siècle de Voltaire.
En témoigne la présente exposition intitulée «Soljenitsyne, le courage d'écrire». Il s'agit d'un événement hors normes, qui vient offrir à nos regards un trésor d'écriture manuscrite, que nous devons à la bienveillance de madame Natalia Dmitrievna Soljenitsyne. Elle comprend notamment la masse jamais exposée à ce jour des 466 feuillets (932 pages) autographes de 15 x 21 cm de L'Archipel du Goulag, des 476 feuillets (952 pages] de Novembre seize, le deuxième noeud de La Roue rouge, les deux grandes tâches que l'écrivain assigna à sa vie, à savoir de faire parler le Goulag et d'expliquer la révolution russe qui en fut la racine. S'y ajoutent son premier roman, les 240 feuillets dactylographiés du Premier Cercle, tapuscrit de l'auteur sans intervalles ni marges, avec ses corrections, où il évoque sa première détention dans la charachka de Marfino.

(...)

Charles Méla, professeur honoraire de l'université de Genève, directeur de la Fondation Martin Bodmer

Revue de presse :

La vie d'Alexandre Soljenitsyne, c'est l'écriture. Les articulations de sa destinée se confondent avec les entrées de sa bibliographie, et l'existence de ses textes a toujours conditionné la sienne propre...
Fourni et légendé par Natalia Soljenitsyne, sa veuve, compilé et présenté par Georges Nivat, fin connaisseur de son oeuvre, Alexandre Soljenitsyne. Le courage d'écrire illustre cette caractéristique : chez Soljenitsyne, vivre et écrire relève d'un même courage, d'un même impératif, d'une même mission. Biographie en images, l'ouvrage retrace la destinée du mémorialiste du Goulag et prix Nobel de littérature à travers la matérialité de l'écriture. L'album est une moisson inédite de reproductions de manuscrits, tapuscrits, lettres, carnets de bagne et de voyage, photos de famille et d'exil, trognons de crayons et lunettes de lecture... Un véritable laboratoire, l'outillage qui a accompagné le prosateur dans son labeur quotidien, les coulisses de son oeuvre. Composé à partir d'une exposition éponyme à la Fondation Bodmer de Genève, le Courage d'écrire est une incursion dans la vie d'un lutteur implacable contre le système totalitaire ; d'un grand conspirateur, qui a su mettre sur pied un réseau de cachettes et de complices pour mener à bien ce combat ; d'un amoureux inconditionnel de la Russie, de sa langue et de ses paysages ; d'un chroniqueur ambitieux qui dressait des fresques épiques pour analyser les rouages de l'histoire. (Veronika Dorman - Libération du 2 juin 2011)

Compilé à partir d'une exposition organisée à la Fondation Bodmer de Genève, l'album reconstitue la vie et l'oeuvre de Soljenitsyne à l'aide d'images de manuscrits, de tapuscrits, de blocs-notes de camp et de carnets de voyage, de correspondance avec ses amis et ses éditeurs, de photographies de lui et par lui, objets personnels de zek (détenu) et d'homme libre. Natalia Soljenitsyne, compagne de vie et de lutte, relectrice et rédactrice, véritable sparring partner, désormais vestale de sa mémoire et gardienne de son héritage, s'est plongée dans les colossales archives de son époux pour y puiser quelques éléments essentiels. À sa suite, guidé par ses légendes et les éclairages donnés par le slaviste Georges Nivat, le lecteur est invité à pénétrer dans le laboratoire littéraire du Prix Nobel, dans l'intimité d'un manuscrit autographe ou d'un cliché familial inédit...
Alexandre Soljenitsyne. Le Courage d'écrire dévoile l'arsenal de l'écrivain et permet de nouer un rapport plus personnel avec l'homme inaccessible dont la parole nous est si familière, de lire entre ses propres lignes, de regarder par-dessus son épaule. (Veronika Dorman - le Magazine Littéraire, juillet 2011)

À propos de cette édition

• Éditeur: Editions des Syrtes
• Date d'édition: 2011
• ISBN 10: 2845451644
• ISBN 13: 9782845451643
• Reliure: Relié
• Nombre de pages: 530