Extrait :
Méditation préliminaire en guise d'introduction.
Je crois qu'Octave Mannoni disait dans son introduction au roman de Pirsig Traité du zen et del entretien des motocyclettes, dont le titre est une parodie mais aussi une célébration de celui d'Herrigel Le Zen dans l'art chevaleresque du tir à l'arc, qu'on y parlerait beaucoup de motocyclettes et peu de zen, il y faisait aussi allusion à Moby Dick. Ici il ne sera que peu question de motocyclettes et, en ce qui concerne le zen, il prendra dans ce livre la place que tient le vide dans la peinture chinoise ou le haiku. Comme il tendra ainsi à rester invisible, ce sera au lecteur de savoir s'il est présent ou non. Il sera brièvement question de baleines, alors que je n'en ai pas vues dans le livre de Pirsig. Finalement, je ne sais pas où Pirsig voulait en venir, je crois que sa pensée est simplement confuse, comme nous semble souvent celle des Américains et davantage encore celle des Japonais, et qu'en outre il est peut-être un peu fou, ce qui n'empêche que j'adopterai volontiers le type de discours qu'il nomme chautauqua, ou du moins l'idée que j'en ai gardé, c'est-à-dire celle d'un chant amérindien, une sorte de soliloque qui certaines nuits de lune demande à sortir de votre gorge, une forme de blues, en somme, qui reste aussi un écrit de lettré chinois dans la tradition dite au fil de la plume. Finalement ce sera un hommage à ce livre embrouillé; comme lui, il tendra à mêler la philosophie, les recettes techniques et l'amour si américain des grands espaces, mais en retombant sur ses pieds comme un chat noir. Peut-être que, dans le titre de Pirsig, «motocyclette» fait écho à «chevaleresque». Pour ma part j'ajoute cabane solitaire. Dans cabane, j'entends solitude, et, dans solitude, j'entends wabi, encore un mot intraduisible, appartenant à la culture des cabanes, celles des maîtres de la cérémonie du thé, le wabi cha. Simplicité, sobriété, dépouillement, solitude. Il n'est pas exclu, pourtant, qu'ici où là on entrevoie une cuisse, on verra.
Présentation de l'éditeur :
Traité de la cabane solitaire
Antoine Marcel
Ce rêve que je me propose d'écrire parce que je l'ai vécu, j'aurais aimé le trouver moi-même au chevet d'un lit, dans une cabane perchée en haut d'un grand chêne. Ce livre serait intitulé Traité de la cabane solitaire, et je l'aurais lu bercé par le vent et le bruissement des feuilles.
Construire une cabane est un rêve. Ce rêve peut aussi être un choix. En compagnie des poètes et des vagabonds, guidé par le désir d'une vie fuyant les faux semblants, le narrateur - on devine qu'il s'agit de l'auteur lui-même - part à la découverte de toutes les cabanes de la terre.
Un voyage initiatique depuis les songe d'enfance jusqu'à leur accomplissement.
Grand connaisseur de la philosophie zen et de la Chine, Antoine Marcel, outre le Traité de la cabane solitaire, a publié aux éditions Arléa, en 2002, Carnet chinois.
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