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Le Calice Vide. l'Imaginaire Catholique Dans la Litterature Decadente Anglaise - Couverture souple

 
9782878545135: Le Calice Vide. l'Imaginaire Catholique Dans la Litterature Decadente Anglaise
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Extrait :
Extrait de l'introduction

Chasubles brodées d'or et surplis en dentelle, nuages d'encens, acolytes au visage d'Adonis, ostensoirs, calices et ciboires ornés de pierres précieuses, génuflexions, tintements de clochette, pompe de la musique sacrée et autres fastes romains... Cette mise en avant du rituel, caractéristique des représentations du catholicisme dans la littérature anglaise, est particulièrement présente chez les écrivains de la fin du XIXe siècle, que fascinait la liturgie de l'Église catholique. À la fin de l'ère victorienne, en effet, se développe dans les milieux artistiques et littéraires une véritable mode catholique. «Multitudes in every generation have felt at least the aesthetic charm of the rites of the Catholic Church», écrit Walter Pater dans son essai sur Pascal. Cela est particulièrement vrai pour la génération fin de siècle. La période abonde en textes catholicisants, où se fait jour une vision esthétisée du catholicisme, et la dernière décennie du XIXe siècle (les Yellow Nineties) compte sans doute plus de convertis au catholicisme que toute autre période dans l'histoire de la littérature anglaise. On peut citer en particulier Frederick Rolfe (1860-1913, aussi connu sous le nom de «Baron Corvo», auteur de romans, de nouvelles et de poèmes, converti en 1886), les poètes John Gray (1866-1934, converti en 1890, ordonné prêtre en 1901), Lionel Johnson (1867-1902, converti en 1891), et Ernest Dowson (1867-1900, converti en 1891), Pearl Mary Teresa Craigie (1867-1906, romancière sous le pseudonyme «John Oliver Hobbes», convertie en 1892), Robert Ross (1869-1918, ami d'Oscar Wilde, critique d'art et essayiste, converti en 1894), André Raffalovich (1864-1934, ami de John Gray et d'Aubrey Beardsley, poète mineur et théoricien de l'homosexualité, converti en 1896), Aubrey Beardsley (1872-1898, converti en 1897), Henry Harland (1861-1905, directeur de la revue décadente The Yellow Book, converti en 1898), Oscar Wilde (1856-1900, qui reçut les sacrements de l'Église au moment de sa mort en 1900), Katharine Bradley (1846-1914) et Edith Cooper (1862-1913), poétesses qui écrivaient sous le pseudonyme commun de «Michael Field» (converties en 1907), et Lord Alfred Douglas (1870-1945, l'amant de Wilde, converti en 1911). Ce mouvement n'est pas exclusivement anglais. En France, la période est aussi celle des grandes conversions littéraires, notamment celles de Léon Bloy (1871), Paul Verlaine (1874-1875), Paul Claudel (1886), J.-K. Huysmans (1892), Francis Jammes (1905), et Charles Péguy (1908).
Cet intérêt pour le catholicisme dépasse néanmoins largement le cénacle des convertis. On peut trouver de nombreux textes d'inspiration catholique chez des écrivains protestants, agnostiques ou incroyants tels que Walter Pater (1839-1894), George Moore (1852-1935), auteur de deux romans racontant la conversion et l'entrée dans les ordres d'une diva wagnérienne, Evelyn Innes (1898) et Sister Teresa (1901), Violet Paget (1856-1935) qui écrivit des contes, des essais et des poèmes sous le pseudonyme «Vernon Lee», Arthur Symons (1865-1945), figure essentielle du mouvement décadent, poète et critique (il est l'auteur de The Décadent Movement in Literature, 1900), et Théodore Wratislaw (1871-1933), qui publia trois recueils de poèmes dans les années 1890.

l peut sembler paradoxal qu'esthètes et décadents, qui prétendaient libérer l'art de sa fonction morale et religieuse, aient été si prompts à embrasser l'imaginaire catholique, dans leur oeuvre sinon dans leur vie. En réalité, le catholicisme littéraire de la fin de siècle, loin d'être une réaction contre l'esprit décadent, un retour à l'ordre et à la morale, est au contraire une exacerbation de cet esprit et intègre en son sein nombre de topoi fin de siècle. Les auteurs fin de siècle empruntent au catholicisme moins des dogmes, une philosophie ou une morale, que des symboles, des éléments de décor, des effets de pittoresque. Si le dilemme rencontré chez les postromantiques, symbolistes et décadents français et anglais qui connurent la tentation du catholicisme (et pour certains y succombèrent) se pose parfois comme un choix métaphysique et irréversible entre le Christ et le désespoir («la bouche d'un pistolet ou les pieds de la croix», selon le fameux commentaire de Jules Barbey d'Aurevilly, lui-même catholique, au sujet de A' rebours de J.-K. Huysmans, roman décadent s'il en est), on n'échappe pas à une sorte de légèreté, de pose, voire d'ironie dans le traitement des thèmes religieux. (...)
Présentation de l'éditeur :
À la fin du XIXe siècle, une véritable «mode» catholique se développe dans les milieux littéraires londoniens, et nombreux sont les écrivains de la période qui puisent dans les traditions de l'Église romaine comme dans un réservoir d'images et de mythes. Cet ouvrage se penche sur les représentations du catholicisme dans la littérature décadente anglaise, pour montrer le jeu d'influences qui conduit de Walter Pater aux poètes «uraniens» du début du XXe siècle, en passant par Aubrey Beardsley, Ernest Dowson, Lionel Johnson, George Moore, Frederick Rolfe, Arthur Symons et Oscar Wilde. Il se propose de mettre en lumière, à partir d'un corpus vaste et divers (poèmes, romans, nouvelles, pièces de théâtre, pamphlets, revues, oeuvres collectives, pastiches), les implications idéologiques, culturelles et esthétiques de cet imaginaire catholique, marqué tout autant par les controverses religieuses de l'époque que par les idées du Mouvement esthétique. Face au spectre fin de siècle d'une langue qui s'épuise, le catholicisme se fait écriture, offrant le vaste palimpseste de son histoire, de ses légendes et de ses textes liturgiques, que ces auteurs sont prompts à s'approprier, sur le mode sérieux de la traduction, de la citation et de l'allusion, ou sur le mode irrévérencieux de la parodie. Pour les décadents, particulièrement sensibles au rôle prépondérant de l'image, du geste et du symbole dans la liturgie, la foi et le culte de la beauté se rejoignent dans un catholicisme fantasmé, où le pittoresque et l'exotisme l'emportent souvent sur l'authenticité. Le rite, considéré avant tout pour ses qualités esthétiques, y devient l'élément central d'une religion sensuelle et poétique qui substitue l'art à la transcendance.

Ancienne élève de l'École Normale Supérieure et agrégée d'anglais, Claire Masurel-Murray est maître de conférences à l'Université Paris Sorbonne (Paris IV), où elle enseigne la littérature des îles britanniques.

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  • ÉditeurPresses Sorbonne Nouvelle
  • Date d'édition2011
  • ISBN 10 2878545133
  • ISBN 13 9782878545135
  • ReliureBroché
  • Nombre de pages278

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