Revue de presse :
Plus de quatre ans ont passé entre la parution d'Une pièce montée,premier roman de Blandine Le Callet, et La ballade de Lila K,sa deuxième fiction. L'humour grinçant et la fantaisie bourgeoise de l'un ont fait place à une histoire beaucoup plus grave, située dans un futur proche. Mais l'obsession de l'enfance, la pesanteur du cercle familial et ses blessures secrètes sont toujours au coeur de ses récits...
Le monde que Blandine Le Callet nous décrit est celui de la surveillance permanente, des caméras omniprésentes, pour faire plier les individus, assouplir les caractères et les empêcher de sortir du rang. Même les animaux sont robotisés et le monde est découpé en zones. Blade Runner et Matrix ne sont pas loin, mais on devine qu'il y a toujours des failles dans la matrice...
Le deuxième livre est toujours plus difficile à écrire que le premier", lui répétait son éditeur Jean-Marc Roberts. Avec La ballade de Lila K,Blandine Le Callet a fait mentir la légende et réussit une oeuvre sur l'amour filial et le pardon, sans larmes ni violon. (Christine Ferniot - Lire, septembre 2010)
C'est avec Pièce montée (Stock, 2006), une comédie familiale grinçante, récemment adaptée au cinéma par Denys Granier-Deferre, que l'on a découvert Blandine Le Callet. Quatre ans après ce premier roman qui lui valut un joli succès, la romancière change - non sans risque - radicalement de registre pour nous entraîner dans une ballade faussement douce, où le trouble le dispute à l'effroi. Un trouble d'autant plus grand que Blandine Le Callet l'instille par petites touches fines, tout au long de la confession de Lila, sa narratrice...
Au miroir de nos peurs et de nos excès, Blandine Le Callet a su, sans jamais forcer le trait - c'est là l'une de ses grandes forces -, bâtir plus qu'un récit d'apprentissage aux allures orweliennes, un roman émouvant sur la force du lien et du pardon. (Christine Rousseau - Le Monde du 30 septembre 2010)
Blandine Le Callet, dans ce roman admirablement construit, fait le tour de nos peurs, de nos angoisses et de nos névroses. Elle parvient à maintenir chez le lecteur, jusqu'à la dernière page, le désir d'avoir le fin mot de cette troublante histoire. (Dominique Guiou - Le Figaro du 14 octobre 2010)
Ainsi décrit, ce livre semble coller à la trame classique des dystopies, où les dysfonctions d'un monde sont relevées par le regard et le sort de héros rebelles, comme chez Bradbury (Fahrenheit 451), Orwell (1984), Silverberg (Les Monades urbaines)... Le livre de Blandine Le Callet s'en distingue finement en donnant la primauté aux personnages - Lila K, bien sûr, mais aussi ce «vous» avec qui l'héroïne connaîtra l'amour. Certes, la romancière révèle ce qui nous attend quand nos sociétés auront poussé jusqu'à leur terme les principes de précaution et le goût de la sécurité. Mais, plus que la fable futuriste vantée en quatrième de couverture, son livre apparaît comme un mausolée : celui d'une emmurée vivante. Ou une Ballade comme celle qu'Oscar Wilde écrivit dans sa geôle de Reading. Dédiée à cette Lila K, victime ordinaire du futur, que l'auteur a décelée entre les lignes du présent. (Alexis Brocas - le Magazine Littéraire, janvier 2011)
Avec La Ballade de Lila K, Blandine Le Callet imagine une capitale digne d'Orwell. Glaçant à souhait. Réfractaires au roman d'anticipation, surtout ne fuyez pas ! Car, à l'instar de son aimable titre, La Ballade de Lila K vous entraîne, certes, dans un sombre futur, mais pas à pas, et avec douceur. C'est la maîtrise de la narration qui frappe avant tout chez Blandine Le Callet, cet étonnant art de la progression de la part d'un auteur quasi novice...
Lila retrouvera-t-elle sa mère, dont elle a volé le dossier au 120e étage de la Grande Bibliothèque, où elle passe ses journées à scanner, gantée, les ouvrages mis au ban ? Réponse dans les dernières pages de cette fiction surréaliste, qui dénonce, avec brio et légèreté, les excès du tout-sécuritaire. (Marianne Payot - L'Express, septembre 2010)
Extrait :
Le Centre
Quand je suis arrivée dans le Centre, je n'étais ni bien grande, ni bien grosse, ni en très bon état. Ils ont tout de suite cherché à me faire manger. Me faire manger, c'était leur obsession, mais c'était trop infect. Chaque fois qu'ils essayaient, je détournais la tête en serrant les mâchoires. Lorsqu'ils parvenaient malgré tout à me glisser une cuillerée dans la bouche, je la recrachais aussitôt. Plusieurs fois j'ai vomi, de la bile et du sang. C'est écrit dans le rapport.
Finalement, ils m'ont attachée sur mon lit, puis ils m'ont enfoncé une sonde dans le nez, et m'ont nourrie par là. On ne peut pas dire que c'était confortable, mais enfin, c'était mieux qu'avaler leurs immondices.
Je ne supportais pas le moindre contact. C'est écrit en page treize : Hurle dès qu'on la touche. Juste après : Sédation. Sédation, ça veut dire injections d'anxiolytiques, sangles, et musique douce pour enrober le tout d'un peu d'humanité.
Voilà comment ils sont parvenus à me faire tenir tranquille et à me trimbaler de service en service afin d'effectuer leurs batteries d'examens : ils m'ont palpée, auscultée, mesurée, pliée dans tous les sens. Ils m'ont planté des aiguilles dans le corps, ont branché sur moi des machines. Ils m'ont photographiée, aussi. Je pleurais sous les flashes. Alors ils m'ont donné des lunettes noires qui tenaient avec des élastiques, et je n'ai plus rien dit.
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