Le cycle des Contr�es, Tome 2 : Le Veilleur du Jour - Couverture souple

Abeille, Jacques

3,84

19 �valuations de Goodreads

9782846790536: Le cycle des Contr�es, Tome 2 : Le Veilleur du Jour

Couverture souple

ISBN 10 : 2846790531 ISBN 13 : 9782846790536

Editeur : Ginkgo, 2007

Afficher les exemplaires de cette �dition ISBN

636 pages augment�es de quelques illustraetions hors texte - Couverture contrepli�e. Bon �tat Couv. convenable Int�rieur frais In-8 Carr� Broch� ILLUSTRATIONS DE MICHEL GUERARD.

Les informations fournies dans la section � Synopsis � peuvent faire r�f�rence � une autre �dition de ce titre.

Extrait :

Sur toute la contr�e, depuis les rebords amers du plateau dont les flancs se craquelaient de combes o� les torrents menaient sans rel�che leur tapage jusqu'aux mornes pentes des Hautes Brandes dont les sentes s'en�gon�aient sous des arceaux d'aub�pines tass�es comme des fous rires et, entre les deux, bien s�r, sous les denses nu�es de la for�t qui �tirait ses membres gourds au vent soudain ti�di, sur toute la contr�e, en tout lieu et tout asile et m�me sur l'onde sans remords, cette odeur verte comme une femme. Et, quand le vent se suspen�dait, le go�t sauvage du silence. Jour apr�s jour, de chemin en chemin selon des pentes capricieuses qu'il ne choisissait jamais, il devait arracher douloureusement chacun de ses pas � ces enchantements, comme si, sans le savoir, il e�t pouss� devant lui une naissance sourde. Alors il souffrait peut-�tre, mais les charmes se dispers�rent dans les collines et, lorsqu'il eut atteint la grande plaine des vignes, hallucin� dans l'incessant �ventail de leurs rangs, il connut l'angoisse de ne plus rien sentir qui m�rit�t d'�tre aim� et n'aspira plus qu'� mettre enfin le pied sur la route qui entrait dans Terr�bre.
Terr�bre. Ce nom couvrait un empire et c'�tait celui d'une ville. Aucun �tre humain, dans cet immense espace que r�glait une administration pullulante, ne pouvait l'ignorer. A cause de ce nom qui s'imprimait au bandeau de tant de frontons, � l'entr�e de tant de villes sur les bornes desquelles il dominait le nom local et de tant de temples comme si toute cons�cration ne se pouvait tenir que de lui, au sommet des gazettes dont le titre ne venait que plus bas et sur les murs en d�pit de leur l�pre officialisant le moindre placard, il s'�tait attendu � voir surgir la ville d'un bloc au-dessus de la campagne, ordonn�e et dressant, comme les lettres de son nom, ses formes aust�res contre un ciel vierge. La confusion extr�me - voil� ce qui lui fit conna�tre premi�rement, dans une grande d�convenue, qu'il �tait aux abords de la ville. Il fallut m�me quelque temps pour que se dissipassent les illusions de son esprit o� chaque chose per�ue gravait une trace ind�l�bile - mais qui ne se laissait d�chiffrer que fort mal et toujours tardivement, comme s'il �tait hant� par un oubli vigilant; un temps incertain et � jamais perdu pendant lequel il avait d� s'engager dans la ville sans savoir, en sorte qu'il ne la per�ut d'abord que comme un pi�ge cauteleusement ourdi et auquel il n'y avait jamais eu de commencement.
Il �tait venu � pied, marchant sans h�te le long des chemins d�serts, couchant sur la terre poudreuse des appentis abandonn�s, dans le foin craquant des granges rares et sous le porche des temples �cart�s et vides dans un bosquet de ch�nes ou de c�dres, mangeant ce qu'on lui donnait ou les fruits de menus larcins quand les paysans �taient avares. Il avait descendu les pentes selon les caprices des cours d'eau o� il se baignait au cr�puscule, attentif aux tremblants d�bats des oiseaux. Contre son ventre, dans une double ceinture de peau de serpent dont la boucle s'ajustait sur ses reins, il tenait serr�es quelques lourdes pi�ces, comme on n'en voyait plus gu�re s'�changer, et trois billets ternis d'avoir peu circul�. Ce n'est qu'en abordant la route qu'il avait d� puiser dans cette r�serve.
Peut-�tre, � des dizaines de lieues d'elle-m�me et ignorante en son centre de ses ramifications extr�mes, peut-�tre la ville avait-elle commenc� alors, au bord de cette route, droite et pure comme la promesse d'un lointain longtemps esp�r� et qui dissipait toute nostalgie dans la joie du retour. En ses abords, tout ce qui ne se fondait pas dans l'axe selon lequel elle orientait le pays entier ne pouvait �tre qu'exil. Et tout allait � la route aussi naturellement que si par elle �tait f�cond�e toute chose, comme si l� seulement le mot de richesse rencontrait la r�alit� qu'il visait. L� aussi cessait tout chemin.

Biographie de l'auteur :

Jacques AbeilleN� en 1942, orphelin en 1944, recueilli par un oncle haut fonctionnaire dont il suit les p�r�grinations � travers la France jusqu'� l'�t� 1959, o� il d�barque � Bordeaux venant de Guadeloupe. D�couvre le surr�alisme et intervient dans la revue La Br�che. Fr�quente le peintre �rotique Pierre Molinier. Membre du groupe surr�aliste bordelais Parapluycha. �tudes sup�rieures de psychologie, philosophie et litt�rature; puis professeur agr�g� d'arts plastiques. P�re de trois enfants. (La Nouvelle Revue moderne).

Les informations fournies dans la section � A propos du livre � peuvent faire r�f�rence � une autre �dition de ce titre.