Présentation de l'éditeur :
La médecine a depuis toujours disposé d'une large reconnaissance sur le plan social. Dès la première consultation, la relation du malade et du médecin est déterminée par les attentes et les comportements de chacun, par leurs statuts respectifs.
Le malade est un sujet passif, dépendant du corps médical. Il bénéficie d'un droit inconditionnel à l'aide, ce sur quoi il s'appuie pour demander implicitement à son médecin de le guérir. Cette demande se base sur une image idéalisée du praticien que le malade porte en lui. Le patient, en position de sujet ignorant face au discours médical, se soumet implicitement à son thérapeute, en qui il place toutes ses espérances. Par sa position, le thérapeute cherche à maintenir le pouvoir - imaginaire et/ou réel -qui lui est offert, et fait bénéficier le patient de son savoir-faire. L'apparition du SIDA remet en question cette relation médecin-malade, de par son incurabilité et sa complexité, échappant aux compétences médicales. L'impact de cette maladie bouleverse la relation soignant-soigné en imposant au médecin un non-savoir, allié à une impuissance thérapeutique. Il est alors important de déterminer tout d'abord le vécu du malade qui, face à une dégradation physique croissante, se voit contraint à de nombreux et douloureux deuils - même si les trithérapies ont un peu changé la donne - et il est également nécessaire de s'intéresser au médecin, qui ne peut désormais plus aspirer à ses idéaux d'omnipotence et d'omniscience.
Cet ouvrage éclaire ces divers points, au travers d'entretiens réalisés avec des soignants et des soignés, en s'appuyant sur un certain nombre de cas concrets. Il permettra d'aborder de manière plus sereine cette terrible maladie.
Alexandra Olivero - Dr Jérôme Palazzolo
Spécialisée en thérapie systémique et en psychanalyse, Alexandra Olivero est psychologue in clinicienne au centre hospitalier Sainte-Marie de Nice.
Ancien chef de clinique, Jérôme Palazzolo est psychiatre libéral à Nice, chargé de cours à l'université de Nice - Sophia Antipolis et professeur de socio-anthropologie de la santé à l'université internationale Senghor d'Alexandrie (Egypte). Spécialisé en psychopharmacologie et en thérapie cognitivocomportementale, il est l'auteur de nombreux articles de référence ainsi que de plusieurs ouvrages traitant des diverses pratiques psychiatriques.
Extrait :
Extrait de l'introduction :
La médecine a depuis toujours disposé d'une large reconnaissance sur le plan social. Dès la première consultation, l'entrée en relation du malade et du médecin se trouve marquée par les attentes et les comportements spécifiques des deux protagonistes, dynamique déterminée par leurs statuts respectifs. Parsons (1995) décrit le couple soignant-soigné comme se reconnaissant réciproquement des droits et des obligations, «selon des rôles socialement définis». Ainsi, le socius véhicule une représentation précise de la relation type qui doit s'instaurer entre un patient et son thérapeute.
Le sujet souffrant vient consulter le praticien en lui offrant ses symptômes, ses maux. Il attend en contrepartie que ce dernier procède à une pratique médicale obéissant au schéma thérapeutique décrit par Israël (1968), à savoir une énumération des symptômes qui permet l'établissement d'un diagnostic, avec pour objectif la mise en place d'une intervention thérapeutique, d'une prescription se voulant efficace.
Le malade est un sujet passif, dépendant du corps médical. Il bénéficie d'un droit inconditionnel à l'aide, ce sur quoi il s'appuie pour demander implicitement à son médecin de le guérir. Cette demande véhicule en fait une image idéalisée du praticien, image que le malade porte en lui. Le patient, en position de sujet ignorant face au discours médical, se soumet implicitement à son thérapeute, en qui il place toutes ses espérances.
Le médecin dispose donc d'un statut omnipotent et omniscient, le distinguant des autres individus, comme l'illustre son titre de «Docteur». Il jouit d'une compétence technique et d'un savoir incontestables, en tant que représentant de la médecine.
Les informations fournies dans la section « A propos du livre » peuvent faire référence à une autre édition de ce titre.