Extrait :
Merci pour ton appel, Hiru, il a été mon premier coup de fil !
Hier soir vers minuit, je me suis aperçu que la NTT avait branché ma ligne, j'ai bondi sur le mode d'emploi en japonais de mon téléphone-répondeur-télécopieur entièrement automatique, il m'a tout de même fallu quatre bonnes heures pour le déchiffrer ! Il semble pourtant que j'aie fini par comprendre l'essentiel : tiens, je t'envoie ce fax en appuyant sur un seul bouton, celui de ton tel et fax programmés ! (...)
Extrait de fax à Hiru, mardi 30 mars 1993
18H20. Je retrouve enfin Neko chan, avec 20 minutes de retard (gare de Shinjuku, sortie sud impossible à trouver, vrai labyrinthe !).
Neko m'emmène au Poo, petit bar encore vide à cette heure. Un couple viendra s'installer un peu plus tard à la table voisine pour lire des manga.
Neko est venue seule.
Elle est attentive, souriante, on discute jusqu'à 23h00, avec par moments quelques difficultés de compréhension (beaucoup de mots que je ne comprends pas)...
Elle me montre son book (elle revient d'une audition).
Photos superbes, et une série en kimono.
À noter : comme à la soirée chez Hiru, Neko a toujours ses lunettes rondes fixées au dessus du front.
Elle demande si je suis marié, puis pourquoi je ne le suis pas (question récurrente au Japon).
Je me rends compte que je suis sinistre et qu'elle s'ennuie.
J'ai la peau rouge, allergie au savon, ou alors j'ai trop frotté.
Neko est persuadée que c'est l'excès d'alcool.
On se sépare à Shinjuku sur le quai de la JR Line, façon française : je lui fais la bise.
Présentation de l'éditeur :
«Après quinze années d'un séjour quasi ininterrompu, je suis au Japon sans y avoir rien vu.
Je ne me suis jamais offert les services d'une geisha et n'ai croisé aucun samouraï, je n'ai pas assisté à la parade du mariage princier et l'extrême droite nippone a négligé de m'insulter, je n'ai pas visité le temple d'or de Kyôto et ne me suis pas plus approché des cerfs de Nara, je n'ai passé aucune nuit dans un hôtel capsule ni aperçu un seul pousseur dans le métro de Tôkyô. Mais il y a pire, l'incompréhensible, l'inexcusable négligence, j'ose à peine l'avouer : je suis au Japon sans avoir vu le Mont Fuji !
Que vont penser mes anciens amis de Nancy, eux qui parvenaient, chaque été et avec quel brio, à visiter toutes les choses indispensables d'un pays, en un mot à le "faire" ?
Ainsi Michel qui, en juillet 1987, avait fait la Thaïlande, ou ce vieux Roger, à qui il n'avait pas fallu plus de trois semaines pour faire la Chine !
Voilà bien un souvenir, celui de mes chers amis, qui m'invite à l'humilité, peut-être au regret : non, décidément, je n'ai pas fait le Japon.»
Frédéric Boilet
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