Pétersbourg impérial: Nicolas II, la ville, les arts - Couverture souple

Bérard, Ewa

Couverture souple

ISBN 10 : 2701162912 ISBN 13 : 9782701162911

Editeur : BELIN, 2012

Synopsis

Au début du XVIIIe siècle, Pierre le Grand fait surgir au bord de la Baltique, loin de la vieille et sainte Moscou, une nouvelle capitale, qui ouvre la Russie sur l'Europe. Désormais, l'œuvre du tsar-réformateur va se confondre avec le mythe de Saint-Pétersbourg, ville du blasphème pour les uns, ville des Lumières pour les autres. Mais pourquoi donc le fantôme du Fondateur revient-il hanter l'aube du XXe siècle, défiant la modernité naissante ? « Nous vivions au milieu d'un immense pays comme sur une île déserte », écrira un témoin. Secoué par la révolution de 1905, Pétersbourg saura-t-il résister à la levée de la Russie paysanne ? Rebaptisée Petrograd en août 1914, arrachée de son ancrage européen, abandonnée par le souverain, la capitale de Pierre verra-t-elle s'éteindre son glorieux destin ? Ewa Bérard explore les rapports entre Nicolas II et la ville, entre la jeune bourgeoisie et les arts, entre le mythe et la modernisation urbaine. C'est dans les rues de Saint-Pétersbourg et sur les quais de la Neva que s'écrit l'histoire de la fin de l'Ancien Régime.

A propos du livre

Extrait :

Extrait de l'introduction

Pour qui souhaite évoquer le Saint-Pétersbourg impérial des premières années du XXe siècle, des images se présentent facilement à l'esprit : Nicolas II et Alexandra Fédorovna traversant en carrosse la place du Palais, le couple impérial à l'inauguration du pont de la Trinité, l'empereur et l'impératrice déguisés pour le bal costumé du tricentenaire de la dynastie des Romanov... et bien d'autres représentations des fastes de la cour. Toutes ces illustrations, oeuvres des photographes attitrés de Leurs Majestés, ont néanmoins un point commun : tirées en noir et blanc, elles ne rendent qu'imparfaitement «l'éclat des uniformes, la somptuosité des toilettes, la richesse des livrées, la splendeur du décor» uniques parmi les cours européennes, à en croire les témoins. Or l'absence de couleurs sur ces photos ne trahit pas seulement la magnificence des cérémonies ; elle masque une information capitale, pourtant évidente au premier coup d'oeil pour les contemporains. Il s'agit de rares manifestations auxquelles assistaient en même temps les représentants de l'autocratie et des ordres urbains. Là, le contraste est impressionnant. Chez les uns, un débordement de luxe, une débauche de couleurs, des uniformes chamarrés d'or et d'argent cliquetant de médailles ; chez les roturiers, tout est terne, ce ne sont que redingotes et vestes sombres et ingrates.
Ce contraste illustre en raccourci le propos central de ce livre, à savoir la difficile cohabitation de la cour, de la bureaucratie impériale et des forces urbaines sur la scène de la capitale - la plus grande et la plus moderne des villes russes, ou tout au moins censée l'être.
Entre les deux cérémonies mémorables du règne de Nicolas II où ces couches urbaines sont apparues aux côtés de la cour, respectivement en 1903 et 1906, leur visage a changé. C'est que, entre-temps, une révolution bourgeoise a bouleversé l'empire. En mai 1903, dans le cortège qui avait traversé la ville à l'occasion du bicentenaire de Saint-Pétersbourg, les roturiers étaient représentés par les présidents des guildes marchandes et les édiles de la douma municipale. Marchands, commerçants et entrepreneurs, ils venaient à peine de s'affranchir du statut inférieur qui avait été le leur tout au long du XIXe siècle et du mépris qui l'accompagnait. En avril 1906, en revanche, lors de la cérémonie d'inauguration de la Douma d'État, les forces urbaines sont dominées par les professions libérales, récemment admises au suffrage censitaire et envoyées à la Douma majoritairement sur les listes du parti constitutionnel-démocrate (dit parti KD ou plus familièrement Cadet). Leurs habits noirs et leurs cravates blanches font maintenant tache non seulement sur le fond des uniformes d'apparat des élites bureaucratiques et militaires, mais encore sur les redingotes, les longs manteaux de bure et les bottes montantes des députés paysans.
C'est l'histoire de ce tiers état, longue en Europe de plusieurs siècles, mais concentrée en Russie sur quelques décennies, que nous souhaitons présenter ici dans sa dimension urbaine, sur la toile de fond de l'avènement de la ville moderne. L'évolution de ses représentations fonctionnelles et culturelles, l'éclosion d'une identité urbaine émancipée de l'univers rural, les stratégies déployées pour obtenir sa reconnaissance, seront au coeur de notre récit.

Biographie de l'auteur :

Ewa Bérard, chercheur associé au CNRS, a publié notamment une biographie d Ilya Eherenbourg. Elle est l auteur de nombreux travaux sur Saint-Pétersbourg et la culture russe, et a dirigé deux recueils consacrés aux villes russes et européennes.

Elle est chercheur au CNRS et à l'Ecole normale supérieure. Elle est spécialiste d'histoire et de littérature russe.

À propos de cette édition

• Éditeur: BELIN
• Date d'édition: 2012
• ISBN 10: 2701162912
• ISBN 13: 9782701162911
• Reliure: Broché
• Nombre de pages: 408