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Devenue l'épouse de l'historien Jules Michelet, Athénaïs Mialaret ne raconte pas son existence avec le grand homme, mais celle de ses premières années, avec la franchise de l'adulte sur le divan du psychanalyste. Il ne s'agit pas, à proprement parler, de Mémoires historiques dans cette relation d'une enfance passée près de Montauban autour des années 1840 (exception faite pour deux chapitres consacrés à la vie de son père qui fut secrétaire de Toussaint Louverture à Saint-Domingue), mais de la vie quotidienne d'une petite fille de quatre à quatorze ans, dans une grande maison avec pour personnages ses parents, les nourrices, les paysans, les jardiniers, les animaux, au rythme des saisons, des travaux et des jours. Le récit fourmille de détails vivants sur les relations familiales, la condition féminine, le statut des enfants, les méthodes d'éducation, les coutumes locales... II évoque avec nostalgie le paradis perdu et l'on sent bien la fillette passer de la naïveté première aux prémices de l'adolescence. Itinéraire intérieur d'une enfant mal aimée, c'est aussi un témoignage rare sur la solitude et les angoisses de l'enfance, époque que les mémorialistes passent généralement sous silence.
Naissance - Retour de la nourrice
Dans mon plus lointain souvenir, qui remonte, si je ne me trompe, à mon âge de quatre ou cinq ans, je me vois assise auprès d'une jeune dame, sérieuse, assidue au travail, et qui me surveillait de près. Sa figure, belle et sévère, imposait par des yeux pâles, d'un bleu tout particulier, qu'on voit peu dans notre Midi, le regard de ceux qui jeunes ont vu de vastes pays, les savanes ou les grands fleuves. - Cette dame, c'était ma mère, Anglaise de la Louisiane, que le mariage avait transplantée à Montauban des bords du Mississippi.
Je n'avais pas eu l'avantage d'être allaitée par elle. La panique d'un incendie lui ayant fait perdre son lait, j'avais été mise en nourrice chez une bonne paysanne des bords de l'Aveyron. Deux aînés m'avaient précédée, tous deux nés en Amérique et d'autant plus chers. Ma soeur avait six ans de plus que moi, mon frère trois. Ces jolis enfants admirés, qui paraient si bien ma mère, auraient peut-être suffi à son bonheur. Je naquis peu désirée ; on ne se pressa pas de me retirer de nourrice. J'y restai jusqu'à quatre ans, et dans ce long intervalle, deux garçons s'avisèrent de naître, eurent de mauvaises nourrices et revinrent à la maison. Elle était pleine cette maison quand on se souvint de moi et qu'on m'y fit rentrer.
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