Petit pays enclavé dans les montagnes du Caucase, voisin de l'Ingouchie, jadis pays frère dont elle partageait l'histoire et les traditions, la Tchétchénie, naguère inconnue ou ignorée, revient depuis bientôt deux décennies, périodiquement, au coeur de l'actualité. La population de ce pays s'en serait bien passée car l'actualité en question est tachée de sang et traîne dans son sillage un lourd cortège de victimes.
Pour des raisons, à n'en pas douter, géopolitiques la Russie s'obstine à garder dans son giron, cette ex-république soviétique. Or le peuple tchétchène, dans sa majorité de religion islamique, entend gérer, lui-même, ses affaires.
Cela lui a déjà valu et lui vaut encore une répression brutale de grande ampleur qui a, certes, affaibli la résistance armée mais au prix d'effroyables destructions et d'innombrables victimes civiles, y compris russes, établis de longue date dans ce pays.
La pièce d'Isabelle Fruchard, inspirée de faits réels s'attache à mettre en valeur l'effet désastreux sur le quotidien du peuple tchétchène, sa souffrance et son désespoir et l'émergence d'une forme de combat dont la finalité est mal perçue en Occident, y compris par ceux dont la sympathie était acquise et demeure toujours présente.
Voilà une pièce qui révèle un aspect de la complexité d'un monde en pleine mutation.
Née à Paris en plein choc pétrolier d'un père chef de choeur et d'une mère costumière, son enfance s'écoule entre cours de musique en famille (ses frères deviendront violoncelliste et contrebassiste et sa soeur compositrice), cours de danse et de théâtre.
Adolescente, au cours d'un voyage en Pologne, elle rencontre Jacek, un reporter de guerre qui lui fait découvrir la réalité des pays de l'est à la veille de la chute du mur. Dès lors, elle sera toujours à l'affût de ce qui se passe «de l'autre côté des murs».
Plus tard, sa rencontre avec Alain Cuny lui donne envie de plonger dans L'annonce faite à Marie de Claudel et elle rédige son mémoire de DEA sur «Claudel, Violaine et le spasme prophétique».
Puis elle se consacre à la scène. Elle crée la cie Opaline, avec laquelle elle joue plusieurs spectacles aussi bien dans la rue, les bars et les théâtres. (Contes de l'envie d'elle et du désir de lui d'Henri Gougaud, Je t'embrasse pour la vie, lettres authentiques de 14-18, Etoiles dans le ciel du matin d'Alexandre Galine).
Elle en co-écrit certains : Rêves party (création collective à partir des rêves de la nuit) et Choeur d'artichaut (spectacle musical pour quatuor vocal a capella).
Elle joue aussi sous la direction d'Antoine Campo, Mireille Paparella, Zakariya Gouram, Oleg Mokchanov, Marion Maret, Sophie Akrich et dernièrement Hélène Cinque dans Cymbeline de Shakespeare au Théâtre du Soleil.
Elle travaille étroitement avec la cie Les Aimants et Sophie Akrich, dont elle est collaboratrice artistique pour Lettres à l'humanité de José Pliya, à l'Archipel-scène nationale de Guadeloupe (spectacle dans lequel elle joue également), Terre Sainte de Mohamed Kacimi au Théâtre de la Tempête et Gare de l'est (spectacle déambulatoire sur les migrations d'Europe de l'est) créé cette année à la Cité nationale de l'histoire de l'immigration.
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Avant-propos
Tout a commencé par une photo de Stanley Greene, découverte par hasard dans une brochure intitulée Le silence tue : le portrait d'une jeune femme vêtue du maillot rayé et du treillis des combattants tchétchènes. Le visage fin et pâle, les yeux pleins de tristesse et de détermination, elle tient dans ses mains une kalachnikov. Elle m'empoigne par le col et me dit «Tiens-toi là». Elle est infirmière, elle s'appelle Asya. Je lui promets d'écrire sur elle. J'échafaude une histoire et invente une rencontre avec le reporter qui a pris la photo.
C'était trois mois après la prise d'otage du Théâtre de la Doubrovka à Moscou par un commando tchétchène. Parmi eux, il y avait six femmes. Et si Asya en avait fait partie ? Comment en serait-elle arrivée là ? Et pourquoi prendre en otage un lieu tel qu'un théâtre, avec son public, au coeur d'une représentation ? Je décide d'intégrer la prise d'otage à mon histoire et d'inventer librement à partir des faits réels : les acteurs russes joueront Hamletex. non plus Nord Ost. Et Asya deviendra kamikaze, même si d'après les quelques lignes qui parlent d'elle sous la photo, elle a péri dans un bombardement.
Je me documente au fil de lectures, projections, rencontres, je me mets au russe et découvre Plaie à vif, le livre de Stanley Greene réunissant dix années de reportage en Tchétchénie. À l'intérieur, la fameuse photo d'Asya. Sur le comptoir où Stanley s'est installé pour dédicacer le livre, un fascicule en anglais, relié à la main, intitulé Asya, portrait d'une femme combattante. Je lui dis «Vous savez, j'écris une pièce sur elle». Il me donne le fascicule, je le lis d'une traite, le souffle coupé : l'histoire qu'il raconte est la même que celle que j'ai échafaudée. Sa traductrice me dit «Il n'a qu'une idée en tête, faire venir Asya à Paris.» - Je croyais qu'elle était morte ! - Lui aussi, mais la dernière fois qu'il est allé à Grozny, on lui a dit qu'elle était toujours vivante et qu'elle avait rejoint «le clan des veuves noires» - ainsi qu'on appelle là-bas les femmes kamikazes...
Deux ans plus tard, quand j'ai donné à Stanley mon manuscrit achevé - bien qu'il ne lise pas un mot de français - il m'a dit que depuis notre dernière rencontre, il avait appris qu'Asya s'était donné la mort, contre un camion, avec une ceinture d'explosifs. En janvier 2003. Au moment même où sa photo m'avait empoignée par le col la première fois : «Tiens-toi là». Depuis, je m'étais «tenue là» près d'elle, à l'écoute de son cri, pour lui donner la parole, en guise de fusil. Parfois, j'ouvrais le livre de Stanley et je regardais ses photos. Certaines m'ont inspirée au point de faire partie intégrante de l'histoire : elles sont devenues les photos prises par le reporter de ma pièce. Oeuvres de fiction, pourtant bien réelles. C'est pourquoi j'ai fait le voeu que le portrait d'Asya apparaisse en couverture : pour que la fiction rejoigne le réel, ou vice versa, une dernière fois.
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Vendeur : Ammareal, Morangis, France
Softcover. Etat : Très bon. Ancien livre de bibliothèque. Légères traces d'usure sur la couverture. Couverture différente. Ammareal reverse jusqu'à 15% du prix net de cet article à des organisations caritatives. ENGLISH DESCRIPTION Book Condition: Used, Very good. Former library book. Slight signs of wear on the cover. Different cover. Ammareal gives back up to 15% of this item's net price to charity organizations. N° de réf. du vendeur F-072-275
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