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Et on écoutait Schubert dans la voiture. Pas tout le temps, non, des fois au contraire on écoutait cette station où ils ne passent que des chansons des années soixante-dix, qu’on connaissait tous les trois par cœur et dont on s’était fait un jeu. Il fallait trouver dès les premières mesures qui chantait, et Claire gagnait tout le temps, avec Sylvain qui lui disait quelle culture, quelle culture, en regardant la route, en jouant l’homme impressionné. Mais surtout, on écoutait Schubert.
Moi, je montais derrière, sans rien demander, parce que les gens qui sont tout seuls, ils montent derrière et ils sont déjà bien contents de ne pas passer un dimanche de plus à se dire, qu’est-ce que je vais faire aujourd’hui, bon, il ne fait pas beau, je vais me lever tard, parce que, pour ça, je m’arrangeais toujours pour me coucher à n’importe quelle heure, encore plus tard, le plus tard possible, le samedi, soûle, pour me réveiller le dimanche vers une heure, histoire d’avoir réglé son sort au matin, de pouvoir traîner longtemps avec ma fatigue devant le café, en attendant d’appeler ma mère qui me dirait comme tous les dimanches, tu viens de te lever, toi, dis, tu as fumé, la voix que ça te fait, dis donc, pour chanter, comment tu veux, si tu fumes.
Alors, oui, en poussant un peu j’abattrai bien quelques heures comme ça, avant d’aller prendre un bain, de m’y laisser jusqu’à ce qu’il soit froid, que j’aie froid, qu’il soit tard, que la journée soit foutue et que je me dise, je n’ai encore rien fait, c’est dimanche, j’ai bien le droit de ne rien foutre. Et puis, en sortant du bain, j’irai mettre de la musique et manger une pomme en regardant par la fenêtre. Ce silence, les rues, l’horodateur qui ne sert à rien et qui devient un objet bizarre, comme les marques au sol des emplacements de voitures, puisque le dimanche ils sont tous partis dieu sait où, histoire de nous laisser à quelques-uns une ville toute vidée du bruit qu’ils emmènent avec eux.
J’étais tellement contente quand le samedi j’entendais Claire qui sortait de chez elle, qui laissait sa porte ouverte et traversait le palier d’un bond, vers ma porte. J’entendais son pas sur le plancher. Et puis sa façon à elle de frapper contre ma porte, de dire Cathy, de siffler, j’ouvrais et je savais qu’elle me dirait, demain on a la voiture. Ça voulait dire : demain on va à la mer.
Et l’ombre des grands arbres ouvrait la route devant nous, quand on allait à la mer et qu’on ne disait rien, parce qu’on était bien ensemble. Seulement ça, ce souci d’être à nous, tranquilles, avec derrière nous la ville vidée du bruit, de nous. Même si ce calme, en moi, c’était autre chose que ce qu’ils croyaient, eux, Claire et Sylvain. C’était au-dessous ce petit battement qu’il fallait retenir dans mes poumons pour qu’il ne s’échappe pas dans mon souffle.
[...]
Dans la rue, un homme rôde. Il n'a pas de nom. Il est une ombre qui se rappelle ce qu'il a fait, il se rappelle la jeune fille qu'il a brutalisée. Il ne comprend pas. Il aimerait que la foule le montre du doigt, le piétine, mais il marche sans que nul ne l'accuse car nul ne le regarde. Deux voix, deux points de vue qui alternent et qui, à la fin, se rencontrent. Deux destins que Laurent Mauvignier ne juge pas. Le texte est simplement vivant. Il laisse entrevoir la complexité de l'humain lorsque c'est plutôt l'envie de mort qui le tire par les pieds. Un très beau livre. --Isabelle Magnien
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Description du livre Etat : Neuf. N° de réf. du vendeur 9782707317667
Description du livre Paperback. Etat : Brand New. 160 pages. French language. 7.09x5.35x0.55 inches. In Stock. N° de réf. du vendeur zk2707317667
Description du livre Paperback. Etat : NEUF. Parce que Claire, sa voisine, lui a raconté ce que c'est de revivre sa propre mort chaque nuit, d'entendre un souffle d'homme derrière soi et de sentir sur son corps son odeur à lui, des semaines après.Et parce que s'approprier l'histoire des autres c'est au moins commencer à vivre un peu, alors Catherine attend, le jour, la nuit, cet homme-là. L'homme qui marche dans la ville et rôde vers la piscine, dans les rues, parfois jusqu'à chez elle. - Nombre de page(s) : 156 p. - Poids : 0g - Langue : fre - Genre : Littérature française Romans Nouvelles Correspondance. N° de réf. du vendeur N9782707317667