Extrait :
Extrait de l'avant-propos
L'humanitaire en action
L'humanitaire, étymologiquement, vient du mot latin humanitas, qui signifie humanité, nature humaine. Il s'agit de tout ce qui est humain et qui vise le bien de l'humanité. L'humanitaire est aussi vieux que le monde. Il est de tous les temps dont il épouse les évolutions. L'humanitaire est de tous les lieux. Il ne connaît pas de frontières géographiques naturelles ou conventionnelles. L'humanitaire n'épargne personne, ni individuellement, ni collectivement. Il est pour tous et pour chacun. Il est au service de tous et de chacun. Il est un pour tous.
L'humanitaire a un objectif clair : porter secours et sauver l'homme, l'humanité, matériellement et juridiquement. Au palmarès des principaux dépositaires, apôtres et militants de cette mission universelle, figurent en première ligne les États, dans leur rôle régalien. En deuxième ligne se placent, l'ONU et les agences spécialisées, les institutions internationales, les organisations non gouvernementales ainsi que les confessions et les cultes, dans leur rôle de chargés de mission officiels, non pas seulement pour propager la doctrine de l'humanitaire, mais aussi pour se dévouer à sa cause. Pour finir, en pôle position, de l'amont jusqu'en aval, demeurent en permanence les humains eux-mêmes, dans leur statut de protagonistes.
Dans la pratique, sur le terrain des opérations, si l'objectif de l'humanitaire a le mérite de la clarté, il en est tout différemment des moyens et des stratégies auxquels recourent les intervenants pour l'atteindre.
Ainsi, définir son action, l'une des meilleures formes de son expression, sinon la meilleure, n'est-il donc pas une tâche aisée. D'autant que, indistinctement, le langage courant utilise également le terme «aide». Pour un meilleur entendement ou discernement, Jean-Marc Biquet, membre du Centre de recherche de Médecins sans Frontières-Belgique nous en donne un éclairage qui va au-delà des simples nuances sémantiques.
Bien que les deux notions ne soient pas équivalentes, beaucoup de définitions les assimilent 1' une à l'autre. En principe, l'aide humanitaire vise un ensemble de moyens mis en oeuvre. L'action humanitaire englobe plus largement l'ensemble des opérations qui conduisent à la réalisation de l'aide. L'aide renvoie quant à elle à la mise en oeuvre concrète des soins prodigués par opposition à l'action, qui sous-entend le passage par un processus décisionnel.
L'action ou l'aide humanitaire dépendrait donc du sens et du contenu que les différents acteurs de l'humanitaire voudraient lui donner, selon qu'ils sont issus des cercles nationaux, des organismes internationaux, des ordres confessionnels ou des catégories socio-professionnelles. Par ce phénomène d'appropriation, chaque promoteur de l'action humanitaire en fait un produit porteur d'un projet politique, économique, financier, social. À terme, l'action humanitaire est une réalité objective largement tributaire des transformations politiques, économiques, juridiques, sociales, culturelles et cultuelles de son milieu ambiant.
Présentation de l'éditeur :
Regard sur l'évolution de l'action humanitaire depuis la guerre du Biafra en 1967 jusqu'à nos jours, L'Afrique dans la marche de l'action humanitaire propose quelques pistes de réflexion en vue de l'édification d'un nouvel ordre humanitaire universel qui intègre équitablement les réalités africaines.
Hubert Edongo Menye fait ressortir le problème de l'inadéquation entre l'objectif de l'humanitaire et les stratégies mises en oeuvre pour l'atteindre. Luttes d'influence, pressions, procédures, contradictions et incohérences apparaissent comme autant d'obstacles à l'action humanitaire en général, et sur le continent africain en particulier. Dans un souci d'efficacité, l'auteur suggère un recadrage d'ordre structurel, une reprise en main du destin de l'humanitaire en Afrique pour que le continent ne soit pas un simple bénéficiaire mais aussi un acteur de fait et de droit. C'est là l'objet de son projet, «Le Biafra de l'Humanitaire», qui n'est pas seulement un appel au dialogue et à la réflexion sur l'avenir de l'humanitaire en Afrique mais une invitation aux pays africains à participer activement à l'action humanitaire en faveur de leurs propres populations.
Témoin des grandes crises humanitaires du continent africain, Hubert Edongo Menye, titulaire d'un doctorat en sciences de l'éducation (Université René Descartes - Paris Sorbonne) a fait une carrière de haut fonctionnaire, au sein du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés pendant presque vingt-cinq ans. L'Afrique dans la marche de l'action humanitaire témoigne de son désir de partager ses connaissances pratiques et théoriques pour développer une action humanitaire plus efficace, mieux ciblée sur le continent qui attire, en raison des crises et des catastrophes qui s'y succèdent, une grande partie de l'action humanitaire globale.
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