In the new connected global economy, two experts offer a dynamic and insightful blueprint for conducting business and reveal who today's hottest innovators are and what tomorrow's winners will need.
L'interaction de trois forces que sont la vitesse, la connectivité, et l'immatérialité révolutionne cette fin de siècle
Nous entrons dans une nouvelle ère, celle de la Logique du Flou (ndlr : en anglais Blur), où s'estompent les notions de délai, de durabilité, de frontières. La communication prime grâce à l'électronique.
La Logique du flou bouleverse les lois classiques de l'économie
Produits et services ne se différencient plus. Les vendeurs achètent, les consommateurs vendent. Toute transaction est un échange : économique, informationnel et émotionnel. Les intermédiaires disparaissent. Le marché mondial fonctionne comme une immense Bourse. Le capital matériel perd son importance, au bénéfice d'intangibles comme le savoir, l'information et l'expérience.
L'adaptation permanente devient le mot d'ordre
Il est vain de vouloir ralentir l'accélération de l'économie, ou de la codifier. Il faut en reconnaître et intégrer les nouvelles règles. Dans cette mouvance, la possibilité d'un contact continu favorisent l'apparition de liens de partenariat entre consommateurs, concurrents et fournisseurs. Pour leur satisfaction mutuelle, l'innovation est un impératif. --
Idées clés, par Business DigestQuelques informations qui m'ont été récemment rapportées semblent préfigurer un nouveau monde, irréel et proche à la fois. Bran Ferren, vice-président exécutif de la technologie créative chez Walt Disney Imagineering (2200 créatifs à temps plein), affirme qu'Internet signe le début d'une révolution aussi importante que l'apparition du langage pour l'homme ; Bill Gates ne semble pas s'y être trompé longtemps, qui investit une partie considérable des 2,4 milliards de dollars de R&D de Microsoft sur cette technologie. Au Québec, sur un an et demi, 62 % des nouveaux emplois créés sont le fait de travailleurs indépendants.
Une nouvelle révolution traverse donc l'économie. Sous l'effet conjugué de trois forces, la vitesse, la connectivité et l'immatériel, un nouveau paradigme apparaît : le «blur», ou le modèle du flou. C'est cette révolution que les auteurs, Stan Davis et Christopher Meyer, mettent en scène. Le «blur», c'est ce nouveau monde dans lequel nous allons vivre, dans lequel nous vivons déjà.
Plus qu'une simple description, cet ouvrage est une véritable exhortation à se remettre profondément en question, à changer. Les auteurs conduisent leur lecteur, et en particulier les dirigeants, à s'interroger sur tous les aspects de leur business. Qui sont leurs véritables clients ? Comment transformer leur offre ? S'il vend un produit, le chef d'entreprise devra y associer un service, et inversement. Loin de se contenter d'un simple échange économique, le vendeur doit être conscient qu'aujourd'hui, l'échange est plus riche : il véhicule de l'information et de l'émotion auxquelles les marchés financiers attribuent plus de valeur qu'aux actifs tangibles.
Des marques comme Nike ou Harley Davidson l'ont bien compris. Les auteurs insistent également sur la nécessité qu'il y a, dans un monde sans frontières, de créer des alliances, même avec ses concurrents. Fiat et peugeot le savent bien, qui se sont alliés pour fabriquer ensemble une voiture. La ressource humaine enfin, est, elle aussi, profondément touchée par cette révolution : nous sommes tous des agents économiques indépendants («free agents») et chacun de nous est responsable de son «employabilité». Connectivité et valorisation du savoir rendent plus que jamais nécessaire le travail en équipe. Ce livre nous fait aussi apparaître que, si la loyauté envers l'employeur diminue, celle envers l'équipe ou le projet est plus forte que jamais.
Si, à chaque page, l'ouvrage inspire des réflexions, il nous conduit en particulier à penser que pour s'adapter à ce nouvel environnement, l'entreprise devra d'imaginer de nouvelles façons de diriger son action, de faire admettre le changement à son personnel, et d'inventer de nouvelles formes de contrôle, dans un monde où l'intangible occupe une place prépondérante.
L'entreprise va en effet devoir être beaucoup plus créative en termes stratégiques. La vitesse régit les affaires, et il n'est plus possible d'envisager des stratégies à long terme. L'heure est au réajustement en temps réel de la stratégie, en fonction de l'évolution du marché. Quand les positions concurrentielles sont de plus en plus volatiles, la règle d'or est la capacité à s'adapter, par des moyens qu'il s'agit d'inventer.
Le thème de la valorisation de l'intangible est exploité jusqu'à ses extrêmes limites. Les auteurs développent en effet l'idée d'une titrisation de la personne. Le capital étant de moins en moins matériel, et de plus en plus intangible (expérience, connaissance, information), pourquoi ne pas laisser le marché décider de la valeur d'une personne ? Le chanteur David Bowie aura été un pionnier en émettant des valeurs sur ses recettes futures. C'est sur ce point-là que la critique peut trouver à s'exercer : ce raisonnement n'est-il pas un peu provocateur, et pour le moins élitiste ? N'est-ce pas abuser du modèle des marchés financiers ? Cependant, on ne peut qu'être séduit par une vision responsabilisante du professionnel dans ce champ économique, un professionnel indépendant, qui valorise au mieux son potentiel et évolue sans cesse.
Le «blur» est devenu une réalité. L'ouvrage de Stan Davis et Christopher Meyer nous en dresse brillamment la philosophie. À nous d'adapter le mode d'emploi. -- Patrick Flochel -- -- Business Digest