Extrait:
Introduction
Le véritable titre de ce recueil aurait dû être son sous-titre : «Écrits occasionnels». Seul le souci de mon éditeur qu'un titre si pompeusement modeste pût ne pas attirer l'attention du lecteur, tandis que celui du premier essai présente quelque motif de curiosité, a fait pencher pour le choix final.
Qu'est-ce qu'un écrit occasionnel et quelles sont ses vertus ? En général, l'auteur ne pensait pas avoir à s'occuper d'un sujet donné, mais il y a été poussé par l'invitation à une série de causeries ou essais à thème. L'idée a stimulé l'auteur et l'a amené à réfléchir sur un point qu'il aurait sinon négligé - et souvent, un sujet reçu par commande extérieure se révèle plus fécond qu'un autre né de quelque lubie personnelle.
Autre vertu de l'écrit occasionnel : il n'engage pas à l'originalité à tout prix, mais il vise plutôt à amuser tant celui qui parle que celui qui écoute. En somme, l'écrit occasionnel est un exercice rhétorique en baroque, comme quand Roxane imposait à Christian (et par l'intermédiaire de Cyrano) des défis du type «parlez-moi d'amour».
Au bas de chaque texte (tous de la dernière décennie), je stipule à la fois la date et le cadre du discours. Mais pour souligner leur occasionnalité, je rappelle que Absolu et relatif et La flamme est belle ont été prononcés lors des soirées du festival culturel de Milan, La Milanesiana, qui sont précisément des événements à thème. Si cela a été une occasion intéressante de parler de l'absolu à une époque où éclatait la polémique sur le relativisme, celle du feu a été une belle expérience car je n'aurais jamais imaginé devoir m'entretenir (à chaud) sur ce sujet.
Les embryons hors du paradis est la transcription d'une conférence tenue en 2008 à Bologne lors d'un congrès sur l'éthique de la recherche, puis publiée dans les actes (Francesco Galofaro éd., Etica della ricerca medica e identità culturale europea, Bologne, CLUEB, 2009).
Les réflexions sur la poétique de l'excès chez Hugo synthétisent trois interventions différentes, écrites et orales, tandis que le divertissement sur les astronomies imaginaires avait été impudemment présenté, sous deux versions différentes, à deux congrès distincts, l'un d'astronomes et l'autre de géographes.
Délices fermentées a été présenté lors d'un congrès sur Piero Camporesi.
Deux écrits de ce recueil sont de véritables divertissements, publiés à deux dates différentes dans L'Almanach du bibliophile. Ils avaient été inspirés par les thèmes de ces almanachs, à savoir «Divagations sentimentales sur les lectures des vertes années» pour Je suis Edmond Dantès ! et «Critiques en retard» pour Il ne nous manquait plus Ulysse. L'Almanach du bibliophile 2011 a publié Pourquoi l'île n'est jamais trouvée, mais ce texte reprend une communication présentée lors d'un congrès sur les îles tenu à Caloforte en 2010.
Réflexions sur WikiLeaks est la réélaboration de deux articles parus l'un dans Libération (le 2 décembre 2010) et l'autre dans L'Espresso (le 31 décembre 2010).
Enfin, le premier texte de ce recueil, Construire l'ennemi, a été lu à l'occasion d'une des rencontres sur les classiques organisées à l'Université de Bologne par Ivano Dionigi. Ces quelque vingt feuillets semblent un peu maigres maintenant que Gian Antonio Stella a développé ce thème avec brio sur plus de trois cents pages dans Negri, froci, giudei & co. L'eterna guerra contro l'altro (Noirs, pédés, juifs & co. L'éternelle guerre contre l'autre, Milan, Rizzoli, 2009) ; mais tant pis, des ennemis, on continue à en construire.
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